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dessein qu’il a accumulé dans l’article D’Are du Dictionnaire philosophique les plus grossiers mensonges et les plus-ridicules erreurs. Hume parle de Jeanne d’Arc plus convenablement ; mais il s’est laissé égarer par Monstrelet, et il n’a pas fait preuve de sa sagacité ordinaire en attribuant à Dunois et aux hommes d’État de la cour de Charles VII les idées philosophiques du 18e siècle. Leclerc, le président llénault et beaucoup d’autres ont commis la même faute. L’ouvrage de ti. Chaussard est terminé par un catalogue de plus de quatre cents ouvrages composés sur la Pucelle, ou de ceux dans lesquels son histoire est racontée ; ce catalogue, quoique le plus étendu de ce genre, est encore incomplet et doit être rectifié dans beaucoup d’articles (1). Le poëme de M. Robert Southey, en anglais, intitulé Joan offi-c (-1° édition, 1812, 2 vol. in-12), est une des tentatives les plus heureuses que les Muses aient faites pour célébrer l’héroïne d’Orléans. C’est encore une des singularités de son histoire devoir le génie de la poésie anglaise inspirer de beaux vers à son honneur, tandis que celui de la poésie française a été jusqu’ici rebelle à ceux qui ont voulu la chanter, et n’a favorisé que celui qui a outragé sa mémoire (voy. Giiaratixu et Voixmnc). Schiller a fait une belle tragédie intitulée Jeanne d’./irc (voy. Cmnuza) ; le dénomment en est cependant très-vicieux. Il a puisé l’idée de sa plus belle scène (celle de l’entrevue de Jeanne d’Arc avec le duc de Bourgogne) dans une scène semblable de Shakspeare, de la tragédie d’Hem*i VI, part. 1. Dans cette pièce, que d’habiles critiques croient n’être pas du premier des tragiques anglais, et qui est indigne de son génie, Jeanne d’Arc joue un rôle odieux. En1795, dans le moment où la guerre qui avait lieu entre la France et l’Angleterre portait au plus haut degré les sentiments d’aversion nationale, un auteur dramatique crut plaire au public anglais en faisant représenter au théâtre de Covent-Garden une pantomime intitulée Jeamge d’Arc, où cette héroïne, au dénomment, se trouvait plongée en enfer par la main des diables : cette fin fut accueillie par des huées, des sifflets et des cris d’indignation. À la représentation suivante, on substitue aux diables des anges qui enlevaient la Rucelle et la transportaient au ciel : ce nouveau dénomment fut très-applaudi, et la pantomime eut beaucoup de succès. Ce fait se trouve consigné dans la préface du poëme de tl. Southey (p. xvm), et nous ol !l-e un exemple remarquable du triomphe de la vertu sur les haines et les préjugés nationaux. W-n.
JEANNE (papesse). Voyez Benson* lil. «
JEANNET (LCUIS-FRANÇOIS), général français,
né le 5 novembre 1768 d’une famille obscure,
s’enr6la dès le commencement de la révolution
dans un bataillon de volontaires nationaux, où il
(tl Ml Barthélemy de Beauregard en a donné une liste plus
complète (voy. la note et-dessusl. li. D-s.
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fit toutes les campagnes des armées du Nord et d’Italie. Parvenu au grade de général de brigade, le 25 novembre 1815, il fut mis à la retraite en 1814 par le gouvernement de -la restauration. L’empereur Napoléon lui rendit son emploi après le retour de l’île d’E.lbe, en 1815, et le nomma commandant du département de l’Ain. Les journaux annoncèrent peu de temps après qu’il s’était fait inscrire sur la liste des fédérés. Après la bataille de Waterloo, lorsque l’armée impériale se fut retirée derrière la Loire, Jeannet se hâta de la rejoindre, espérant y être employé ; mais le licenciement le fit bientôt rentrer encore une fois dans la retraite, où il mourut en 1852.-Jeannet (Oudin), neveu du fameux Danton, était né à Arcis-sur-Aube, dont il fut le maire en 1790. Nommé, en 1792, après la chute du gouvernement royal, commissaire du conseil exécutif à Thionville, il se trouva dans cette place pendant le siége, et y montra de la fermeté. Envoyé peu de temps après comme commissaire. de la convention nationale à Cayenne, il fut chargé d’y proclamer la liberté des noirs. Ayant appris la mort de son oncle, il craignit d’éprouver le même sort, et se sauva aux États-Unis, après avoir vidé les caisses de la colonie. Étant retourné en France un peu plus tard, il fut envoyé de nouveau, en 1797, commissaire du directoire exécutif à Cayenne ; et ce fut alors qu’il y établit, sur l’habitation nommée la Franchise, une maison de correction, où les nègres lil»-er et exempts du fouet eervíle. mais soumis au nerf de bœuf constitutionnel, étaient corrigés de leur penchant à la paresse. Jeannet se trouvait encore à Cayenne lorsque les déportés de fructidor y arrivèrent, à la fin d’octobre 1797. Il se montra fort sévère à leur égard, et les mémoires de Ramel et de Larue contiennent des plaintes très-graves sur lui. Destitué en 1800 par le gouvernement consulaire, pour concussions et abus de pouvoir, Jeannet revint à Paris, où il publia un mémoire justificatif. Il se retira ensuite dans sa patrie, où il mourut dans les premières années de la restauration. hl-n j.
JEANNIN ({{sc[Pierre}}), connu sous le nom de président Jeannin. naquit à Autun, en 1540. Son père était un échevin qui exerçait, dit-on, l’état de tanneur ; et il ne dut qu’à son mérite d’arriver successivement aux premières charges de la magistrature, puis à la place de ministre d’un grand roi. Dans le temps de son élévation, un prince qui cherchait à l’embarrasser lui ayant demandé de qui il était fils, il répondit : de mes vertus. Après avoir étudié le droit sous Cujas, Jeannin fut reçu avocat en 1569, et choisi et 1571 pour être le conseil des états de Bourgogne. Un riche particulier, y ayant entendu un de ses discours, fut tellement charmé de la solidité de ses raisons et de son éloquence, qu’il voulut `l’avoir pour gendre. Comme il s’informait en quoi consistaient ses ressources pécuniaires, Jeannin montrant sa téte et ses livres : Voilà, dit-il, tout mon bien et