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breu, et distribués pour tous les jours de la semaine, avec des antiennes, hymnes et oraisons, à l’usage des laïcs, 2 vol. in-12. Malot avait beaucoup étudié l’Écriture sainte ; mais il semble avoir suivi principalement pour guides, dans ses recherches, les appelants qu’on a nommés figuristes, et auxquels on reproche d’abuser de l’Écriture pour autoriser des conjectures arbitraires, et même des illusions. Rondet, dans son édition de la Bible d’Avignon, ayant parlé avec peu d’estime de quelques-uns de ces interprètes, et ayant supposé, avec le commun des commentateurs, que la conversion des juifs et ses suites doivent étre renvoyées à la fin du monde, et au temps de l’Antéchrist, Malot le combattit dans une Dissertation sur l’époque du rappel des juifs et sur l’heureuse révolution qu’il doit opérer dans l’Église, 1776, in-12 de 71 pages ; il y soutient que la conversion des juifs doit précéder de beaucoup les temps de l’Antéchrist. Rondet était un peu maltraité dans cette brochure ; il se défendit par une longue Dissertation, 1778, in-12 de 708 pages. Il y discutait des objets assez étrangers la question. Hulot lui répondit dans une deuxième édition, revue et augmentée, de sa Dissertation, 1779, in-12 de 311 pages, à laquelle il mit son nom ; la première édition était anonyme. L’auteur y suit les idées des appelants sur la fin du monde ; il alla plus loin encore dans un Supplément 2 : Il publia l’année suivante, et où il s’avisa de fixer l’époque du rappel des juifs à l’an 1849. Nous n’avons pas besoin de remarquer que les calculs par lesquels il prétend autoriser cette fixation sont tout à fait arbitraires. Rondet, au lieu de profiter de l’avantage que lui donnait son adversaire par de si chimériques conjectures, voulut aussi faire le prophète ; et dans un Supplément à sa Dissertation, ou Lettre ù Eusåbe, 1780, in-12 de 704 pages, il annonça que l’Antechrist serait détruit ’an 1860. C’était sans doute une chose assez plaisante que de voir les deux commentateurs aire très-bien sentir le ridicule des visions de leur antagoniste, dans le moment même où ils s’aveuglaient sur les leurs. Malot réplique par une Suite et défense de la Dissertation sur l’époque du rappel des juifs, 1782, in-12 de 206 pages ; il s’efforce d’y justifier ses supputations précédentes, et s’y déclare même pour un avènement intermédiaire de Jésus-Christ, dans lequel le Sauveur apparaîtra comme après la résurrection, sans cependant régner visiblement sur la terre. Malot prétendait échapper par là au reproche de millénarisme ; enfin il publia encore sur cette question une Lettre de Pasteur de la Dissertation sur l’époque du rappel des juifs à l’auteur des Nouvelles ecclésiastiques, 1782, in-12 de 66 pages. Cette Lettre, datée du 10 juin de cette année, est une réponse aux Nouvelles qui avaient blâmé les calculs de Malot et l’annonce d’un avènement intermédiaire. À cette Lettre le journaliste opposa deux articles assez bien faits, dans ses feuilles des 30 octobre et 6 novembre 1782 ; et là finit cette controverse. On a encore de l’abbé Malot un livre pour l’instruction de la religion sous ce titre : De la nécessité d’une foi éclairée et de ses avantages. 1785, in-16 de 238 pages. Cet auteur mourut à Paris le 21 février 1785.

P-c-t.


MALOUET (Pierre-Victor), ministre de la marine et ami de Louis XVI, naquit à Riom en 1740. « Privé de tous les avantages de la fortune (dit-il lui-même dans des Mémoires manuscrits qu’il a laissés), mon éducation a été celle d’un collége de province. » Il fut élevé par les oratoriens, et eut un moment, au sortir de l’enfance, la pensée d’entrer dans cette congrégation. Cependant ses goûts l’ayant bientôt détourné de cette carrière, il suivit un cours de droit. La poésie était alors sa passion dominante. À seize ans, il débuta par une ode sur la prise de Mahon ; elle fut suivie d’une autre, adressée au prince de Condé sur ses victoires en Allemagne : toutes deux furent imprimées dans le temps. Bientôt après il compose une tragédie et deux comédies, qu’il ne craignit pas de présenter aux comédiens français ; mais, sur les observations de Lekain, il abandonne ce genre de littérature, et partit à dix-huit ans pour le Portugal avec le titre de chancelier du consulat de Lisbonne ; il était en même temps attaché à l’ambassade du comte de Merle, qui fut bientôt rappelé. Malouet revint avec lui, et, (peu après, fut employé dans l’administration de l’armée du maréchal de Broglie.

Il courut quelque danger à la bataille de Fillinghausen. À la paix de 1763, il entra au service de la marine ; lorsqu’on tenta le malheureux essai d’une colonisation dans la Guyane, il fut envoyé à Rochefort comme inspecteur des magasins des colonies pour diriger les embarquements. Nommé sous-commissaire en 1767, il fut employé à St-Domingue ; et en 1768, il devint ordonnateur au Cap. Ce fut pendant ce voyage qu’il composa les Quatre parties du jour à la mer ; morceau de poésie qui rappelle son premier penchant. Nommé commissaire en 1769, il séjourne encore cinq ans dans cette île, et commença dès lors à réparer les matériaux des Mémoires qu’il a publiés plus tard sur l’administratíon des colonies. A son retour (1774), Madame Adélaïde le fit nommer secrétaire de ses commandements. Peu de temps après, M. de Sartine l’envoya à Cayenne, pour reconnaître les moyens d’accroître cette colonie, où il n’eut pas le temps de réaliser tout le bien qu’il avait conçu. Nommé ordonnateur, il repassa en France en 1779. La guerre s’étant déclarée dans l’intervalle, il fut pris par un corsaire, conduit en Angleterre, et bientôt remis en liberté. En arrivant à Paris, il reçut du roi les témoignages les plus flatteurs de satisfaction. En 1780, il fut envoyé à Marseille en qualité de commissaire pour la vente de l’arsenal et l’emprunt de six millions fait aux Génois. Après cette opération, il fut nommé intendant de la marine