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teur du roi, et ensuite avait été nommé à la cure de St-Herbland, à Rouen. Sa réputation avait longtemps été fort grande ; son imagination facile et riche, la faculté de s’exalter en chaire à la vue de l’auditoire et par l’accent de ses propres paroles, enfin surtout la magie de son débit avaient donné le change au public sur la valeur de son talent oratoire. Il eut le malheur de se faire imprimer, et aussitôt une réaction aussi injuste que sa faveur passée ne vit plus dans ses morceaux d’éloquence, environnés jadis de tant de prestige, que des inégalités, des incorrections, des assertions sans preuves ou mal prouvées, l’absence de liaison, etc., etc. Il est certain qu’il n’y a nulle comparaison possible entre les sublimes Oraisons funèbres de Bossuet et celle de Jacques III (1765, in-12), de Marie Lecsinslsa (1768, in-4o), ainsi que l’Éloge abrégé de Louis XV (1771, in-12), qui seuls peuvent nous donner l’idée de l’éloquence de Leroy. On doit de plus à cet homme d’imagination une traduction complète en vers français du Paradis perdu. Rouen et Paris, 1775 et 1776, 2 vol. in-8o, la première que nous en ayons lue ; car Racine le fils, Voltaire, Duduit de Mézières, n’en avaient traduit que quelques morceaux, et les deux traductions complètes, l’une par Delille, l’autre par Delatour de Pernes, datent de 1805 et de 1815. Il est assez curieux de voir cette traduction dédiée par un prédicateur du roi de France à Sa Majesté Britannique Georges III. — Le dernier abbé Leroy (Nicolas), né vers 17-10, dans la campagne d’Yvois, et mort en 1824, était licencié en théologie, et avait fini par être curé de Marville, près Montmédy, dans le diocèse de Trèves, mais s’était surtout signalé par son talent poétique. On lui doit deux tragédies sacrées : Daniel dans la fosse aux lions et St-Louis prisonnier en Égypte, toutes deux en cinq actes et en vers, toutes deux imprimées en 1820, in-8o ; et un poëme épique tiré de la Bible, la Tobiade. en dix chants, sans compter un Catéchisme en cantiques français (à l’usage des petites écoles, Paris et Sedan, 1820), qui n’a rien ajouté à sa réputation, et son Clangor tuba. tant en vers latins qu’en français, Paris, 1820, in-8o, qui a pu y faire quelque tort. Le titre détaillé de ce livre (Le son de la trompette. on Avis sur la proximité de la grande tribulation prédite par tous les proposâtes pour la fin des temps. 1e édit., Paris, 1820 ; 5e édition, avec des notes, 1822), indique assez et l’esprit et le ton de cette bizarre publication ; et sa brochure Propositions ... suspectes, dans le Son de la trompette, et Réponse à ces difficultés (1821), fait voir que son livre prétait à des interprétations hétérodoxes auxquelles il eût été plus sage de ne pas s’exposer. P-or.

LEROY (Louis), né dans la Normandie en janvier 1727, fut reçu avocat au parlement de Paris en 1754 ; il fut lieutenant général du bailliage du palais, à Paris, de 1760 à 1766, et ensuite membre du conseil du duc de Penthièvre. Il est mort en 1811 à St-Germain en Laye, laissant manuscrit un

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Voyage en Italie. dans le genre du Voyage d’Anacharsis en Grèce. Il a publié les Pensées de Cicéron. traduction nouvelle, 1802, 5 vol. in-18. Lxnov na Lozeusauun (François), né en’1’15l, après avoir habité successivement lianheim et Landshut, s’établit à Vienne, où il devint conseiller et instituteur des archiducs d’Autriche. Il est mort en 1801. On a de lui les ouvrages suivants, tous en français : 1° Lettres et contes sentimental : de 6. Wandersunt, 1777, in-8o ; 2° Hatinées de Lassdsclsitz, Vienne, 1779, in-8o ; 5° Essai sur l’abas du bien moral. 1" et 2° parties, 1780, in-8o ; 4° l’ordre moral. ou Développement du principales lois de la nature, Augsbourg, 1780, in-4o ; 5° Situation politique actuelle de l’Europe, considérée relativement si l’orslre moral. pour servir de supplément si l’ordre snoral, etc.. 1781, in-8o ; 6° Essai de snow-ale. Buda, 1782, 2 vol. in-8o ; 7° Anecdotes et remarques sur éducation publique, Manhelm, 1785, in-8o ; 8° 0Euores naélées, en vers et en prose. Nanbeim, 1785, 2 vol. in-16 ; le 86’ cond volume est rempli par une farce en trois actes et en prose, intitulée la Statue de Henri IV, ou l’Allensand d Paris ; 9° Earire et llgatlsée. Mirson et Celide, Cléopltir et Syrlta. Vienne, 178-I, in-8o ; 10° Justine de Saint-Val. 1786, 2 vol. in-8o ; 11° Observations historiques sur les progrés et la décadence de läagriculture ches afférents peuples, par Il. le conte de Hartig, traduit de l’allemand, 1700, in-8o. A. B—fr.

LEROY (Jsconss-Aonasnoa), médecin, né à Maubeuge en 175-1, mort à Paris le 11 février 1812, manifesta de très-bonne heure sa vocation pour l’art de guérir ; mais une circonstance singulière faillit la rendre stérile. Etudiant la chimie, le jeune Leroy, trahi dans un attachement qui ne méritait pas ce nom, et privé presque dans le même instant d’un frère tendrement aimé, se crut le plus malheureux de tous les hommes, et, se livrant au délire d’une imagination trèsflrdente, il alla s’ensevelir à la Trappe, où il resta une année entière. Cependant ses parents ne permirent pas qu’il y fit profession ; et cédant à leurs instances, il revint à ses premières études. Ayant été nommé à l’âge de vingt-cinq ans pharmacien en chef des armées, ce fut à cette époque seulement qu’il put faire l’application de ses connaissances théoriques. Le grand nombre de maladies qu’il était à portée d’étudier lui donna ce coup d’œil sur et cet aplomb dans l’observation qui ne sont ordinairement dus qu’à une longue pratique. À son retour de l’Allemagne, le désir de voyager pour étendre ses connaissances le détermina a faire partie d’une expédition pour Cayenne. llais la colonie qu’il suivit devint en arrivant la proie de maladies terribles par l’insalubrité du climat, et les médecins en furent tous atteints ; Leroy resta seul, et après avoir donné tous ses soins aux malades, avec le plus grand dévouement, pendant une année entière, il dut s’éloigner d’un pays dont il avait été le sauveur. Aus-