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l’esprit philosophique de Joubert. On est surpris de lui voir rapporter, comme des vérités incontestables, diverses croyances populaires de son temps ; par exemple : que le diamant se ramollit dans le sang de bouc ; que le chant du coq met en fuite le lion, etc. Il cite comme un des échos les plus merveilleux celui de Charenton, qui répète sept fois le son. Les sonnets placés en tête de chaque chapitre prouvent qu’il sacrifiait aussi aux muses ; mais un biographe a déjà dit avec raison que ses vers font plus d’honneur à son cœur qu’à son talent poétique. Éloy n’a point donné d’article à Bachot dans son Dictionnaire. Carrère se contente de rapporter le titre de son ouvrage. Mais ce médecin est oublié dans toutes les biographies modernes, quoique son livre, devenu rare, soit assez recherché des curieux.

— Un autre médecin de la même famille, Étienne BACHOT, était né à Sens vers 1610. Il prit le grade de docteur à la faculté de Paris en 1648. Médecin et ami de Ménage, Gomberville, Benserade, Charpentier, etc., il cultivait lui-même la littérature avec beaucoup de succès. On a de lui des épigrammes latines très-agréables. Dreux du Radier, dans ses Récréations historiques, t. 2, p. 108, en rapporte deux, l’une contre les partisans de l’antimoine, qui se flattaient d’avoir, avec ce remède, opéré la guérison du roi en 1630 ; et l’autre sur l’écuyer du comte de Crussol, qui se poignarda sous les yeux d’une femme qu’il n’avait pu rendre sensible à sa passion. Cet événement, qui fit une grande sensation à la cour, est de l’année 1669. Le quatrain suivant de Bachot, sur la mort de Molière, qui mourut en jouant le Malade imaginaire, est une des meilleures pièces qui parurent alors :

Roscius hic silus est, parva Molierus in urna,
    Cui genus humanum ludere ludus erat.
Dum ludit mortem, mors indignata jocantem
    Corripit, et mimum lingere sacra negat.

Ménage a conservé quelques vers agréables que Gomberville avait adressés à Bachot pour lui reprocher son silence. (Voy. le Ménagiana, édition de 1715, t. 2, p. 232.) On n’a pu découvrir la date de la mort de Bachot ; mais on peut la placer vers 1687, année où parut son dernier ouvrage. Il prenait le titre de médecin du roi. Voici la liste de ses productions : 1o le Tombeau du maréchal de Schomberg, Paris, 1635, in-8o. 2o Apologie pour la saignée contre ses calomniateurs, Paris, 1646, in-8o ; ibid., 1648, in-S°. 3o Ergo medicus philosophus ἰσόθεος, Paris, 1616, in-4o. 4o Ergo in febribus continuis putridis tenuis victus, Paris, 1647, in-4o. Cette thèse renferme des propositions que nos écoles modernes ne désavoueraient pas. 5o Ergo pueris acute laborantibus venœ sectio, Paris, 1648, in-4o. 6o Quaestiones medicæ, Paris, 1648, in-12. 7o Ergo patrum in natos abreunt cum semine mores, Paris, 1649, in-4o. 8o Panegyricus gratulalorius ad Ludovicum XIV post civicos tumultus Lutetiam reversum, Paris, 1652, in-fol. et in-4o. 9o Ergo utendum cibis simplicioribus, Paris, 1658, in-4o. 10o Eucharisticum pro pace ad card. Mazarinum, Paris, 1660, in-8o. 11o Vesperlina et pileus doctoralis, cum quoestionibus medicis. Paris, 1675, in-8o. 12o An chocolatae usus salutaris ? Paris, 1684, in-4o. 13o An affectibus melancholicis manna ? Paris, 1685, in-4o. 14o Parerga seu Horae subcesiva, quibus continentur poemata latina et gallica, Paris, 1686, in-12. C’est un recueil de pièces en vers et en prose, dans lequel on trouve une traduction de la Solitude de St-Amand, qui avait paru en 1662, sous le nom du P. Cotignac, dans une collection de pièces de quelques pères de la Doctrine chrétienne, avec un. changement de certains mots seulement. 15o Non ergo urinis se medicum professo statim credendum, Paris, 1686, in-4o. 16° Estne phlebotomia omnis aetatis, omnium morborum magnorum princeps, et universale remedium ? Paris, 1687, in-4o.

J-d-n. et W-s..


BACHOV (Reinhard ou Reiniek), jurisconsulte, né à Cologne, en 1544, fut longtemps négociant à Leipsick, où il cultiva aussi les lettres, et en particulier l’étude des langues. Soupçonné de calvinisme, il ne put obtenir aucune grande place, jusqu’à l’avènement de l’électeur Christian 1er, qui le fit échevin en 1585, et bourgmestre en 1588. À la mort de ce prince, on somma Bachov de faire profession de luthéranisme ; il s’y refusa, et perdit ses places. Un tumulte populaire, survenu à Leipsick en 1593, pour cause de religion, lui fit perdre encore ses biens et le força de s’éloigner. Reçu à Heidelberg, par l’électeur de Bavière, il y retrouva des richesses et des honneurs dont il jouit jusqu’à sa mort, arrivée le 7 février 1614. Il a laissé un manuscrit intitulé : Catechesis Palatinatus, testimoniis Scripturae ac sententiis Patrum, qui primis 500 a Christ. nat. annis in Ecclesia claruerunt, exornata.

— Son fils, né à Leipsick en 1575, fut d’abord professeur de politique et de droit à Heidelberg. Forcé de quitter cette ville en 1622, à cause des malheurs du Palatinat, il se rendit à Heilbronn, et revint à Heidelberg l’année suivante : comme l’université était dans une entière décadence, il ne s’occupa longtemps qu’à étudier et à écrire. S’étant rendu à Strasbourg, dans l’espoir d’y gagner sa vie en donnant des leçons, il ne retira aucun fruit de ce voyage ; et, complètement ruiné, il se décida à embrasser la religion catholique. Cette conversion lui fit rendre, par l’électeur Maximilien, sa place de professeur à Heidelberg. Cette ville ayant été prise par les Suédois en 1635, il embrassa de nouveau le luthéranisme, et en fit profession publiquement. On ignore l’année de sa mort. On a de lui : 1o Disputationum de ariis juris civilis materiis liber unus, 1604, in-8o ; 2o Observationes ad Jo. Paponis Arresta, 1628, in-fol. ; 3o Notae in Paratitla Wesembeccii super Pandectas, 1611, in-4o.

G-t.


BACHSTROM (Jean-Frédéric), savant dont la vie a été singulièrement errante et agitée ; il était né en Silésie à la fin du 17e siècle, d’un père perruquier, et qui voulait que son fils le fût aussi. À l’âge de vingt ans, Bachstrom, sur l’ordre d’un songe miraculeux, se rendit à Halle pour étudier la théologie ; il y fit de rapides progrès ; mais, de retour en Silésie, son piétisme l’empêcha d’obtenir une place de prédicateur à Œls. En 1717. on le trouve pro-