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LAPLANCHE (Étienne de), avocat au parlement de Paris, dans le 16e siècle, n’est connu que par la traduction qu’il a donnée des cinq premiers livres des Annales de Tacite ; nos anciens bibliothécaires Duverdier et Lacroix du Maine en citent trois éditions, Paris, 1548, 1555 et 1581, in-4°. Cl. Faucher traduisit les autres livres de Tacite ; et cette version, quoique très-défectueuse, eut un tel succès, qu’il s’en fit en peu d’années plusieurs éditions dans tous les formats. C’est sans doute cette traduction que Pasquier a eue en vue dans le passage suivant (liv. 19, lett. 5) : « Je vois Tacite avoir été de notre temps traduit en notre vulgaire par un personnage d’honneur : mais si j’en suis cru, en la rencontre des deux, vous trouverez autant de différence du latin au français comme du jour à la nuit. »

W-s.


LAPO, architecte florentin, fut contemporain du célèbre Arnolfo di Lapo (voy. ce nom), qui florissait vers le milieu du 13e siècle. Vasari prétend qu’il était originaire d’Allemagne, qu’il se nommait Jacopo, et que, s’étant établi à Florence, les habitants de cette ville, selon leur usage d’abréger les noms, lui donnèrent celui de Lapo, sous lequel il continua d’être connu. Mais il résulte du témoignage de Baldinucci, de l’abbé Lanzi et de Morrona, dans sa Pisa illustrata nel arti del disegno, que Lapo naquit à Florence, et qu’il apprit son art de Nicolas de Pise, qui était à cette époque le plus habile architecte de la Toscane. La ressemblance de nom et le témoignage de Vasari ont donné lieu également d’avancer qu’Arnolfo était fils de Lapo, tandis que, d’après les recherches des mêmes historiens, il est reconnu que Lapo, plus jeune qu’Arnolfo, avec lequel il était lié d’une étroite amitié, fut condisciple de ce dernier, qui suivait en même temps que lui les leçons de Nicolas de Pise. Ce qui achève d’écarter tous les doutes à cet égard est le contrat passé, en octobre 1266, entre la fabrique du Dôme de Sienne et Nicolas de Pise, pour la construction de la chaire de cette église, convention qui a été conservée par le P. della Valle dans la préface de l’édition qu’il a donnée de Vasari, et où on lit les mots suivants : « Pro suis discipulis secum ducat Senas Arnolphum et Lapum, suos discipulos, quos secum pro infra scriptis solariis, ut infra scribítur, tenebit usque ad complementum dicti pulpiti. » C’est donc par erreur que, dans l’article précité, on dit qu’Arnolfo était fils de Lapo. Le père de cet habile artiste se nommait Cambio ; il habitait Colle de Valdelsa, près Florence[1]. Lapo se rendit célèbre dans son art, et il avait ornmé la ville de Florence de plusieurs édifices remarquables que le temps a détruits. Nicolas de Pise, chargé par la ville d’Assise de la construction de la grande église de cette ville, où devaient être déposées les reliques de St-François, en fournit les plans et en commença l’exécution ; mais appelé dans plusieurs contrées de l’Italie, pour y diriger de nombreux travaux, il choisit Lapo pour le suppléer dans ceux de l’église d’Assise, ce qui a donné lieu à Vasari de le regarder comme l’auteur de cet édifice. Ce fut Lapo, et non le père d’Arnolfo, qui donna les plans de l’évêché d’Arezzo. Vasari se trompe en disant que cet édifice fut fondé en 1218, car il est prouvé, par le concordat passé en faveur de cette fabrique, et cité par Rondinelli dans sa description d’Arezzo, que les travaux ne commencèrent que vers l’année 1277 ; d’où il résulterait même que Lapo n’a pu les voir terminer, puisque c’est à peu près vers cette époque qu’il mourut. On peut douter aussi que Lapo ait fait construire le château des seigneurs de Pietramala, car la puissance de cette maison ne commença à s’établir que dans les premières années du 14e siècle. — Riccio di Lapo, peintre, naquit à Florence, vers l’année 1550. Il épousa une fille de Giotto, dont il eut Étienne di Lapo, également peintre, et qui fut le père de Giotto le jeune, dit il Giottino, peintre célèbre. P-s.


LAPO, diminutif de Jacopo, Jacques, de Castiglionco en Toscane, canoniste du 14e siècle, fit ses premières études à Florence, fut reçu docteur à Bologne, et professa le droit dans sa patrie, et ensuite à Padoue. Il cultiva en même temps la philosophie, et surtout la littérature, où il se distingua par beaucoup d’esprit et de talent, et particulièrement par une critique peu commune dans son temps. Il donna plusieurs essais d’éloquence et de poésie ; mais ce qui lui fit le plus de réputation, et lui assura le plus la reconnaissance de la postérité, ce fut la recherche des ouvrages classiques des anciens, objet qui occupait alors plusieurs savants. Il aida principalement Pétrarque à découvrir les limitations de Quintilien, et lui envoya la harangue de Cicéron Pro Milone et les Philippiques, qu’il avait eu le bonheur de retrouver. Lapo enseigna le droit canonique à Florence pendant plus de vingt ans. La république le chargea de diverses ambassades importantes, et le nomma plusieurs fois son conseiller et son secrétaire. Il fut également élu capitaine ou chef des guelfes ; et on le regardait comme le soutien le plus ferme de ce parti. En 1578, les gibelins ayant repris le dessus, sa maison fut pillée et brûlée ; et lui-même, pour échapper à ses enne-


  1. Il n’est pas hors de propos d’ajouter les détails suivants à ceux qu’on a vus dans l’article Arnolfo, et qui ne le font connaître que comme architecte. Ainsi que tous les habiles artistes de ce temps, il se distingue également dans la sculpture et dans la peinture. Parmi les ouvrages dignes de mémoire qu’il a exécutés, on doit citer le tombeau du cardinal de Bruges, dans l’église St-Dominique, à Orvietto, où il a manifesté ses rares talents dans les trois arts qu’il cultive. Ce tombeau, orné de mosaïques et de sculptures pleines de mouvement, est un des monuments les plus riches et les plus beaux de cette époque. Il l’exécuta en 1290, quelques années avant de commencer l’église de ste-Marie del Fiore. La tnbune de marbre qu’il fit dans l église de St-Paul extra muros, à Rome, est ornée de bas-reliefs précieux, représentant le sacrifice d’Abel, un ange incliné qui encense l’autel ; etc. Les figures sont remarquables par la manière dont elles sont ajustées.