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gante ou plus délicate. 3. Un tableau de la Mort de St-Benoît, où le saint, debout, appuyé sur ses religieux, rend l’esprit, et dont le dernier souffle est indiqué par un trait lumineux qui se dirige vers le ciel. Ce tableau se trouve dans le cabinet de M. de L** à Paris. Il n’a été ni mentionné ni gravé. 6° Le Martyre de St-Laurent, et Jésus chez Marthe et Marie, peints pour l’église de St-Germain l’Auxerrois. Dès avant 1750, ces tableaux, qui ne le cédaient point aux plus beaux du même maître, avaient été vendus et remplacés par des copies. Le premier fut vu dans le cabinet de M. Pasquier, et ensuite dans celui de M. de Lalive ; mais on croit qu’il périt depuis par un incendie. Gérard Audran en a reproduit le caractère et l’expression. La composition du second, qui a aussi disparu, nous est conservée dans les gravures de Leclerc, de Benoit Audran, de Picart le Romain et de Drevet. 7o La Mort de Tabithe, peinte pour la chapelle de St-Pierre à St-Étienne du Mont. Elle fut, malgré le respect dû aux cendres de Lesueur, vendue par les marguilliers à un marchand de tableaux, suivant ce que rapporte Papillon de la Ferté, en 1776 ; et en effet on ne l’a pas revue depuis. Il nous en reste une gravure faite par Duflos. 8o St-Gervais et St-Protais conduits devant le consul Astase, pour sacrifier aux idoles. C’est le principal des six grands tableaux de l’histoire de leur martyre, qui décoraient la nef de l’église de St-Gervais, et dont deux furent peints, le premier en totalité par Lesueur. et le second, en partie par son beau-frère. La grandeur et la simplicité de la composition, la vérité des caractères et des attitudes, et surtout l’expression touchante des deux frères, la fermeté du plus âgé qui baisse la vue, la candeur du plus jeune qui détourne la tête, contrastant avec l’audace et la violence des licteurs, laissent à peine apercevoir quelques parties moins terminées de cette composition, l’une des plus capitales du musée du Louvre. Elle avait été gravée en forme de thèse, et M. Baquoy l’a reproduite avec beaucoup de succès. Le deuxième tableau, représentant le Martyre de St-Gervais et de St-Protais, avait été composé par Lesueur, mais la mort empêcha ce grand peintre de le terminer. Il a passé au musée de Versailles. Deux Martyres de chacun des mêmes saints ont été gravés, l’un par Picart le Romain, l’autre par Gérard Audran. Deux autres sujets semblables, peints sur les vitraux de la même église, par Perrin, sur les dessins de Lesueur, ont été conservés au musée des monuments français. Enfin, une Descente de croix, qui était dans cette église, composition remarquable par la simplicité de l’ordonnance et le caractère touchant et divers des expressions, est au musée de Paris, et a été gravée par Duflos. 9o La Confiance d’Alexandre prenant un breuvage des mains de son médecin Philippe, auquel il fait lire une lettre où on l’accuse d’avoir voulu l’empoisonner. Ce tableau de chevalet, comme le précédent, et distingué de même par la variété et la délicatesse des expressions, appartenait à la galerie d’Orléans : il a passé en Angleterre. Benoit Audran l’a gravé. 10o Sujets mythologiques. Galerie de l’hótel Lambert, composée de dix-neuf tableaux, dont sept décoraient le salon de l’Amour ; sept, le cabinet des Muses, les cinq autres avaient été peints en camaïeu dans l’Appartement des Bains. L’artiste, sage et fécond, a su, sans s’écarter de la mythologie, créer des allégories ingénieuses et toujours claires, telles que l’Amour réprimandé par sa mère et se réfugiant dans les bras de Cérès ; l’Amour dérobant le feu du ciel à Jupiler, pour venir animer la terre, etc. On a déjà parlé du Phaéton demandant à conduire le char d’Apollon, composition de la plus grande richesse, où la force et la grâce se trouvent réunies, et où, comme dans les autres ouvrages de l’auteur, toutes les parties, tous les détails concourent à l’intelligence de l’ensemble, ainsi qu’à l’expression et au développement du sujet. Elle n’a pu être terminée par Lesueur, qui fut aidé dans ce travail par son beau-frère. La marquise du Châtelet ayant acquis l’hôtel Lambert en 1759, le cabinet de l’Apollon et des Muses, dont les figures sont si agréablement disposées et d’une harmonie si douce, devint celui de Voltaire, de 1745 à 1749. M. d’Angivilliers acheta pour le roi, en 1777, les tableaux de ce cabinet et ceux du salon de l’Amour, et ils ornent aujourd’hui le musée. La galerie de l’hôtel Lambert a été gravée par Desplaces, Dupuis, Beauvais et Duchange, sous la direction de Bernard Picart, en 1 vol. in-fol. 11o Plusieurs autres tableaux et dessins, dignes de remarque, se trouvent indiqués dans l’Œuvre de Lesueur, gravé au trait et publié par Landon, Paris, 1811, en 2 vol. in-4o, comprenant cent dix pièces ; mais comme la collection, quoique nombreuse, contient seulement les pièces qu’on a pu connaître pour les graver, il faut y joindre celles qui ont été désignées dans les Voyages pittoresques, comme existantes à l’ancien cabinet du roi, à la troisième chambre de la cour des aides, dans la chapelle du président Turgot, et à l’ancien hôtel de Bouillon, parmi lesquelles il en est qui formaient des collections plus ou moins remarquables. On a attribué à Lesueur une suite de dessins, au nombre de dix-huit, lavés à l’encre de Chine, et qu’on voyait dans la salle des marguilliers à St-Étienne du Mont ; mais ils ont été reconnus pour être de La Hyre. Un des frères de Lesueur les avait seulement peints en grand pour être exécutés en tapisserie. Les dessins de Lesueur sont la plupart à la pierre noire avec un léger lavis rehaussé de blanc : les contours en sont purs, élégants, et la touche légère. Il a fait aussi des esquisses à la gouache ou à l’huile, où l’on retrouve ces airs de tête fins et gracieux, ces expressions douces et naïves, ce jet de draperies élégant et naturel, qui le font partout aisément reconnaître. Lesueur a fait lui-même son portrait, qui a été gravé par Van Schuppen en 1696, et de-