vacuer la place. Il en était à peine sorti avec sa garnison, qu’entouré d’une armée anglaise et espagnole, il fut obligé de se rendre prisonnier avec quinze cents hommes. Après quelques mois de captivité, il revint en France à l’époque de la restauration, fut mis en retraite et mourut à Pau le 8 mai 1854.
LA MARTELIÈRE (Jean-Henri-Ferdinand) littérateur
dont le véritable nom était Schewing den Hammer
(brandissant le marteau), naquit le 14 juillet
1761, ã Ferrette, dans la haute Alsace, où sa
famille était depuis longtemps en possession des
premières charges de la magistrature, et avait
quitté son nom allemand pour prendre celui d’un
fief qui lui appartenait dans le Sundgau. Après
avoir fait ses études dans les universités d’Allemagne,
où il eut Schiller pour condisciple, la
Martelière alla les perfectionner à Paris, et revint
s’y fixer lorsqu’il eut voyagé dans quelques parties
de l’Europe. Son goût pour les lettres et les
beaux-arts et ses liaisons avec quelques hommes
marquants dans la littérature déterminèrent son
choix. La révolution lui ayant fait perdre la plus
grande partie de sa fortune, il fut obligé de recourir
à sa plume. Dès l’année 1786, il avait terminé
un drame en cinq actes et en prose, Robert, chef de brigands, imité de Schiller. Mais comme les obstacles qu’il éprouva longtemps pour le
faire représenter n’étaient pas encore levés en
1791, ce fut par un autre ouvrage qu’il débuta
dans la carrière dramatique. Ce début ne fut pas
heureux. Une comédie en trois actes et en vers,
les Trois Amants, jouée en 1791, au théâtre de
Monsieur, rue Feydeau, dut sa chute à la froideur
du sujet et à la longueur des scènes, quoique le
style en fût assez agréable. Robert, chef de brigands,
qui n’avait pas ce mérite, parut enfin au
théâtre du Marais, le 6 mars 1792, et la vogue
prodigieuse que ce drame obtint fit aussi la réputation
du comédien Baptiste ainé. La Martelière
donna encore à ce théâtre, la même année, le
Tribunal redoutable ; ce drame en cinq actes et en
prose eut presque autant de succès que celui de
Robert, dont il était la suite, mais fut au moment
d’attirer quelques chagrins à l’auteur, parce qu’il
y avait émis des principes qui avaient plus d’un
rapport aux circonstances. Ces deux pièces furent
imprimées en 1795, in-8°, et la première passa,
la même année, avec Baptiste, au Théâtre Français
de la république, où elle continua d’attirer
la foule. Toutefois la Martelière interrompit ses
travaux littéraires, et on le perd de vue pendant
cinq à six ans. Si, par scrupule de conscience, il
refusa, comme il l’a prétendu, d’accepter sous le
gouvernement du directoire la place de président
de la commission centrale à Aix-la-Chapelle,
et celle d’agent national des arts et monuments
de la Belgique, parce que ces fonctions avaient
pour but de spolier des peuples vaincus, il s’absenta
probablement ou obtint quelque emploi aux
armées. Il reparut en 1798, et donna au théâtre
Louvois : Les Trois Espiègles, ou les Arts et la folie, comédie en trois actes, en vers, prose et couplets, in-8° ; au théâtre de la Gaîté : le Testament, ou les Mystères d’Udolphe, drame en cinq actes, en prose, 1799, in-8° ; au Théâtre-Français : l’Amour et l’intrigue, drame en cinq actes, en prose, longtemps annoncé sous le titre de la Favorite, imité de Schiller, et tombé, 1801 ; au théâtre des Jeunes-Artistes : Gustave en Dalécarlie, ou le Mineur suédois, trait historique en cinq actes et en prose, 1805, in-8°. À cette époque, la Martelière, ne trouvant pas que la culture des
lettres pût suffire à son bonheur, ni le faible produit de ses travaux dramatiques à son existence, ne se montra plus difficile, et accepta un emploi
dans l’administration centrale des droits réunis, créée nouvellement. Il y devint successivement sous-chef de bureau, puis contrôleur extraordinaire,
et fut mis à la retraite le 1er janvier 1825, jouissant d’une pension de deux mille quatre cents francs, qui a rendu son existence indépendante,
heureuse et paisible jusqu’à sa mort, arrivée le 27 avril 1850. Outre les sept ouvrages que nous avons cités, il a donné encore au théâtre : 8° les Francs-Juges, ou les Temps de barbarie, mélodrame en quatre actes, qui réussit à l’Ambigu-Comique, 1807 et 1815, in-8° ; 9° le Mari sans caractère, ou le Bonhomme, comédie en cinq actes, en vers, tombée à l’odéon, en 1808 ; l’auteur fut dédommagé de cet échec par le succès qu’y obtint en 1814 : 10° Pierre et Paul, ou Une journée de Pierre le Grand, comédie en trois actes, en prose, 1815, in-8°. Il a donné à l’opéra-Comique (Feydeau) trois ouvrages qui ont eu du succès. 11° Menzikoff et Fœdor, ou le Fou de Berezof, en trois actes, musique de Champein, 1808, in-8° ; 12° la Partie de campagne, en un acte et en prose, 1810, in-8° ; 15° le Prince d’occasion, ou le Comédien de province, en trois actes, musique de Garcia, 1817, in-8°. Son dernier ouvrage dramatique est : 14° Fiesque et Doria, ou Génes sauvée, tragédie en cinq actes, imitée de Schiller, 1824, in-8°-Cette pièce, reçue trois fois au Théatre-Français, fut suspendue par ordre supérieur, et remplacée
par la tragédie de Fiesque, de M. Ancelot. La Martelière avait une grande connaissance de la scène, une imagination féconde en situations pleines d’intérêt et de chaleur, mais il écrivait avec trop de précipitation et de négligence. On a encore de lui : 15° Théâtre de Schiller, traduit de l’allemand, 1799, 2 vol. in-8°, contenant trois pièces de cet auteur : l’Amour et intrigue, la Conjuratíon de Fiesque, Don Carlos, et Obellino de Zschocke ; c’est tout ce qui a paru d’une collection qui devait
contenir, en douze volumes, les chefs-d’œuvre des théâtres étrangers. 16° Les Trois Gil Blas, ou Cinq ans de folie, histoire pour les uns, et roman pour les autres, 1802 et 1809, 4 vol. in-12 ; 17° Fiorella, ou l’Influence du cotillon, suite des Trois Gil Blas, 1802 et 1809, 4 vol. in-12. Ces
deux romans sont assez plaisants, mais un peu