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sement plusieurs chefs-d’œuvre, notamment la célèbre Bataille des Amazone : par Rubens. Comme peintre d’histoire, il prit une part considérable aux nouveaux ouvrages exécutés à Munich. L’église de Notre-Dame et celle des Franciscains de cette ville renferment des tableaux d’autel faits de sa main ; et dans le palais du grand-duc Max de Bavière, il a peint six grandes fresques. Robert de Langer a laissé encore une série d’excellents dessins à la plume pour l’Enfer de Dante ; il appréciait singulièrement ce poete, et il avait pris dans ses vers un sujet pour une composition plus considérable. L’époque où il a le plus produit, ce sont les dix premières années de ce siècle, espace pendant lequel il a composé un grand nombre de tableaux d’après les histoires sainte et ancienne. Robert de Langer mourut le 16 octobre 1846, à sa campagne d’Haidhausen, qu’il avait décorée de belles peintures à fresque.

Z.

LANGERMANN (Jean-Godefroi), médecin, naquit à Maxen, près de Dresde, le 8 août 1768. Son père, cultivateur, désirait qu’il se destinat à sa profession, et ne le vit qu’avec peine suivre une autre carrière. Schoenberg, maréchal de la cour de Saxe, possédait à Maxen une maison de plaisance dans laquelle il passait une grande partie de l’année et où il recevait les principaux habitants du pays. Langermann y fut admis dès sa plus tendre enfance. Sa gaieté naïve et les heureuses dispositions de son esprit plurent tellement au maréchal, que le jeune enfant passait presque tout son temps dans sa maison ; mais son protecteur étant mort, il fut de nouveau remis à son père, qui, dans le but d’en faire un agriculteur, le livra aux plus rudes travaux de la campagne, ce qui formait un douloureux contraste avec ses goûts, ses dispositions et ses occupations précédentes. Mais enfin la veuve du maréchal, qui partageait l’affection de son époux pour le jeune Langermann, devint sa protectrice, et obtint avec peine de son père qu’il fréquentât les écoles à Dresde, où il lit ses études universitaires avec distinction. Il y apprit les langues anciennes et la musique, pour laquelle il montra toujours beaucoup de goût, ainsi que pour la poésie. En 1789, il commença à l’université de Leipsick l’étude de la jurisprudence, a laquelle il joignit celle de la philosophie et de l’histoire. Au bout de trois ans il soutint des thèses de droit. Quoique Langermann n’ait jamais exercé la science des lois, il puisa cependant dans leur étude des connaissances qui lui servirent beaucoup dans les fonctions administratives dont il fut chargé par la suite.

Après avoir terminé son cours de droit, il se livra à l’éducation de la jeunesse, et l’on compte parmi ses élèves le poete Hardenberg-Novalis (voy. Hardenberg). Il fut ensuite instituteur chez un riche négociant de Leipsick qui recevait beaucoup de monde, et y put développer cette gaieté, cette aménité qui le distinguaient. Langermann avait depuis longtemps un goût prononcé pour les sciences naturelles. L’étude de la jurisprudence et celle de la littérature, auxquelles il s’était livré jusque-la, ne pouvaient satisfaire ce goût. Décidé à changer de profession, il se rendit à l’université d’léna en 1794 pour y étudier l’art de guérir. Il y suivit les leçons de llufeland, Stark, Fichte, Scheerer, Gœttling, Lode, et flt tant de progrès dans les sciences médicales qu’il fut en état, au bout de trois ans, de soutenir, pour obtenir le grade de docteur, une thèse qui lui acquit la plus brillante réputation, et qui a contribué à le faire regarder en Allemagne comme le fondateur de la médecine mentale : elle est intitulée De méthode cognoscendi curandique animi morbos stabilienda, Iéna, 1797, in-8°. Dans cette dissertation, qui n’a que 68 pages, l’auteur divise les maladies mentales en idiopathiques et sympathiques. Les premières ont immédiatement leur siége dans l’âme ; les secondes proviennent du corps et agissent sympathiquement sur l’âme. Langermann fonde sa méthode sur l’observation et l’induction. Dans le traitement moral des aliénés, il conseille surtout d’imiter ceux qui sont chargés de l’éducation des enfants, qui cherchent à exercer, à former la raison de leurs élèves, à réprimer leurs passions, à corriger leurs défauts. Pendant son séjour à Iéna, il contracta une étroite amitié avec Schiller et Gœthe. Il y concourut aussi à la rédaction de la Gazette littéraire de cette ville, publiée par Schütz. De là il alla visiter les hospices d’aliénés de la Saxe, et se rendit en observateur dans les prisons et les maisons de correction pour y étudier les passions des hommes. En 1799 il se fixa à Bayreuth, où sa réputation lui acquit bientôt une clientèle nombreuse. Il fut nommé assesseur au collége de médecine de Franconie, conseiller médical, professeur d’accouchement, et, en 1802, directeur et médecin de la maison des aliénés de St-Georges. près de Bayreuth. Ce fut surtout dans cette dernière fonction que se distingua Langermann, soit par ses talents administratifs, soit par l’habileté qu’il déploya dans le traitement de ses malades. M. le docteur Vaidy, qui a visité cet établissement, accorde les plus grands éloges aux soins philanthropiques que l’on y donnait aux aliénés, et à la manière sage et prudente avec laquelle le traitement moral y était dirigé (Dictionnaire du science : médicales, t. 50, p. 471). l’auteur a publié lui-même une notice sur sa méthode, dans la Gazette médico-chirurgicale de Salzbourg. Il fut nommé en 1810 conseiller d’État du roi de Prusse, et en 1821 chevalier de l’ordre de l’Aigle rouge. Langermann éprouvait depuis longtemps des attaques de goutte dont les symptômes faisaient craindre une métastase sur le cœur. Les désordres de la respiration augmentèrent un tel point qu’il succomba le 5 septembre 1852. À l’ouverture du corps on trouva une ossification de l’origine de l’aorte. Les ouvrages de Langermann sont peu nombreux et ne peuvent pas justifier aux yeux des lecteurs