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tre, que quelques critiques peu éclairés n’ont pas craint de comparer à liubens, n’approche de son maître que par la force et la transparence du coloris, la magie des reflets, la vérité de l’imitation ; et ces qualités sont tellement éminentes chez lui, qu’elles ont suffi pour le placer au premier rang des peintres de son école. Mais il est loin de porter au même degré les autres qualités de l’art. Jamais il n’a pu sortir de cette imitation servile d’une nature basse dont, nonobstant l’étude des chefs-d’œuvre de l’Italie, les traces sont encore si visibles dans Rubens lui-même. Les sujets traités par Jordaens ne présentent en général que des actions de la vie commune ; ou, s’il s’efforce de s’élever à des conceptions plus nobles, la la nature perce malgré lui, et l’influence des premières études le fait retomber bientôt dans ce style dépourvu d’élégance et de grandiose qui semble avoir été le partage des artistes nés dans la Flandre. Un assez grand nombre de tableaux de ce maître ont été gravés par Marinus, P. de Jode, et particulièrement par Bolswert. Lui-même a gravé d’après ses ouvrages, entre autres les Vendeurs chassé : du temple ; une Descente de croix ; Jupiter et Io ; Jupiler allaité par la chèvre Amalfbée ; Mercure coupant la tête et Argus. etc. Ces eaux-fortes Sont remarquables par la hardiesse du travail. Les dessins de Jordaens sont estimés ; cependant le mérite de la composition et l’esprit qu’il y décèle ne peuvent cacher la lourdeur et Pincorrection des figures, que dissimulaient du moins dans ses tableaux la vigueur et la vérité du coloris. Le musée du Louvre ne possède aucun dessin de ce maître. P-s.


JORDAN (lmuoso), prévót de l’église d’Uzès, en 1581, et qui fut depuis abbé de Celles, est le véritable auteur des ouvrages insérés dans la bibliothèque des Pères, sous le nom d’Idiota’. ou du savant ldiot. On doit cette découverte au jésuite Théophile Raynaud. Lefèvre d’Étaples avait publié en 1519, et dédié à Michel de Briçonnet, évêque de Nimes, une partie de ces ouvrages, Sous le titre de Conlemplatione : ldiolœ. Jordan avait aussi fait un traité De pondu-ibuz. ainsi que l’annoncent deux feuillets en caractères gothiques intercalés dans un manuscrit d’Horace de la bibliothèque de Paris, cité par `Vanderbourg. V. S. L.


JORDAN (Étienne), né à Valladolid en décembre 1545, était peintre, architecte et sculpteur. Mais il parait que c’est à ce dernier titre qu’il acquit le plus de réputation. Une des preuves de son mérite, c’est que Philippe II, qui n’aimait pas la médiocrité dans les talents, le nomma son premier sculpteur, et il fut attaché à la cour jusqu’à la mort de ce monarque. Les ouvrages les plus remarquables de Jordan sont un St-Pierre, un

St-Paul. une Madeleine et une Adoration des rois. On doit croire qu’il était aussi un bon peintre, puisque Greco ne dédaigna pas de lui soumettre ses tableaux. On en connaît six de Jordan, qui JOB

sont très-estimés, et qu’on voit in Valladolid, dans l’église de la Madeleine. Cet artiste mourut dans cette dernière ville vers 1605. B-e.


JORDAN (Culuoc), dit de Colombier, né dans la seconde moitié du 17e siècle, voyagea pendant une douzaine d’années en diverses contrées de l’Europe, et s’établit, en 1686, libraire à Leyde. Plus tard, s’étant retiré dans le Barrois, il rédigea et publia ses Voyage : historique : de l’Europe, depuis 1692 jusqu’en 1700, Paris, 1692-1703, 8 vol. in-12. Cet ouvrage, qu’il dédia au roi de France, dont il était pensionné, contient, outre les observations recueillies par Jordan dans le cours de ses voyages, des mémoires que lui avait laissés un de ses amis sur le même sujet, et fut réimprimé plusieurs fois en France et à l’étranger. En 1704, Jordan fonda, sous le titre de la Clg’ du cabinet du prince : de l’Em-ape, un journal mensuel consacré aux matières du temps, c’est-à-dire aux nouvelles de la politique, de la littérature, des sciences, etc., qui parut d’abord à Luxembourg et fut ensuite imprimé à Verdun ; mais, quoique depuis 1717 l’impression s’en fit à Paris, il est resté connu sous le nom de Journal de Verdun. Les publications de ce genre n’étaient pas alors aussi nombreuses qu’elles le sont maintenant ; le recueil de Jordan eut un succès immense, et, pour en agrandir le cadre, il donna un Supplément. où il rapporte les événements remarquables arrivés depui : la paix de Rnwick, en 1697.’ju.¢qu’en 1704, Verdun, 1715, 2 vol. in-8°. Il continua jusqu’en 1727 la rédaction de cet ouvrage périodique, auquel travaillèrent successivement les académiciens la Barre, Égly, Bonamy et Ameilhon (boy. ces noms), et qui cessa de paraître en 1776. La collection complète, en 120 volumes in-8°, assez rare aujou, rd’hui, est encore recherchée à cause des détails curieux et vraiment utiles qu’elle renferme. Dreux du Radier, auteur de la Table générale du Journal de Verdun (depuis 1697 jusqu’en 1756, 9 vol. in-8°), après avoir, dans sa préface, désigné comme le fondateur de cette publication Charles-Philippe Jordan de Durand, la restitue, dans la Table même, à Claude Jordan. Celui-ci, tl’8pt’èS le Journal littéraire, qui parut ÎI Soleure en 1705, aurait désavoué sa participation à la Clef du cabinet des prince : ; mais on sait que les désaveux d’écrits qui touchent à la politique ne tirent point à conséquence. Claude Jordan mourut probablement en 1746, année où les initiales de son nom. C. J., * qui depuis 1717 se lisaient sur le frontispice du Journal de Verdun, cessèrent d’y figurer, quoique d’ailleurs il n’y travaillât déjà plus. On lui doit encore un C/mia : de borugnotr (par ordre alphabétique), ou Pensée : des gem d’e : pril sur taule sorte de sujets, Amsterdam, 1709, in-12 ; nouvelle édition, considérablement augmentée, ibid., 1716, in-8°. C’est à tort que Prosper Marchand, dans son édition des Lettre : choisie : de Bayle, attribue à Claude Jordan l’H¿uoire abrégée de l’Europe. qui se vendait chez ~