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fonctions, il remplit celle de trésorier de l’overyssel, jusqu’à ce qu’enfin il fut, en 1802, nommé conseiller de la cour batave suprême. Comme homme de lettres, Jordens a mis au jour deux dissertations académiques qu’il avait soutenues, dans sa jeunesse, sur les bancs de l’université : 1° De differentiis actionum bonæ fidei, stricti juris et arbitrariarum, Deventer, 1755, in-4° ; 2° Ad legem unicam codicis de Nili aggeribus non rumpendis, Leyde, 1756, in-4°. Parvenu à l’âge mûr, il se mit à cultiver les muses latines, et M. Hoeufft l’a loué sous ce rapport dans son Parnassus latino-Belgicus, p. 229. Il publia en 1795, à Deventer : 3° Josephus, carmine heroïco celebratus. On sait que ce sujet, traité ici en huit livres, n’avait pas inspiré d’une manière fort heureuse Fracastor et Élie Corsini. On lui doit encore :

Gellia, lusus poeticus, accedunt ejusdem eclogœ et epigrammata. Leyde, 1795. Sax rapporte quelques vers qu’il laissa dans sa prison, au moment de sa délivrance, et qui ne valent pas ceux qu’avait composés Grotius à Lœwestein. Jordens mourut en 1805. M. Scheltema lui a donné place dans sa Hollande politique (Staatkundig Nederland. t. 2, p. 555), et M. Hofman-Peerlkamp, dans sa Galerie de poëtes latins. Celui-ci y marque la naissance de Jordens comme l’avait fait erronément l’auteur de l’onomasicon lítterarium, espèce de méprise qu’il est si facile de commettre, surtout pour les contemporains, que la critique aurait tort de se montrer trop sévère à cet égard.

R-f-g.

JORE (Claude-François), et non François Jonas, imprimeur-libraire à Rouen, fit en 1750, par l’entremise de Cideville, connaissance avec Voltaire, et imprima en 1751 vingt-cinq Lettres philosophiques de cet auteur. Cette première édition, quoique tirée à 2 500 exemplaires, n’est plus connue aujourd’hui que parce que Jore en dit lui-même dans son Mémoire contre Voltaire, à qui il en avait remis deux exemplaires seulement. Les circonstances ne permettant pas la mise en vente de cet ouvrage, l’imprimeur ne voulut pas se dessaisir du reste de l’édition, qu’il mit en sûreté ; mais en 1754 parut une nouvelle édition des Lettre : philosophiques. Jore fut enfermé à la Bastille, et n’en sortit qu’au bout de quatorze jours, après avoir prouvé qu’il ne possédait pas de caractères pareils à ceux qu’on avait employés pour cette réimpression. Malheureusement pour lui, on découvrit peu après, et l’on saisit l’édition qu’il avait faite trois ans auparavant, et, par arrêt du conseil de septembre 1754, il fut destitué de sa maitrise, et déclaré incapable d’être jamais imprimeur ni libraire. Les ennemis de Voltaire s’emparèrent de l’esprit d’un homme malheureux et exaspéré, et, au bout de deux ans, parvinrent à lui faire signer un Mémoire pour C.-F. Jore, contre le sieur François-Marie de Voltaire, 1756, in-8° de 55 pages, qu’on a réimprimé dans le Voltariana. Jore, deux ans après, reconnut ses torts, et, dans une lettre du 20 décembre 1758, proclama qu’on avait abusé de son malheur pour le forcer à intenter un procès injuste, et à laisser imprimer un factum odieux. Il répète la même chose dans une lettre du mois de juin 1742 : il était encore à Paris. Il alla depuis à Milan, et y donna des leçons de langue française ; mais cette ressource était insuffisante ; l’homme qu’il avait si gravement offensé vint à son secours, et lui fit une pension. Jore était encore à Milan en 1775. On ignore l’époque de sa mort. On a de lui : 1° Aventures portugaises. Bragance (Paris, Duchesne), 1756, 2 vol. in-12 ; 2° six Lettres d’excuses ou de remerciements à Voltaire ; elles sont imprimées à la suite de la Vie de Voltaire, par Condorcet. Jore est un de ceux à qui l’on attribue le Voltariana, ou Éloge : amphigourique : de Fr.-Marie Arrouet, rieur de Voltaire, etc., 1748,

in-8°. Mais si, après avoir offensé Voltaire en 1756, Jore eut le courage de s’en repentir, et d’en demander pardon en 1758 et 1742, il n’est pas à croire qu’il ait récidivé six ans après, et s’il l’eût fait, il aurait certainement reconnu cette nouvelle faiblesse dans ses Lettres de 1768, 1769, 1775 : il n’en dit pas un mot. Saint-Hyacinthe, mort en 1746, ne peut guère non plus être l’auteur, c’est-à-dire compilateur du Voltariana. C’est probablement à Travenot fils et à Mannory qu’appartient l’honneur d’avoir publié ce libelle.

A. B—t.


JORGE JUAN. Voyez Juan y Santacilia.


JORISZ (David). Voyez DAVID-GEORGE.


JORNANDES, ou, comme on le trouve nommé dans les Analecta du P. Mabillon, Jordanes, Goth de nation, et notaire du roi des Alains, ayant embrassé le christianisme, devint évêque de Ravenne, vers l’an de J.-C. 552. Il est auteur d’une Histoire des Goths jusqu’au règne de Vitigès, vaincu par Bélisaire : elle parut pour la première fois avec l’Histoire des Lombards, de Paul Warnefride, Augsbourg, 1515, in-fol. Guillaume Fournier en donna une édition avec Cassiodore en 1558, Bonaventure Vulcanius, à Leyde, en 1618, et Grotius, Amsterdam, Elzévier, 1655, in-8°. La meilleure édition est celle de dom Garet, publiée avec les œuvres de Cassiqdore, d’où cette histoire a passé dans la grande collection de Muratori, revue et corrigée par Sassi, sur un très-ancien manuscrit de la bibliothèque Ambrosienne. Drouet de Maupertuis l’a traduite en français, Paris, 1705, in-12. Il existe encore un ouvrage de Jornandès, sous le titre : De origine mundi. Beatus Rhenanus le mit au jour avec d’autres auteurs, à Bâle, en 1551, in-fol., et Gruter lui donna place dans sa collection des historiens de l’Histoire auguste, Hanau, 1611, in- fol. ; Lindenbrog le revit, Hambourg, 1611, in-4°. Il est encore imprimé dans le Recueil du historien : latins, Genève, 1609 et 1652, in-fol., t. 2, et dans la collection de Frédéric Sylburge, Francfort, 1588, in-fol. Cette compilation de Jornandès, dans laquelle il a mis à contribution, sans les citer, tous les historiens