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plus remarquable de tous n’était qu’une dissolution de sublimé corrosif. Il reconnut le premier les combinaisons de l’acide arsénique ; et l’arséniate acidule de potasse porta quelque temps le nom de sel arsenical de Macquer. Il a donné différents procédés pour préparer des médicaments antimoniaux précieux ; ses recherches sur le zinc ont prouvé que ce métal décomposait même à froid le muriate d’ammoniaque. Il a fort bien décrit les phénomènes de l’oxydation de l’étain par la chaleur avec le contact de l’air, et a constaté son irréductibilité. Il a prouvé que le plomb pouvait servir d’intermède pour séparer le fer des autres métaux auxquels le plomb peut s’unir de préférence. Il a déterminé les proportions de l’alliage de cuivre et de zinc propre à faire le meilleur laiton ; il a fait connaître l oxydation de l’argent et la facile combinaison de ce métal avec le soufre; la volatilisation de l’or exposé au foyer de la lentille ardente de l’Académie. Macquer est un des premiers chimistes qui aient examiné le platine ; mais il ne fut pas assez heureux pour le dégager des métaux auxquels il est uni; il a seulement constaté la difficulté de le fondre et son oxydabilité. En 1768 il annonça qu’il avait trouvé le moyen de dissoudre la gomme élastique (caoutchouc). Il s’occupa ensuite de la solution des matières salines dans l’alcool; et le premier, il reconnut que les sulfates ne s’y dissolvaient que difficilement, que les nitrates et les muriates s’y unissaient beaucoup mieux, et qu’en général l’alcool dissolvait d’autant plus les substances salines que leur acide y était moins adhérent. En 1752 Macquer découvrit la décoloration du bleu de Prusse par les alcalis. Il a fait une belle analyse du lait, et il a eu le courage de tenter celle des excréments. Les principaux ouvrages qu’il a publiés sont : 1° des Eléments de chimie théorique, Paris, 1741, 1749, in-12; 2° Eléments de chimie pratique, Paris, 1751, 2 vol. in-12, réimprimés en 1756, avec les Eléments de chimie théorique, 3 vol. in-12 ; 3° Dictionnaire de chimie, Paris, 1766, 2 vol. in-8o ; ibid., 1776; ibid., 1778, 2 vol. in-4o ou 4 vol. in-8o. Cet ouvrage a été traduit en anglais et en allemand. Les faits nombreux qu’il contient, l’élégance et y la clarté du style l’ont rendu très-précieux; et quoique la chimie ait changé de face depuis la publication de ce dictionnaire, il est encore très bon à consulter. 4° Macquer a rédigé la partie du Journal des savants concernant la physique, la médecine, la chirurgie, la pharmacie, la chimie, l’anatomie, l’histoire naturelle, depuis 1768 jusqu’à 1776. 5° On a de lui une quinzaine de mémoires ou d’observations importantes dans le Recueil de l’Académie des sciences, et l’Art du teinturier en soie, 1763, in-fol., dans la Collection des arts et métiers, publiée par la même société savante. Peu de temps avant de mourir, il avertit sa femme de sa fin prochaine, lui en parla avec sensibilité, lui recommanda de le faire ouvrir après sa mort, afin que la cause de sa maladie fût connue; on ne dit pas s’il a été ouvert en effet. Il succomba à ses longues douleurs le 15 février 1784, sans avoir perdu un seul instant ni sa présence d’esprit, ni sa sensibilité, ni sa douceur, ni sa tranquillité ordinaire. Voyez son Éloge par Vicq d’Azyr. C. G.

MACQUER (Philippe), compilateur estimable, frère du précédent, né à Paris en 1720, fît d’excellentes études, et, après avoir achevé ses cours, fut reçu avocat au parlement. Il se serait acquis au barreau une célébrité durable ; mais la délicatesse de sa santé l’obligea bientôt de se borner au travail de cabinet. Il publia sous le voile de l'anonyme les Abrégés chronologiques de l’histoire ecclésiastique et de l’histoire romaine, genre d’ouvrages dont le président Hénault avait donné le modèle, et qui reçurent du public un accueil favorable. Hénault jeta les yeux sur lui pour continuer l’Abrégé de l’histoire d’Espagne qu'il avait commencé; et Macquer, toujours souffrant, s’associa pour ce travail Lacombe, son ami. Forcé de renoncer à toute application, il s’en consola en communiquant le résultat de son expérience et de ses études à des jeunes gens chez lesquels il avait reconnu des talents. Il mourut d’une affection nerveuse le 27 janvier 1770. On a de lui: 1° Abrégé chronologique de l’histoire ecclésiastique, jusqu’en 1700, Paris, 1751, 2 vol. in-8o ; avec des additions, 1757. Cet ouvrage est écrit avec sagesse et modération ; mais on ne porte pas le même jugement de l’édition de 1768, revue et augmentée par l’abbé Dinouart, en 3 volumes petit in-8o; aussi a-t-elle été mise à l’index à Rome. 2° Annales romaines, Paris, 1756; la Haye, 1757, in-8o; abrégé bien fait et dans lequel l’auteur a fondu les réflexions de St-Evremond, Montesquieu, Mably, etc., sur les Romains ; 3° Abrégé chronologique de l’histoire d’Espagne et de Portugal, Paris, 1759-1765, 2 vol. in-8o. Macquer a eu part à la première édition du Dictionnaire des arts et métiers, Paris. 1766, 2 vol. in-8o ; ouvrage revu et augmenté par l’abbé Jaubert, Paris, 1773, 5 vol. in-8o, et à la traduction de la Syphilis de Fracastor, ibid., 1753, in-12 ; 1796, in-18. Bret a publié l'Eloge de Macquer dans le Nécrologe des hommes célèbres de France, t. 6, p. 197. «Pour me conformer, dit-il, à sa manière de penser, je ne nommerai aucun des ouvrages dont le public jouit et dont il jouira bientôt, auxquels il a eu une très-grande part, ou même dont il a conçu l’idée, tracé le plan et qu’il a fait exécuter sous ses yeux. Cette réticence de Bret nous prive du plaisir de compléter la liste des productions de cet écrivain, moins estimable encore par ses talents que par les qualités de son cœur. W—s.

MACRIEN (Marcus-Fulvius-Macrianus-Augustus), l’un des trente tyrans, était né, dit-on, en Égypte, de parents obscurs. Il embrassa fort jeune le parti des armes, et s’éleva par son mérite aux