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ëso tout beaucoup de chagrin au général en chef, et il écrivit au directoire : · La république n perdu un homme qui lui était très-attaché, l’armée un de ses meilleurs généraux, tous les soldats un camarade aussi intrépide que sévère sur la ~ discipline. Je recouimxmde au gouvernement le •· fils de ce général pour une sous-lieutenance ~ dans la cavalerie. ~ Un peu plus tard, Bonaparte écrivait à Barthélemy, ambassadeur de la république à Bale : ~ Le canton de Berne a contlsqué au commencement de la révolution les biens de fou le général Laharpe ; je vous prie de vous intéresser pour les faire rendre à son flls.» Il-nj.

LAHARPE (Fvntntaic-Casta), précepteur de l’empereur Alexandre, était né en 1754, dans le pays de Vaud, de la même famille que le précédent. Après y avoir exercé pendant quelques années la profession d’avocat, il se rendit en Russie, où il fut assez heureux pour que l’impé· ratrice Catherine ll, qui le connaissait il peine, lui conflàt lïiducation de ses deux petits-tlls Alexandre et Constantin. lmbu de toutes les idées philosophiques ou libérales du 18e siècle, il ne manqua pas de les inculquer de son mieux à ses élèves ; et ce système, tout singulier qu’on pût le trouver pour des princes destinés à occuper le trône le plus despotique de l’univers, plut tellement à Catherine qu’elle lui donna le grade de colonel dans ses armées ; et, quand il voulut retourner dans sa patrie, elle lui fit une pension dont il a joui pendant toute sa vie, indépendamment des nombreux bienfaits de son élève Alexandre. Laharpe revint en Suisse lorsque la révolution de France était dans sa plus grande eüervescence, et que les commotions s’en faisaient sentir jusque dans sa patrie. C’était pour lui une circonstance trèdavorahle, et il se hata d’en profiter en se livrant à des intrigues, en publiant des brochures politiques si hardies que les sénateurs de Berne en prirent de Yombrage. L’un de ces pamphlets avait pour titre : Adresse au Aabüanta la pay : de Vaad. srrlaeea de : olcgah ques de Früourg et de Berne ; c°était une véritable provocation à la révolte. Laharpe, obligé de se sauver, se réfugia en l·’rance, où il fut parfaitement accueilli par le parti révolutionnaire et par le gouvernement directorial, qui dès lors avait formé le projet d’envahir et de révolutionner la Suisse. On a dit avec assez de probabilité que ce gouvernement mit aussitôt Laharpe dans la contldencede ce projet., et que celui-ci (lt tout ce qui dépendait de lui pour le seconder. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’à cette époque il publia à Paris, de concert avec son compatriote et son ami Ochs, de nouvelles et séditieuses brochures, entre aulfts un plmpblet intitulé Lettres la l’bil¢n¢Arefils qui n’était qu’un appel à l’insurrection. Ces publications précédèrent de peu de temps la révolution vaudoise ; et, des que cette révolution eut éclaté, Lahsrps se hltta de retourner dans sa patrie, où, sous lïnduence de Psmée française, «...«..És«.2

LAI il se mit à la tête du mouvement. Le 30 mars 1798, jour où l’assemblée provisoire du pays de Vaud se sépara, une médaille d’or du prin de fr. lui fut décernée. On y voyait d’un côté un faisceau de lances surmonté du chapeau de la liberté helvétique, et de l’autre cette inscription : nl Frédéric-Cémr Laharpa, le peuple mudoir rerunuainnx

!. Lorsque la révolution fut achevée et

qu’un nouveau gouvernement fut établi, Labarpe devint un des directeurs de la république belvê tique ; mais sa nomination ayant été infirmée par le commissaire Rapinat, il s’adressa au directoire français, qui l’agréa. Non content de cette dignité, il voulut, en décembre 1799, imiter, avec deux de ses collègues, la révolution que Bonaparte venait d’opérer en France ; mais il échoua dans ce projet, et voici en substance la manière dont le député Kuhn ren-lit compte de cette conspiration à la séance.du grand conseil, le ïjanvier 1800 : « Dans la nuit du 8 au 9 décembre 1799, ll. Laharpe lit appeler chez lui le secrétaire d’£lat Mousson, et lui dit que, depuis. longtemps, le parti awtro-olig«n-elaiqu¢ régnait dans les deux conseils ; que tous les messages du directoire y étaient mal accueillis, et que la puissance exécutive était entravée par eux ; ~ que, de concert avec les deux directeurs, Secrétan et Uberlin, il avait résolu de les dissoudre ; que, comme ils formaient à eus trois la majorité du directoire, rien ne pourrait leur résister, que les mesures étaient déjà prises, les proclamations, les messages déjà rédigés. Laharpe esigea de Mousson le plus profond se-« cret, surtout envers Dolder, alors président du pouvoir exécutif. Mousson le promit ; mais, des la nuit même, il écrivit à Laharpe pour être délivré de cet engagement. Ce dernier le lui refusa, et se mit, dès le lendemain, en devoir d’e>iécuter son projet ; mais la faiblesse d’ober< fin le força de différer, ce qui donna le temps aux deux autres directeurs et aux conseils de prendre des mesures qui ne lui permirent plus de rien tenter. ·· à la suite de ce rapport, Kuhn présenta la correspondance de Mousson avec Laliarpe, les messages, proclamations, lettres, etc., préparés par ce dernier ; et, après une assez vive discussion, le grand conseil cassa le directoire, confia momentanément le pouvoir exécutif aux t-x-directeurs Dolder et Savary, et nomma une commis son exécutive provisoire, composée de sept personnes, et dont cea deux derniers furent encore membres. Ces dispositions ayant été approuvées par le sénat, Laharpe se vit dépouillé de toute autorité. Il essaya en vain de réfuter liuhn dans une brochure. Au commencement de 1800, on parla même dans le grand corbeil de le mettre en jugement ; mais cette proposition fut écartée, et il fut soumis à une simple aurvailtance. Ayant obtenu la permission de se rendre à Paris, il fut chargé par trois cantons de les représenter a la eoualu qui y fut convoquée en 1110 ! pour