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que Ginguené, et son continuateur Salfi, ont fait valoir avec habileté, on remarquerait encore que les principes de Machiavel ne seraient peut-être plus les mêmes s’il vivait aujourd’hui : ils offrent moins de danger, parce qu’ils sont impraticables. Appliqués à nos mœurs, ils deviendraient l’objet d’une animadversion et d’une dérision générales. Quant à nous, interrogeons le secrétaire florentin comme il doit être interrogé. Transportons-nous à l’époque où il vivait et dans les révolutions de malheurs et de disgrâces qui l’ont accablé. Habitons quelques instants San-Casciano, ses bois, son hôtellerie, et fréquentons le meunier, le chaufournier et Gaburra. Ne craignons pas que l’on puisse appliquer aux circonstances actuelles ceux de ses détestables principes que la misère semble l’avoir forcé d’accumuler pour plaire à un souverain puissant et prévenu ; et en nous rappelant tous ses titres à la réputation immense dont il jouit en Italie, en voyant en lui le commentateur profond d’Aristote, de Platon et de Tite-Live, le régénérateur des règles de la saine comédie, le conteur joyeux, le politique défenseur infatigable des droits de son pays, l’historien sublime, l’un des modèles de notre Montesquieu ; joignons-nous à ceux qui admirent cette belle Toscane, mère illustre d’un Dante, d’un Michel-Ange, d’un Galilée et d’un Machiavel. — l’édition la plus ample et la plus estimée de ses œuvres est celle dg 1813, Italia, (Florence, Piatti), 8 vol. in-8°, reproduite dans les éditions de Brescia, 1819, 11 vol. in-16 ; de Milan, 1820, 9 vol. in-12 ; de Florence, 1831, 1 vol. in-8° compacte à 2 colonnes. La meilleure des traductions françaises est celle de Guiraudet (et Hochet), Paris, an 7 (1799), 9 vol. in-8° (voy. Guiraudet)[1]. Celles de Gohorry, Paris, 1571, in-8° ; 1635, in-4° ; du sieur de Briencour, Rouen (Paris), 1664, 2 vol. in-12 ; de Tétard, la Haye, 1691-96, réimprimée en 1743, 6 vol. in-12, étaient fort incomplètes. Les Réflexions sur Tite-Live avaient déjà été traduites par de Menc, Paris, 1782, 2 vol. in-8°. La Vie de Castruccio Castracani avait aussi été traduite deux fois en français (voy. Casrauccio). L’abbé Sallier a lu à l’Académie des inscriptions un Examen critique de cet ouvrage (t. 7, Hist., p. 320). On a publié, en 1816, Machiavel commenté par Bonaparte, Paris, in-8°, attribué à M. A. Guillon[2].

D. M. O.


MACHIN (Jean), astronome anglais, dans le 18e siècle, a joui d’une réputation assez étendue, qu’il devait surtout à l’exactitude et à l’utilité de ses observations : il obtint par son mérite la chaire d’astronomie du collége de Gresham, et la place très-honorable de secrétaire de la société royale de Londres. On connaît de lui : les Lois du mouvement de la lune, jointes aux Principes mathématiques de la philosophie naturelle de Newton, 1729, 2 vol. in-8° ; - dans les Transactions philosophiques de 1718 (n° 358, t. 1 ), un mémoire latin sur la courbe de la plus prompte descente dans un cas donné ; - dans le volume de 1738 (p. 205), la solution d’un problème de Keppler sur le mouvement des corps dans un orbite elliptique ; et dans les registres de la société royale du 16 mars 1731, une observation sur une maladie singulière de la peau (Journal des savants, 1741, p. 696). Machin avait aussi fait des remarques sur les observations de John Clark, relatives aux oiseaux de passage ; et son manuscrit existait en 1777 dans les mains de George Allan (Nichols, Literary anecdotes, t. 8, p. 734). On trouve la Vie de ce professeur dans le recueil publié par

John Ward sous ce titre : The Lives of the professors of Gresham college, Londres, 1740,in-fol.

W-s.


MACHY. Voyez Dlnlacnv.


MACIAS, poëte et guerrier, né dans une ville d’Espagne, avait reçu de ses contemporains le surnom d’Enamorado, à cause d’une passion amoureuse qui fut la source de ses infortunes et de ses talents. Il servit avec distinction dans les guerres de Grenade, au 15e siècle ; le titre de chevalier fut la récompense de sa valeur. S’étant attaché au marquis de Vilhéna, gouverneur despotique de l’Aragon et de la Castille, il servit ce seigneur dans les affaires d'État. Une dame jeune et belle, élevée chez le marquis de Vilhéna, ui inspira un vif amour ; il la chanta. Cet amour ayant été regardé comme un crime, on le jeta, pour l’en punir, dans les cachots de Jaën, ville d’Andalousie. Il sentit amèrement l’injustice de


  1. La traduction des œuvres de Machiavel par Guiraudet (et Hochet) contient des ouvrages qui n’avaient pas encore été traduits ; mais elle est loin de comprendre tous les écrits de l’auteur italien, les poésies, les contes, les compositions dramatiques de Machiavel ne s’y trouvent point ; aussi cette traduction a-t-elle été de beaucoup surpassée par celle qu’a donnée M. J.-V. Periès, Paris, 1828-1826, 12 vol. in-8°. Cette traduction, tout à fait complète, comprend tous les morceaux littéraires, politiques et historiques, anciens et nouveaux. Enfin nous possédons une autre édition française des œuvres complètes de Machiavel, donnée par Buchon dans la collection du Panthéon littéraire, Paris, 1831, 2 vol. grand in-8°. Mais nous devons dire que Buchon s’est contenté de reproduire la traduction de Guiraudet en la corrigeant dans ce qu’elle avait d’inexact et d'imparfait, et en la complétant avec la traduction de Periès. E. D-s.
  2. Parmi les autres écrits publiés sur Machiavel, nous devons signaler :1° Machiavel, son génie et ses erreurs, par Artaud de Monter, Paris, 1883, 2 vol. grand in-8°. Dans cette histoire critique et raisonnée de la vie et des ou de Machiavel, Artaud a pour but d’absoudre Machiavel de 1’espèce de réprobation attachée à sa mémoire. 2° Machiavel juge des révolutions de notre temps, par M. Ferrari, Paris, 1849, in-8°. À « L’ouvrage de M Ferrari. À un critique, offre l’explication la plus pénétrante, la plus philosophiquement analytique qui ait été donnée de la théorie historique, politique et religieuse de Machiavel. Ce grand homme y figure dégagé des préjugés traditionnels qui ont altéré longtemps sur son compte le jugement du public ; il se présente, non plus comme un monarchiste ou un républicain, mais comme le théoricien de l’art de réussir ; on le reconnaît comme le premier en Italie qui a protesté contre le pacte de Charlemagne, réclamé l’unité de la Péninsule et tracé la marche des révolutions futures. » « Dans le chapitre intitulé la Religion de Machiavel, M. Ferrari prouve que l’auteur du Prince, tout en acceptant l’influence fatale des astres, n’a d’autre culte que celui de l’intelligence servie parla ruse et la force. Il montre également qu’en traçant pour tous les gouvernements une casuistique en partie double, en enseignant aux rois à maîtriser les peuples, aux peuples à renverser les rois, il a créé une sorte histoire prophétique, qui s’applique d’une manière rigoureuse aux événements accomplis de notre temps même. » Nous citerons enfin les Commentaires politiques et historiques sur le Traité du Prince, de Machiavel, et sur l’Anti-Machiavel des Frédéric II par M. de Bouillé, Paris, 1821, in-8°.
    È. D-s.