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ses mains. Dieu le choisit pour être l’époux de Marie et le protecteur de son Fils. Il était fiancé à la sainte Vierge quand l’ange lui annonça Pincarnation du Verbe. Joseph ne fut pas instruit de ce mystère ; c’est pourquoi, s’étant aperçu que Marie était enceinte, il en fut surpris. Son étonnement fut suivi de quelque soupçon ; mais, parce qu’il était juste, il n’osa ni condamner une personne en qui il avait remarqué une pureté inviolable, ni se résoudre à demeurer avec celle dont la faute, s’il y en avait, pourrait rendre coupables sa dissimulation et son silence : aussi prit-il le parti de la renvoyer en secret ; mais un ange lui apparut en songe, et lui dit, de la part du Seigneur : « Fils de David, ne craignez point de garder avec vous Marie, votre épouse. Ce qui vous paraît un sujet de scandale est l’ouvrage du St-Esprit. Marie mettra au monde un fils que vous nommerez Jésus, parce qu’il doit sauver « son peuple et le délivrer de ses péchés. » Il n’en fallut pas davantage pour rassurer St-Joseph. Il garda son épouse et s’abstint de tout commerce avec elle. Six mois après cette révélation, il fut obligé de partir pour Bethléhem, avec la sainte Vierge, pour s’y faire inscrire comme membre de la famille de David, dans le dénombrement général qu’Auguste faisait faire de tout l’empire. Joseph et Marie ne purent trouver à Bethléhem d’autre logement qu’une grotte qui servait d’étable, et ils y entrèrent pour se reposer. Ce fut la que naquit le Sauveur du monde. Joseph fut témoin de sa naissance, et eut le bonheur de lui rendre les premiers hommages. Quarante jours après, il le porta au temple, où il le présenta au Seigneur, et entendit avec admiration de la bouche du vieillard Siméon les hautes destinées de cet enfant. Quand il fut de retour à Bethléhem, des mages venus d’Orient offrirent au Messie leurs adorations et des présents mystiques. Quelques jours s’écoulèrent ; et l’ambitieux Hérode, craignant d’être détrôné par le Messie, prit la résolution de le faire périr. Le Seigneur avertit Joseph de prendre l’enfant et Marie, sa mère, de s’enfuir en Égypte, pour éviter la fureur de l’usurpateur, et d’y rester jusqu’à ce qu’il reçût de nouveaux ordres. Joseph ne balança pas ; il partit avec son précieux dépôt, et se fixa en Égypte jusqu’à la mort d’Hérode. L’ange, alors, lui commanda de retourner dans le pays d’Israël ; mais comme Jérusalem et ses environs étaient sous la dépendance d’Archélaüs, fils d’Hérode et héritier de sa cruauté, Joseph craignit pour l’enfant, et se retira à Nazareth, son ancienne demeure, où régnait Antipas, et où la naissance de Jésus avait eu moins d’éclat. Le saint patriarche, qui remplissait avec exactitude les préceptes de la loi judaïque, et qui se rendait à Jérusalem tous les ans pour la solennité pascale, y mena Jésus quand il eut atteint sa douzième année, et qu’il n’y eut plus rien à craindre pour sa sûreté, depuis l’exil d’Archélaüs. Après la fête, Maríe et Joseph reprirent la route de Nazareth, et ne s’aperçurent de l’absence de Jésus qu’au bout d’un jour. Remplis d’inquiétude, ils revinrent à Jérusalem ; ils le cherchèrent trois jours consécutifs, et le trouvèrent enfin dans le temple, assis au milieu des docteurs de la loi (voy. Jésus-Christ). « Mon fils, lui dit sa mère, pourquoi en avez-vous agi de la sorte avec nous ? Voilà que votre père et moi nous vous cherchions, fort affligés. » « Ne faut-il pas, répondit Jésus, que je remplisse la volonté de mon Père céleste ? » Il les suivit néanmoins ; et l’Évangile remarque qu’il

leur était soumis. C’est tout ce que nous savons de St-Joseph. Il est à croire qu’il était mort avant que le Sauveur du monde commençât à prêcher son Évangile, puisqu’il n’est fait mention de lui nulle part, pas même aux noces de Cana, où Jésus fut invité avec sa mère et ses disciples. Le culte de St-Joseph n’est pas fort ancien dans l’Église. Il a commencé d’ètre pratiqué en Orient avant de l’être dans l’Occident. Les Syriens et les Cophtes célèbrent sa fête le 20 juillet, l’église romaine, depuis Sixte IV, la célèbre le 19 mars. Grégoire XV ordonna, en 1621, et Urbain VIII, en 1642, que cette fête fût d’obligation ; mais leurs ordonnances n’ont point été suivies. Ste-Thérèse le choisit pour patron de son ordre. Le pieux et docte Gerson avait contribué beaucoup à l’institution de la fête de St-Joseph : il composa un office en son honneur, et une vie en vers latins ; elle est divisée en douze livres, intitulés Josephina, et contient près de trois mille vers. On y trouve, sur chaque circonstance de la vie de St-Joseph, des affections pieuses et des méditations. Ces pièces sont à la fin du quatrième tome de la collection des Œuvres de Gerson, édition de Dupin, 1706. St-François de Sales avait aussi pour St-Joseph une dévotion spéciale, comme on le voit par son dix-neuvième entretien.

L-b-e.


JOSEPH Ier, empereur d’Allemagne, était fils de Léopold Ier et de sa troisième femme, Éléonore Madeleine, de la maison palatine de Neubourg. Il naquit le 26 juillet 1676 : son éducation fut confiée au prince Charles-Othon de Salm, au baron de Wagenfels, et a un ecclésiastique nommé Kummel, qui devint ensuite archevêque de Vienne, et qui joignait à des connaissances très-étendues une grande modération. En 1687, Joseph fut proclamé roi de Hongrie, et, en 1690, il reçut le titre de roi des Romains. Son père étant mort en 1705, il prit les rênes du gouvernement, réunissant à la succession d’Autriche la dignité impériale. Il avait donné de grandes espérances à la nation allemande et il les réalisa. Son règne, quoique très-court, fut signalé par plusieurs événements importants. La guerre de la succession d’Espagne, qui devait décider si le tronc de ce pays appartiendrait à Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, ou à Charles, second fils de Léopold Ier, avait commencé pendant le règne de cet empereur. Joseph la continua, et fit de grands efforts pour soutenir la cause de son frère. Le