Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 25.djvu/616

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’alla pas à terre. Malgré les coups de vent, il arriva sans accident à Macao. Son apparition soudaine surprit beaucoup ses compatriotes. Ces détails sont contenus dans une lettre de cette ville, en date du 14 juin. Maccluer y acheta un petit bâtiment, retourna aux Peliou, embarqua sa femme et son fils né à Coroura, ainsi que plusieurs insulaires des deux sexes qui étaient ses domestiques. Après avoir dit adieu pour toujours aux Pelouans, il fit voile pour Bombay. Dans la traversée, ayant relâché à Bencoulen, sur la côte occidentale de Sumatra, il y rencontra deux vaisseaux de la compagnie des Indes. Il y fit monter plusieurs Pelouans, entre autres six femmes, et alla ensuite avec les autres au Bengale. Après un certain séjour dans ce pays, il en partit, et depuis on n’a plus entendu parler de lui ni de personne de son équipage. Lorsque l’on apprit à Bombay son départ du Bengale, et qu’après un laps de temps considérable on ne put rien découvrir sur son compte, on présuma qu’il avait péri en mer avec tous ceux qui l’accompagnaient.

Le sort des Pelouans qu’il avait envoyés à Bombay était bien triste : sans cesse ils soupiraient après leur patrie. Le gouvernement compatit à leurs peines : il avait trop d’obligations à leurs compatriotes pour ne pas les leur rendre. Un navire les ramena donc à Coroura. À son retour, le capitaine raconte que le vieux Abba-Thulle était mort ; que son successeur, Raa-Kouk, avait été tué dans une sédition. La royauté avait ensuite été disputée à Arra-Kouker par des membres de sa famille ; mais il était venu à bout des factieux, adoré de ses sujets, et toujours attaché aux Anglais. Ces particularités sur les voyages de Maccluer sont tirées d’une relation publiée en anglais, en 1803, par Hockin, et traduite en allemand dans le Recueil de voyages commencé par Forster et Sprengel, et continué par d’autres. L’auteur de cet article en a donné un extrait dans son Abrégé des voyages modernes. Maccluer était un habile hydrographe. A. Dalrymple a inséré plusieurs de ses mémoires et de ses cartes dans les recueils qu’il a publiés (voy. Dalrymple), et Horsburgh (voy. ce nom) le cite avec éloge.


MAC-CURTIN (Hugues), savant irlandais, était principalement versé dans la connaissance de la langue et de la littérature de sa patrie. Il a publié à Paris en 1732, in-&°, un dictionnaire anglais et irlandais, auquel il joignit une grammaire irlandaise, expliquée en anglais pour faciliter à ses compatriotes l’étude de cette langue, dont la plupart ignorent les principes ; l’anglais étant la seule langue enseignée dans les écoles, et employée dans les actes publics. Ce dictionnaire est le premier livre imprimé en France dans lequel on ait employé des types irlandais, qui y sont même longtemps après demeurés rares, puisque dans le Dictionnaire (Focalðir), irlandais-latin d’O’Brien, publié chez Valeyre en 1768. in-4o, on n’a fait usage que des types latins. La grammaire irlandaise de Mac-Curtin (the Elements of the irish language, grammatically explained in english), avait déjà paru à Louvain, 1728, in-8o.


MACDONALD (Jean), ingénieur anglais, naquit en 1759, à Kingsborough. Son père était un petit laird écossais, et sa mère la célèbre Flora Macdonald, si connue par la part décisive qu’elle eut à l’évasion du prince Charles-Édouard en 1746. Ce couple, toujours fidèle à la cause du jacobitisme, finit par prendre la résolution de s’expatrier en Amérique pour y réparer sa fortune délabrée, tandis que leur fils s’engageait au service de la compagnie des Indes orientales et passait dans cette contrée. Il s’y fit remarquer comme un des meilleurs officiers du génie que possédât l’armée britannique en ce pays ; et, encore assez jeune, il prit rang parmi les savants (1784, 95, 96), par une suite de belles expériences pour la détermination des pôles magnétiques et sur les variations de l’aiguille aux Indes, à Bencoulen, à Sumatra, à Ste-Hélène. Il était alors capitaine du génie au Bengale. Vers 1800, il revint en Angleterre, et y fut nommé lieutenant-colonel du régiment royal d’Alpan-Pine, et commandant de l’artillerie à Édimbourg. Devenu ensuite ingénieur en chef du fort Swedborough, il fut employé quelque temps en Islande. Sa mort eut lieu le 16 août 1831, à Exeter, où il résidait depuis une quinzaine d’années. On a de lui : Traité sur les communications par voies télégraphiques, par terre et par mer, tant civiles que militaires, Londres, 1808, in-8o. Cet ouvrage, un des plus importants qui aient été publiés sur la matière, est remarquable par le nouveau système qu’il y propose. — Dictionnaire télégraphique (Londres, 1816), qui ne contient pas moins de cent cinquante mille mots, groupes de mots ou phrases entières. Les directeurs de la compagnie des Indes orientales lui donnèrent 400 liv. st. (10 000 f.) pour la publication de ce grand travail. Les détails et les résultats de ses expériences sur les variations de l’aiguille magnétique sont consignés dans les Transactions philosophiques de la Société royale de Londres et dans le Gentleman’s Magazine, sous forme de lettres. On trouve encore de lui dans ce recueil grand nombre d’articles, les uns relatifs aux sciences physiques, tels que : Sur l’immensité de l’univers (XCV, i, 590) ; Sur les théories de la terre (XCVII, ii, 107) ; Sur l’accroissement du règne animal et du règne végétal, et sur celui du froid aux environs des nuages (XCVII, ii, 596) ; Description d’un jet d’eau remarquable près de l’île du prince Édouard (XCVI, ii, 582) ; Expériences sur le pain (XVC, ii, 120) ; les autres tenant de près à l’économie politique : De la falsification des billets de banque (LXXXVIII, ii, l’.s09) ; de la portion de la dette publique, dite dette fondée (XCI, l, 2l6) ; De la détresse des classes manufacturières et laborieuses (C, i, 106) ; quelques-uns sur des sujets divers : Sur