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était devenu adjudant commandant et général de brigade, quand le délabremant de sa santé le força de quitter l’armée active, en 1815. Il vint alors reprendre à Paris la direction du dépôt général de la guerre, qu’il perdit peu de temps après. Napoléon, à son retour de l’ile d’Elbe, le nomma chef de division au ministère de la guerre, place qu’il perdit encore après les cent jours. Dès lors retiré dans sa modeste maison de Sèvres, et rappelé par la nécessité (1)[1] comme par ses goûts au culte des arts, il fut un des premiers à saisir tous les avantages de la lithographie naissante ; et, en la popularisant par ses nombreuses publications, il acheva de populariser son nom déjà célèbre. C’est au milieu de ces travaux qu’il mourut à Sèvres, âgé de 62 ans, le 12 septembre 1824. Dessinateur, Bacler-Dalbe a mis au jour : 1° Ménales pittoresques et historiques des paysagistes (collection de gravures au trait et à l’aqua-tinta, d’après les meilleurs ouvrages connus et inédits des peintres paysagistes de toutes les écoles), accompagnés de notes historiques et critiques sur la vie des peintres, le mérite de leurs ouvrages et les principes de l’art, Paris, 1803, in-4ode 56 planches. 2° Souvenirs pittoresques, ou Vues lithographiées de la Suisse, du Valais, etc., 17 liv. in-fol. de chacune 6 planches, Paris, 1818, et suiv. 3° Souvenirs pittoresques, contenant la campagne d’Espagne, suite d’estampes lithographiées, 17 liv. iu-fol., chacune de 6 planches, Paris, 1824. 4° Promenades pittoresques dans Paris et ses environs, 8 liv. in-fol. de 48 planches lithographiées. 5° Vues pittoresques du haut Faucigny, gravures en couleur. Comme peintre, puisque dès sa jeunesse il a cultivé également avec succès la peinture, Bacler-Dalbe a composé, entre autres tableaux qui ont été remarqués aux différentes expositions du salon, la Bataille d’Arcole, tableau à l’huile de la plus grande dimension et que l’on regarde comme son chef-d’œuvre ; la Bataille d’Austerlitz, que, comme la précédente, il avait l’avantage d’avoir vue de ses propres yeux, et son joli morceau de Paris chez Œnone, qui a décoré la galerie de la Malmaison. Enfin, comme écrivain, il a donné au dépôt de la guerre d’excellents mémoires sur la gravure des cartes (mémoires dont on trouve l’extrait dans le Mémorial topographique), et il a rédigé les notes qui accompagnent son charmant recueil de Ménales. A tous ces titres a l’attention de la postérilé, on peut ajouter que c’est dans les ateliers de Bacler-Balbe que plusieurs des graveurs attachés aujourd’hui au bureau de la guerre se sont formés et ont commencé leur réputation, et que c’est à sa prudence et à ses heureuses précautions que la France doit de ne pas avoir perdu les cuivres de la grande carte de France de Cassini, si longtemps et si minutieusement cherchée par les alliés en 1815. On peut consulter sur Bacler-Dalbe le Bulletin de la Société de géographie, t. 2, p. 200, le Journal des Voyages, t. 15, p. 185, t. 24, p. 241 et 371, et le Mémorial universel des Sciences et des Arts. t. 4, 47e liv. On nous dispensera d’insister sur la flexibilité de talent que dut posséder un homme qu’on vit quitter le pinceau pour l’épée, l’épée pour le compas, et enfin revenir du compas au pinceau et aux crayons. Comme cartographe, Bacler mérite un rang élevé dans l’histoire de l’art. Non-seulement sa carte d’Italie est la meilleure de toutes celles que l’on a de ce pays, mais elle a contribué à l’avancement du dessin de la carte. Abandonnant toute perspective linéaire, et rapportant tout à la projection horizontale, il a fait disparaître ces clochers, ces arbres, ces monts en élévation qui encombraient et masquaient le dessin des surfaces : il comprit que seule une juste entente du clair-obscur, une sorte de perspective aérienne doit faire sortir et déterminer les hauteurs respectives des montagnes. Du reste, son échelle d’1/43200, ou une ligne pour 500 toises, lui permettait d’intéressants détails. La première partie de la carte surtout est excellente : la rivière de Gênes, partie du Piémont, Lombardie, Légations, Toscane, Venise, Autriche même, y sont en général fort bien traitées. Les imperfections que l’on pourrait y relever tiennent moins au dessin qu’à la gravure cartographique alors dans l’enfance, surtout en Italie. La partie mathématique n’est pas négligée, et les notes disséminées prouvent que l’auteur ne s’est décidé sur les points litigieux qu’après un mûr examen. La carte entière a paru a Paris, an 11 (1802), sous le titre de Carte du théâtre de la guerre en Italie, lors des premières campagnes de Bonaparte en Italie.

Val-p.. et W-s..


BACMEISTER (Hartman-Louis-Christian), chevalier de l’ordre de St-Wladimir, et membre de l’académie de Pétersbourg, était né à Hernbourg, en 1736, et fit ses études dans les universités d’Allemagne. Ainsi que plusieurs autres savants de son pays, il se rendit à Pétersbourg, et contribua aux progrès des lettres et des sciences en Russie. Il dirigea longtemps le collège allemand de cette ville, et seconda le développement de plusieurs autres institutions utiles. Ses ouvrages, tous écrits en allemand, ne sont pas aussi célèbres que ceux de Pallas, Guldenstedt, Muller, Georgi ; mais ils servent à faire connaître la Russie sous plusieurs rapports intéressants, et ceux qui ont écrit sur ce pays les citent souvent. On lui doit : 1° un Abrégé de Géographie de l’empire russe, Pétersbourg, 1773 ; 2° un Recueil de mémoires et de pièces authentiques sur l’histoire de Paul 1er, Riga, 1785 ; 3° une Bibliothèque russe, en 11 vol., 1777 à 1788, contenant des extraits d’un grand nombre d’ouvrages publiés en Russie, dans la langue du pays et en langues étrangères, la description des principaux monuments d’architecture et de sculpture, des anecdotes historiques et littéraires, et des précis sur les institutions remarquables. Cet ouvrage a été utile à Storch et à Friebe, qui ont publié, l’un et l’autre, une statistique de la Russie. On a aussi de Bacmeister un ouvrage historique sur la Suède, qui est peu connu. Ce savant mourut à Pétersbourg, en 1806.

Luc BACMEISTER, théologien de Rostock, dans le 16e siècle, a publié un grand nombre de dissertations

  1. Dans une lettre qu’il écrivit, le 22 novembre 1816, au grand chancelier de la Légion d’honneur, et que nous avons sous les yeux, il annonce que tous ses brevets ont été perdus dans les débris de sa maison pillée par les alliés. V-ve.