Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 22.djvu/18

Cette page n’a pas encore été corrigée


ses bord le général Jourdan. Ce fut lui qui, à la tête de l’alle gauche, après avoir forcé le passage de la Sieg, mit en pleine déroute l’armée du prince de Wurtemberg sur les hauteurs d’Alten|dreben ; mais il aut bientôt sur les bras toute l’armée du prince Charles, forte de soixante mille hommes : il n’en avait que vingt tnllle, qu’il mit en position sur les hauteurs d’Ukrad, avec tant d’habileté qu’ils ne furent point entamés ; il battit ensuite le général Kray à Kaldieck, et le prince de Wartensleben à Friedberg. Pendant les premiers jours d’aoùt, ll commando l’armée par interim, et annonça que sa communication était opérée avec l’armée du llhin-et-Mosellc par lleilbronn. l·’rancfort lui ouvrait ses portes, lorsque, par l’efl’et d’une intrigue et de la jalousie qu’inspiraient ses talents, il fut éloigné de l’armée au montent même où il avait mérité d’en avoir le commandement en chef. L’année suivante (1797), il fut désigné dans les journaux comme général en chef de l’armée de Sambre-et-bleuse, mais lloche eut sur lui la préférence. Kléber, mécontent du directoire, avait quitté l’armée et s’était retiré à Paris, où il vivait dans la retraite et l’étude. Il achete une maison de campagne dans les environs, et il s’y occupait à rédiger des mémoires sur ses campagnes, lorsque Bonaparte, nommé général en chef de l’armée d’Égypte, l’engagea à le suivre, comme étant un des généraux les plus capables de faire réussir son expédition. À peine débarqué, Kléber marcha sur Alexandrie, où il reçut une blessure grave à l’csealade des remparts. Bonaparte, se dirigeant aussitôt vers le Caire, lui laissa le commandement’d’Alexandrle. llhiver suivant, il suivit le général en chef en Syrie à la tête de l’avant-garde, prit le fort d’l-ll-Arisch, marcha dans le désert, s’emp ra de Gaza, et emporta la ville et les forts de Jalfa. Pendant le siège de St-Iean d’Acre, Kléber, détaché du camp, se met en marche avec deux mille hommes pour rejoindre et secourir Junot, menacé à la tète d’un faible corps de cavalerie par une armée turque composée de dix mille Ottoutzms et dix-huit mille Naplousains. Il attaque en plaine cette foule, la rejette en désordre sur le Jourdain et remporte sur ces forces plus que décuples des siennes la victoire célèbre sous le nom de bataille du mont Thabor. Après la levée du siège, il commando l’arrière-garde, et protégez : ellicacement la retraite de l’armée. ltentré en Égypte, il signala de nouveau sa valeur au combat d’Aboukir, où l’armée turque fut défaite. Telle était la considération dont il jouissait dans l’armée, qu’ayant pris la résolution de rentrer en France, Bonaparte, qu’il n’aimait pas et qui ne l’aimait pas, ne crut point pouvoir laisser le commandement en de meilleures mains. Kléber reçut cet honneur plutôt comme un fardeau que comme une faveur. l.’armée était affaiblie par les combats et par les marches dans le désert ; elle n’avait ni argent, ni munitions, et aucun espoir de voir venir des se KH} 13 cours, tandk que le grand vizir tonssoul (avançait avec qoatr•·vingt mille hommes et soixante pleoel de canon par la route de Damas. Déjà même le fort d’El-/trlseb était en son pouvoir, et une partle de l’Égypte se soulevalt en sa faveur. Kléber, qui ne recevait de France que des nouvelles affligeantes, crut qu’il valait mieux songer à sauver sa patrie que de s’obstiner à conserver l’Égypte ; et ll tit le sacriilce de la gloire qu’il aurait pu y acquérir contre les Turcs, en continuant avec eux les négociations entamées par son prédécesseur. Il s’agissait de séparer leurs intérêts politiques dp ceux des Anglais et des Russes ; mais le vizir dépendait trop des Anglais. Kléber négocia par l’entremlse du commodore Sidney Smith, et, par la convention d’l£l-Arisch, l’armée française dut être embarquée et transportée en France avec armes et bagages : l’l-lgypte devait être entièrement évacuée, et tous les Français détenus dans les villes de la domination turque mis en liberté. Fidèle it ce traité, Kléber venait de livrer aux Ottoiuans tous les l’orts de la haute Égypte et la ville de Damiette ; il se disposait même à évacuer le Caire, lorsque l’amiral Keith lui écrivit qu’un ordre de son gouvernement lui défendait de permettre l’exécution d’aucune capitulation, à moins que l’armée française ne mit bas les armes et ne se rendit prisonnière de guerre. Kléber, indigne, tit imprimer cette lettre pour lui servir de manifeste, et se contenta d’y ajouter ces mots : Soldats ! on ne répond à tant d’insolence que par des victoires. Préparez-vous a combattre. » L’évacuation de la partie orientale de l’Égypte, la marche des Turcs concertée avec les Anglais et la concentration de l’armée française, qui se tit rapidement, ne pouvaient manquer d’amener une journée décisive. Kléber développa sa petite armée dans les plaines de Coubé, et enleva d’abord le village de hlataricli, où l’avant-garde turque était retranchée. En s’approchant de l’obé· lisque d’lléliopolis, il aperçut l’armée du grand vizir en bataille, et dix fois supérieure eu force : il l’attaqua immédiatement, la poussa devant lui, s’empara du camp d’El-llanka, emporla le fort de Belbeys, dispersant cette multitude immense à travers le désert, s’emparant à Salahieh de tous ses bagages et d’un butin prodigieux. Cependant l’insurrection avait éclaté a ltoulac et au Caire. Kléber reprit cette capitale de vive force, et recommença en quelque sorte la conquête de l’Égypte. Il apprit presque aussitôt la révolution du 18 bruiuaire, qui plaçait Bonaparte à la tête du gouvernement français, et il eonçut alors l’espoir que son armée serait secourue. La victoire d’tIé· liopolis lui assurait au moins pour un an la possession paisible de l’l·’lgypte. Ifarmée elle-même, dont la position était améliorée, manifestait le désir de conserver une conquête dont elle sentait toute l’importance. Les Égyptiens, étonnés de voir le gr nd vizir battu par une poignée de Français, étafent persuadés que tous les efforts des