(Paris, 1818, in-8o). Au reste, l’étude des antiquités
et de l’histoire n’avait point effacé, chez lui
le goût de la littérature légère. En 1826, il publia
un recueil de Fables qui eut une seconde édition en
1841. Il avait fait paraître en 1824, sous ce titre :
le Troubadour, ou la Provence au 12e siècle, ou Guillaume et Marguerite, un tableau animé et intéressant
des anciennes mœurs du midi de la France,
ouvrage qui a été réimprimé en 1843. En 1827, il
donnait Robert et Léontine, ou la Moselle au 16e siècle
(Paris, 3 vol. in-12), qui a eu aussi une seconde
édition (Paris, 1843, in-8o). Devenu secrétaire perpétuel
de la Société philotechnique, Ladoucette
communiqua aux séances publiques de cette association
littéraire plusieurs des morceaux sortis
de sa plume spirituelle et facile. Un recueil de
Nouvelles, Contes et Apologues, avait paru de lui,
sans nom d’auteur en 1822 (3 vol. in-12). Mais
l’ouvrage qui a mérité à Ladoucette le plus d’éloges,
et rendu le plus de services à la science et
aux lettres est son Histoire, topographie, antiquités, usages, dialectes des hautes Alpes, dont la première
édition date de 1820 et qui a été réimprimé avec
des additions en 1834 et en 1848. C’est le recueil
le plus complet d’informations qui existe sur le
haut Dauphiné. Si l’on n’y trouve pas une érudition
toujours bien étendue et bien sûre, on y
puise du moins des faits recueillis avec intelligence
et avec soin. Ladoucette n’avait pu approfondir
la géographie des Gaules et la philologie
des langues romanes, mais il connaissait bien les
Alpes et en savait parfaitement l’histoire et les
mœurs. Élu en 1834 à la Chambre des députés par
l’arrondissement de Briey, qui gardait le souvenir
de sa courageuse résistance contre l’invasion,
Ladoucette prit place dans les rangs de l’opposition
modérée du centre gauche et s’occupa surtout
des intérêts matériels du pays. On le vit s’opposer
avec force au défrichement des forêts, éclairer la
question des attributions municipales et des biens
communaux. Il prit part à la discussion sur la
responsabilité des agents du pouvoir et fut rapporteur
dans les affaires de St-Domingue. La révolution
de 1848 vint le surprendre sur son siége
de député. Il mourut le 10 mars suivant. Il a laissé
deux fils, dont l’un est aujourd’hui sénateur et
l’autre membre du Corps législatif. On trouve le
portrait de cet antiquaire en tête de la 3e édition
de l’Histoire des hautes Alpes. On doit encore à Ladoucette :
Souvenirs sur Napoléon et Marie-Louise,
dans le Livre des cent et un (t. 2), Anecdotes sur
Napoléon (ibid., t. 15), divers comptes rendus des
travaux de la Société philotechnique publiés dans
les Annuaires de cette société ; il a fourni quelques
morceaux aux Annales de la société d’émulation des Vosges. A. M—y.
LADRILLEROS (Jean), navigateur espagnol, s’était fait remarquer avantageusement dans les guerres civiles du Pérou, lorsque don Garcia Hurtado de Mendoça, gouverneur général du Chili, le chargea de reconnaître la côte méridionale de ce pays et le détroit de Magellan. Ladrilleros partit de Valdivia en novembre 1557 avec deux vaisseaux sous ses ordres, le San-Luis, qu’il montait, et le San-Sebastian, commandé par Cortès Ogéa. Hernan et Pedro Gallego, deux habiles marins, étaient employés comme pilotes. Des observations mal faites, qui lui donnèrent de faux résultats, et l’ignorance de ses guides furent cause qu’il se méprit sur la véritable entrée du détroit. Trois fois il s’engagea dans divers canaux et ouvertures le long de cette côte, dont il a donné une description détaillée. Beaucoup de temps fut ainsi perdu et beaucoup de vivres furent consommés. L’équipage, mécontent, demandait que l’on regagnât le Chili ; Ladrilleros déclara qu’il continuerait sa route. Une conspiration se forma pour lui ôter le commandement ; elle fut découverte, et le capitaine fit pendre les chefs du complot. Un coup de vent ayant séparé les deux vaisseaux, il pousuivit son examen de la côte. Enfin il entra dans le détroit, et séjourna pendant la plus grande partie de l’hiver de ces contrées, depuis la fin de mars jusqu’au 22 juillet 1558, dans le port de Nuestra-Senora de los Remedios. Ensuite il suivit, reconnut et visita dans le plus grand détail les côtes du détroit, comme le lui prescrivaient ses instructions, jusqu’à ce qu’il eût atteint l’embouchure orientale. Parvenu à ce point il revint sur ses pas, répéta dans sa traversée de retour les mêmes reconnaissances qu’il avait faites en allant, et, après avoir essuyé les plus grandes fatigues et vu périr soixante-dix hommes de son équipage, il rentra dans le port de Valdivia avec un seul matelot et un nègre. Le résultat de ce voyage si malheureux fut une connaisance plus exacte de l’Ile de Chiloé et des archipels voisins. Gomara, Argensola, Solorzano, Figueroa, auteurs qui ont raconté les premières expéditions des Espagnols, tant par terre que par mer, avaient cité celle de Ladrilleros. Les archives générales des Indes conservent deux copies manuscrites de son journal. C’est là que M. Navarrète puisa les matériaux de l’extrait du voyage de Ladrilleros ; il l’a inséré dans l’introduction de son ouvrage intitulé Relacion del ultimo viage al estrecho de Magallanes en los anos de 1785 y 1786, Madrid, 1788, in-4o. M. Navarrète dit que ce journal présente un routier des plus circonstanciés. Le navigateur fait connaître non-seulement les côtes et toutes leurs dépendances, mais encore les vents, les marées et la température. Il dit que pour passer du grand océan Austral à l’océan Atlantique méridional, on peut, dans la bonne saison, traverser le détroit en cinq ou six jours. M. Navarrète observe avec raison que le voyage de Ladrilleros est le premier qui ait renversé l’opinion accréditée et dénuée de fondement qu’il n’est pas possible de rentrer du grand Océan dans l’océan Atlantique par ce passage, mais en même temps qu’il a donné lieu à des fables qui se trouvent inserées dans quelques collections de voyages,