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qui l’ont précédé, n’est estimée que pour quelques détails utiles sur la géographie des anciens pays du nord.

G. F-r.


JORTIN (John), théologien anglais, né à Londres le 23 octobre 1698, était fils d’un protestant français, qui, chassé de la Bretagne par l’intolérance religieuse, devint gentilhomme de la chambre du roi d’Angleterre, et secrétaire de plusieurs grands personnages, entre autres du lord Orford. Après avoir fait d’excellentes études à Cambridge, il fut employé à faire des extraits d’Eustathe pour les notes de la traduction d’Homère de Pope, et publia, en 1722, quelques poëmes latins, sous le titre de Lusus poëtici, qui furent bien reçus du public. Il occupa quelques petites cures, et se fit de la réputation à Londres par ses sermons, malgré la médiocrité de son élocution. Le comte de Burlington le désigna, en 1749, pour prononcer les leçons fondées par Robert Boyle. Il paraissait soupirer uniquement après une vie tranquille, humble et obscure, remplie par les fonctions du ministère et par la culture des lettres : mais son mérite ne pouvait rester longtemps ignoré ; plusieurs excellents ouvrages lui procurèrent des protecteurs. Osbaldiston, son ami, devenu évêque de Londres, le nomma son chapelain : il fut successivement prébendier de St-Paul, ministre de Kensington, et archidiacre de Londres. Il mourut le 5 septembre 1770, à l’âge de 72 ans. Quoique triste en apparence, son caractère était naturellement enjoué : il en sortait cependant quelquefois, et s’aigrissait surtout lorsqu’on s’exprimait devant lui avec peu de respect sur l’érudition et sur la science du critique, dont il avait une très-haute idée. On trouve des traces de cette disposition dans ses ouvrages, dont nous allons citer les plus importants : 1° Remarques sur les poëmes de Spenser, suivie : de Remarques sur Milton, 1751, in-8° ; 2° Discours concernant la vérité de la religion chrétienne, 1746, in-8° ; 5° Observations mêlées sur des auteurs anciens et modernes, 1731, 2 vol. in-8°, ouvrage qu’il composa avec Pearce, Masson, etc., traduit en latin, à Amsterdam, et continué par d’Orville et Burman ; 4° Remarques sur l’histoire ecclésiastique, en 5 volumes in-8°, publiés, le premier, en 1751, le deuxième, en 1752, le troisième, en 1754, et les deux autres, après la mort de l’auteur, en 1773 ; 5° Six Dissertations sur différents sujets, 1755, in-8°. La sixième, sur l’état des morts, tel qu’il

est décrit par Homère et par Virgile, et ayant pour but d’établir l’antiquité de la doctrine d’un état futur, lui attira une très-rude attaque de la part de Warburton, auquel il ne répondit que par quelques mots pleins de modération. 6° Vie d’Érasme, 1758, 1 vol. in-4°, sur le plan de la Vie d’Érasme insérée par Leclerc dans la Bibliothèque choisie ; 7° Remarques sur les ouvrages d’Érasme, avec un Appendix. 1760, in-4°. C’est une suite de l’ouvrage précédent. On les a réimprimées en 1807, 2 vol. in-8°, et M. A. Laycey en a donné un abrégé, en 1809, 1 vol. in-8°. 8° Quatre volumes in-octavo de Sermons, publiés par son fils en 1771, réimprimés en 1772, avec trois nouveaux volumes. Ils firent plus d’effet à la lecture qu’ils n’en avaient produit en chaire ; ce qui n’arrive pas souvent. On a donné une nouvelle édition de ses œuvres complètes. Le docteur Parr a fait un bel éloge du caractère et de l’esprit de Jortin.

L.


JOSAPHAT, roi de Juda, succéda, l’an 928 avant J.-C., à son père Asa. Ce fut un prince juste et agréable au*Seigneur : il ne prit aucune mesure de rigueur pour abolir le culte des hauts lieux ; mais il ordonna aux chefs des sacrificateurs de parcourir les villes pour instruire le peuple, et le ramener par la persuasion à la pratique des préceptes de la loi. Il pourvut à la sûreté de ses États en tortillant les endroits d’un accès facile, et leva une armée qu’il partagea en plusieurs corps, sous le commandement d’autant de chefs chargés chacun de la défense d’une partie des frontières. Il se rendit redoutable aux peuples voisins, qui se soumirent à lui payer les tributs accoutumés, et la paix fut établie dans Juda. Josaphat commit la double faute de marier son fils Joram à Athalie, fille d’Achab, roi d’Israël, et de s’unir à ce prince impie pour faire la guerre aux Syriens. Cette expédition fut terminée promptement par la mort d’Achab (voy. Achab), et le Seigneur fit reprocher à Josaphat, par la bouche des prophètes, d’avoir uni ses armes à celles du roi d’Israël. Josaphat pleura son péché, et apaisa la colère du Très-Haut par des sacrifices. Il s’appliqua particulièrement à faire régner la justice dans ses États : il établit dans chaque ville des magistrats pour juger les différends qui pourraient s’élever parmi le peuple, à l’exception des causes importantes, qui devaient être soumises à la décision d’un tribunal composé des principaux sacrificateurs et des lévites. La paix dont jouissait Juda fut troublée par une invasion des Moabites, des Ammonites et des Arabes, qui, ne trouvant aucune résistance, vinrent camper dans le territoire d’Engaddi, à trois cents stades de Jérusalem.

Josaphat, dans ce péril pressant, eut recours au Seigneur, qui donne la victoire à qui il lui plait ; il pria avec larmes, et offrit des sacrifices pour le salut de son peuple. Ses prières furent exaucées, et la division s’étant glissée parmi ses ennemis, ils entrèrent dans une si grande fureur qu’ils tournèrent leurs armes les uns contre les autres. Cet événement rendit la paix à Josaphat, qui dirigea aussitôt toutes ses vues vers la prospérité de son royaume. Il voulut ouvrir une nouvelle voie au commerce de ses peuples, et fit équiper une flotte pour Ophir ; mais ses vaisseaux, battus par la tempête, échouèrent contre les rochers d’Asiongaber, et il n’osa pas tenter une nouvelle expédition. Il aida Joram, fils d’Achab, dans la guerre qu’il entreprit contre les Moabites, et mourut en 892, après un règne de vingt-cinq années. Joram, son fils, lui succéda.

W-s.