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pour être suffisamment apprécié, d’avoir été plus en vue. Aucun honneur n’est venu récompenser ses infatigables travaux ; mais on ne doit pas moins le considérer comme un des hommes qui ont rendu le plus de services à l’enseignement des langues anciennes. Quant i ses publications sur le basque, elles sont insuffisantes pour faire connaître à fond ce curieux idiome.

A. M.-y.

L’ÉCLUSE DES LOGES. Voyez ÉCLUSE.

LECOAT (Yves-Marie-Gabriel-Pierre), baron de St-Haouen, contre-amiral français, naquit en Bretagne en 1757, et fit ses études à Quimper avec assez de succès ; il les acheva même, contrairement à ce qui se remarque d’ordinaire chez les jeunes gens qui se sentent une vocation prononcée pour la marine. Il avait de dix-huit à vingt ans lorsqu’il fut admis au service de mer. C’était le moment où l’Angleterre et la France reprenaient les armes l’une contre l’autre, à l’occasion de l’indépendance des colonies anglo-américaines. Lecoat eut sa part de plusieurs actions sanglantes, les unes sur les côtes de l’Amérique, les autres dans les mers de l’Inde, et passa successivement par tous les grades, depuis la modeste position d’enseigne de vaisseau jusqu’à celle de capitaine de frégate. C’est dans cet emploi que le trouva la révolution. Sans s’y être montré fort opposé, comme il appartenait à une famille distinguée, et qu’il ne pouvait approuver les excès du jour, il devint suspect pendant la terreur, et fut jeté dans la prison de l’Abbaye : heureusement, on sembla l’y oublier, et le 9 thermidor ouvrit les portes de son cachot. Peu de temps après, il obtint du directoire le grade de chef de division. Bientôt l’amiral Latouche-Tréville le choisit pour son chef d’état-major. En 1805, Bonaparte, tout entier à son grand projet de descente en Angleterre, nomma Lecoat chef militaire du port de Boulogne : Lecoat y rendit des services. On vanta surtout la manœuvre brillante et hardie parla quelle, en septembre de la même année, il opéra la jonction des divisions de Dunkerque et de Calais avec l’armée navale combinée dans le port de Boulogne, en dépit de la force matérielle des Anglais, très-supérieurs en nombre. Lecoat livra un combat opiniâtre à leur escadre et finit par la forcer à la retraite. Il ne déploya pas moins de sang-froid et d’habileté, l’année suivante, quand les Anglais méditèrent de détruire la flottille au moyen de brùlots. Lecoat avait prévu cette tentative. À peine étaient-ils aux environs de la cote qu’il dirigea contre eux une attaque impétueuse, à laquelle ils ne purent résister, et qui les contraignit de se retirer, après avoir essuyé de grosses pertes. Nommé préfet maritime par intérim de son arrondissement (Boulogne, Calais, Dunkerque, Ostende), en 1812, bientôt il eut le titre de cette place. La restauration l’y trouva et sembla d’abord ouvrir à son ambition la plus brillante perspective. C’est lui qu’en 1814 le gouvernement provisoire chargea d’aller offrir à Louis XVIII, à Hartwell, les hommages de la marine française, et quand le roi revint en France, ce fut chez le baron de St-Haouen qu’il habita pendant son séjour à Boulogne. Sa conduite pendant les cent-jours ne fut point en désaccord avec ses précédents et il les passa dans une terre en Normandie, refusant de garder ou de prendre de l’emploi sous Napoléon. Louis XVIII, après sa seconde rentrée, le nomma contre-amiral et major général au port de Brest. Mais bientôt et contre son désir, il fut compris parmi les officiers de marine mis à la retraite (1817), quoiqu’il n’eût encore que soixante ans et qu’il pût rendre facilement de nouveaux services. Voulant du moins que ses loisirs fussent utiles au pays, il s’occupa de perfectionner une invention dont l’idée première remontait chez lui à près de trente ans. C’était un télégraphe de nuit et de jour, qui pût aussi mettre en communication non-seulement les- bâtiments avec les cotes, ou bien les navires avec les navires, mais encore les divers points importants de l’intérieur les uns avec les autres, indépendamment de la différence des langues. Il y avait déjà préludé, en 1800, par quelques essais d’un nouveau système de signaux, sur lequel une commission de l’Institut lit un rapport très-avantageux. Il eut le bonheur de réussir complètement, et on lui doit le premier télégraphe dont on se soit servi de nuit. Les expériences qui furent faites au Havre par l’ordre du gouvernement et sous les yeux d’une commission spéciale, furent couronnées du plus brillant succès ; et il fut décidé (le 20 mars 1820) qu’une ligne télégraphique selon le système St-Haouen serait établie entre Paris et Bordeaux, Toutefois la guerre d’Espagne vint interrompre les travaux ; mais elle lit naître l’occasion d’apprécier la fécondité, la portée de la découverte de Lecoat : une simple application de ses principes permit de former à la suite du quartier général une brigade télégraphique, qui rendit des services pendant la campagne. Parmi les plus nobles et plus utiles effets de la télégraphie de nuit se rangerait la diminution du nombre des naufrages ; mais pour la réalisation de cette idée, il faut opérer sur une grande échelle. Lecoat forma dans cette vue le plan d’un établissement télégraphique des plus vastes, et il comptait venir à bout de le mettre à exécution par l’industrie particulière ; il était même à la veille de se rendre en Angleterre, où une société de capitalistes l’at° tendait, quand il fut rapidement enlevé le 1er septembre 1826.

P-ot.


LECOCQ, ou LE COQ (Robert), évêque de Laon, député aux états généraux de 1356, était né à Montdidier d’une famille originaire d’Orléans. Il entra dans l’état ecclésiastique par le canonicat d’Amiens, fut ensuite avocat général au parlement de Paris, et fit partie de la légation envoyée par le roi Jean à Villeneuve d’Avignon pour conclure un traité entre le Dauphin et le comte Amémée VI de Savoie. Le 8 janvier 1554, Robert Le