un sujet d’alarme. Tout en rendant justice à son patriotisme et à ses talents, le comité de salut public crut donc devoir donner le commandement au général Dugommier. Lapoype reprit la division de l’Est et continua d’opérer avec vigueur. Cependant il était encore l’objet d’odieux soupçons, et une seconde fois il se vit dénoncé en termes assez inquiétants pour qu’il dût se rendre à la barre de la convention, afin de se justifier en personne. La tâche était facile ; il réduisit à néant d’absurdes accusations, et fut renvoyé à l’armée des Alpes. Mais ses ennemis le poursuivaient et en 1796, il se voyait destitué pour le plus frivole prétexte. Il ne tarda pas cependant à être réemployé. Attaché à l’armée du Rhin, il passa ensuite à celle d’Italie, fut chargé de la défense du territoire de Gênes et se distingua à la bataille de Novi. On le trouve encore avec un commandement, lors de la deuxième campagne d’Italie. En 1805, le premier consul donna à Lapoype le commandement de la 12° division milltaire, à Nantes. Mais ce général, qui était resté attaché à la cause républicaine, voulut suivre les officiers de cette opinion que Bonaparte avait envoyés dans la dangereuse expédition de St-Domingue. Il déploya contre les noirs la même intrépidité et la même entente stratégique dont il avait déjà donné tant de preuves. À son retour en France, le navire qui le portait fut capturé par les Anglais. Lapoype fût conduit prisonnier à la Jamaïque et de là expédié en Angleterre. Il y resta captif plusieurs années, et n’obtint qu’à grand’peine de rentrer en France, sur promesse de ne point servir contre ceux dont il avait été le prisonnier. Il demanda en conséquence un commandement à l’intérieur, qu’il conserva jusqu’à son échange définitif en 1812. C’est alors qu’il passa à l’armée active, fut employé en Allemagne, et devint gouverneur de Wittemberg ; il fit fortifier cette ville et y soutint, à deux reprises différentes, un siége qui a achevé de lui assurer une place parmi les plus habiles officiers généraux de son temps. Après la bataille de Lutzen, Napoléon envoya Lapoype débloquer cette place ; le général y réussit, mais pour se voir cerner de nouveau, après la bataille de Leipsick. Lors de ce second siége, Lapoype fit une résistance désespérée, et ne consentit qu’à la dernière extrémité à une capitulation dont les termes ne furent point respectés. Retenu par l’ennemi, il se vit interné en Prusse, puis en Russie, et ne recouvra sa liberté qu’en 1814, après la première restauration. Louis XVIII lui donna alors le commandement d’Agen. Le retour de l’île d’Elbe trouva dans le général, sinon un partisan déclaré, du moins un adhérent. Napoléon l’envoya commander à Lille. Aussi la deuxième restauration se hâta-t-elle de mettre le général à la retraite ; il alla se fixer dans le Lyonnais, où il se livra à des travaux agricoles et à la culture des lettres. Les opinions libérales de Lapoype ne tardèrent pas à le désigner aux suffrages du parti de l’opposition. Envoyé à la chambre, en 1822, par l’arrondissement de Villefranche ; il y prit rang pendant une législature sur les bancs de l’extrême gauche ; il parla quelquefois dans les discussions. La publication d’une brochure politique en 1824 le fit traduire devant le tribunal. Mais bientôt son grand âge le contraignit de se retirer de la vie publique ; et quoique ses facultés fussent restées intactes jusque dans une extrême vieillesse, il ne reparut plus sur la scène politique. En août 1850, il fut rétabli sur la liste des lieutenants généraux du cadre de réserve. Il est mort aux Brosses, près de Vaux, le 27 janvier 1851. Sa biographie a été publiée par Calvet de Rogniat.
LAPPOLI (Matthieu), peintre, d’Arezzo, naquit vers le milieu du 15e siècle, et fut élève de dom Bartolomeo della Gatta, abbé de St-Clément, célèbre peintre en miniature. Le disciple répondit aux soins de son maître et devint un artiste renommé. Vasari a conservé une nomenclature étendue des tableaux à fresque et en détrempe dont il avait orné la plupart des églises d’Arezzo. On y admire un St-Bernard qui passe pour son meilleur ouvrage. Il est encore d’une parfaite conservation, et se trouve dans le réfectoire des Bernardins. On voit en outre un St-Sébastien dans l’église de Ste-Marie. On regrette que le temps ait détruit ses autres ouvrages, notamment une Annonciation où, sous les traits de la Vierge, il avait peint la mère du fameux Pierre Arétin. Lappoli mourut en 1501. — Jean-Antoine Lappoli, son fils, naquit en 1492. Élève du Pontorme, il s’adonna pendant quelque temps, avec ardeur, à l’étude ; mais le goût des plaisirs vint le détourner et mettre un terme à ses progrès. Il apprit la musique, et devint un habile joueur de luth. Cependant, ayant fait connaissance avec François di Sandro, élève d’André del Sarto, ce nouvel ami lui persuada de l’accompagner chez son maître, où il se remit à dessiner et à peindre d’après le modèle vivant. La peste s’étant déclarée à Rome en 1552, Perino del Vaa se réfugia à Florence, où il se lia d’amitié avec Lappoli. Le fléau s’étant étendu jusqu’à cette ville, les deux artistes l’abandonnèrent, et Lappoli revint à Arezzo, où il peignit avec succès une grande frise de la Mort d’Orphée, imitant le bronze. Il termina, pour les religieuses de Ste-Marguerite, une Annonciation que la mort avait empêché Dominique Pecori, son premier maître, d’achever. Enfin Lappoli se rendit à Rome, où il retrouva Perino del Vaga, le Rosso et d’autres amis qui lui procurèrent la connaissance de Jules Romain, de Sébastien del Piombo et de Mazzuoli de Parme, avec lequel un goût commun pour la musique le lia bientôt d’une étroite amitié. D’après les conseils de ce dernier, il entreprit quelques tableaux pour se faire connaître du pape Clément VII. Mais le sac de Rome, arrivé au mois de mai 1527, détruisit ses espé-