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langue gaëlique ; il est un de ceux qui ont le plus contribué à soutenir, chez ses compatriotes, la culture de cet idiome parle encore dans les hautes terres (Highlands). Mackenzie débuta dans les lettres gaéliques par un recueil intitulé Sàr Obaír nam Gaëlach, ou Beautés des poêtes highlanders, dans lequel il esquisse la biographie des plus célèbres bardes écossais. Cet ouvrage, qui parut en 1841, n’a pas été achevé et l’auteur travaillait encore au 2° volume au moment de sa mort. Il contient une préface en anglais de J. Logan et renferme le tableau le plus fidèle de l’ancien bardisme, l’appréciation la plus exacte de son influence sur les nations celtiques. Mackenzie donna ensuite de nombreuses éditions d’auteurs gaéliques ; il réédita, avec de notables additions, le Dictionnaire de la prononciation gaëlique de Macalpine. En 1845 parut du même auteur : Eachdruidh à Phrionnà, ou Histoire du prince Charles Stuart, ouvrage qui obtint un grand succès en Écosse. En même temps que Mackenzie poursuivait ces publications, il coopérait activement aux travaux des sociétés fondées en vue de propager sa littérature de prédilection. Membre de la société ossianique de Glasgow, il prit une part active à la discussion soulevée dans cette ville sur l’orthographe du gaëlic, dont la fixation préoccupait alors tous les celticistes. Il appartenait à la société gaëlique de Londres, qui reçut de lui plusieurs intéressantes communications. J. Mackenzie est mort dans sa ville natale en août 1848. Il est regardé comme un des hommes qui, depuis Macpherson, ont le mieux possédé la langue des Highlanders et su le plus habilement la manier.

A. M—y.


MACKINTOSH (Jacques), orateur et publiciste anglais, naquit en Écosse, au bourg d’Alldowrie, le 24 octobre 1765. Il était d’une bonne famille du comté d’Inverness, et le clan des Mackintosh avait joui d’un certain renom du 13e siècle au 18e. Le père de notre orateur se qualifiait squire de Kellachie, et avait servi dans les guerres de la succession d’Autriche et de Sept ans. Pendant les fréquentes absences de son père, qui, après la paix de Paris (1763), habite le plus souvent Gibraltar, le jeune James fut laissé en Écosse aux soins de sa grand-mère, puis passa de l’école de Fortrose (comté de Boss) au collège royal d’Aberdeen, où il se lia d’une amitié intime avec Robert Halle, et enfin à Édimbourg. Il crut d’abord se sentir de la vocation pour la médecine, devint membre de la société médicale d’Èdimbourg, et en 1787, au bout de trois ans de séjour dans cette ville, fut reçu docteur sur la thèse De actione musculari. Il exerça même quelque temps dans le comté de Murray, à la suite à fils de Jacques Grant, puis alla passer quelques mois sur le continent, en apparence pour perfectionner son instruction scientifique. Mais dès lors il avait pris l’irrévocable résolution de quitter la carrière médicale a la première occasion favorable, et en 1789 il avait saisi l’instant où, pour la première fois, s’agita la question de la régence de George III pour lancer dans le public une brochure en faveur du prince de Galles, comme appelé à suppléer son père dans l’exercice du pouvoir ; mais le prince de Galles était whig à cette époque, et Pitt, soutenu par tous les tories, fit échouer les prétentions de l’héritier présomptif, en obtenant du parlement la déclaration de l’inutilité de la régence. Mais Mackintosh ne tarda point à prendre sa revanche avec éclat. De Leyde, où il avait suivi les cours de quelques célèbres professeurs et noué quelques relations ; de Liège, où il se rendit ensuite et où il fut témoin oculaire des différends du prince-évêque avec ses sujets, il passa en France. Mackintosh ne vit guère que les griefs des classes non privilégiées au nom desquelles s’accomplissait la révolution. C’est sous cette impression que, revenu en Angleterre (1791), il publia Ses Vindiciæ Gallica, ou Defense de la révolution française. Cet ouvrage avait pour but de répondre aux Réflexions sur la révolution française d’Edm. Burke. Si l’on se rappelle la profonde impression qu’avait produite sur l’opinion en Angleterre le brusque changement du puissant orateur, et l’idée en quelque sorte établie que personne ne saurait lui répondre, on comprendra le succès immense de l’ouvrage de Mackintosh, qui, réunissant l’éloquence, la vigueur, la largeur de vues, la logique, ne laissait aucune objection sans réplique, et souvent, du moins suivant ce parti, semblait écraser son adversaire, Les Vindiciæ furent dont reçues avec acclamation par les whigs ; il s’en débita trois éditions en six mois ; les tories même reconnurent le mérite de leur jeune antagoniste. Les Sheridan, les Grey, les Fox, les Whitbread en furent un peu jaloux. Ce succès révélait à Mackintosh la véritable nature de son talent. Se résolvant à devenir homme politique, et pour y parvenir choisissant la carrière du barreau, il renonça absolument à la médecine (1792), et eut la patience de rester trois ans sur les bancs de Lincoln’s Inn ; mais reçu avocat, il vit encore moins que tant d’autres la clientèle affluer à son cabinet : les personnages influents qui eussent pu lui rendre service à cet effet s’empressèrent de nuire au panégyriste de la révolution française. Voulant du moins utiliser ses loisirs en ouvrant un cours public de droit naturel et des gens, il se vit longtemps refuser l’autorisation nécessaire par la circonspecte magistrature du banc du roi, à laquelle on l’avait représenté comme d’autant lus dangereux qu’il était éloquent et logicien. À la fin cependant, il obtint sa demande, mais après un mémoire justificatif, par lequel il, expliquait et adoucissait ses principes et surtout ses sentiments à l’égard de la France, sans toutefois les démentir ostensiblement de tout point. Ces déclarations mitigées désarmèrent les opposants, et il fut permis à Mackintosh de convoquer des au-