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a fait graver sur son tombeau les paroles de l’Écriture : Dum adhuc ordirer, succidit me. Ses poésies ont été toutes recueillies par Pereira da Silva, quelques années après sa mort. Elles sont presque toutes dans le genre lyrique. On y trouve parfois des tournures et même des idées recherchées ; mais les expressions en sont toujours pures et poétiques. La pièce principale est intitulée : Saudades de Lydia.

C-s-a.


BACH (Jean-Sébastien), né à Eisenach, le 21 mai 1685[1], fit ses études à Lunebourg, fut successivement musicien du duc de Weimar, organiste à Mulhausen, et maître de chapelle du prince d’Anhalt-Coethen, jusqu’en 1737, où il obtint à Leipsick le titre de compositeur de la cour de l’électeur de Saxe, roi de Pologne. Comme organiste et claveciniste, Sébastien Bach n’avait de son temps aucun rival. Son père, aussi musicien, avait été forcé, pour cause de religion, de quitter Presbourg, sa ville natale, et était venu s’établir en Allemagne, où il fut la tige d’une famille d’où sont sortis plus de cinquante musiciens distingués. Jean-Sébastien Bach devait un jour, en 1717, à Dresde, lutter, sur le forté-piano, avec le célèbre pianiste français Marchand ; celui-ci, pressentant sa défaite, quitta la ville avant le concert, pour en éviter la publicité. Bach excellait dans le contre-point : ses compositions sont pleines d’originalité et d’énergie ; son harmonie est savante, sa mélodie neuve et riche, mais souvent peu agréable : il a laissé plusieurs morceaux de musique d’église, et beaucoup de musique de piano. Cet artiste succomba à une attaque d’apoplexie le 28 juillet 1750, à l’âge de 65 ans. Il eut onze fils, tous distingués dans leur art, mais dont quatre surtout s’y sont acquis un grand nom[2]. — 1° Guillaume-Friedmann Bach, l’aîné, né en 1710, à Weimar, maître de chapelle titulaire du duc de Hesse-Darmstadt, mort à Berlin, le 1er juillet 1784, passait pour un des harmonistes les plus savants et des organistes les plus habiles de l’Allemagne ; il publia, en 1778, six Fugues pour le piano. C’était aussi un bon mathématicien. — 2° Charles-Philippe-Emmanuel BACH, né en 1714, entra, en 1758, dans la musique du prince royal de Prusse, depuis Frédéric II, et fut appelé à Hambourg, en 1767, pour y remplir la place de directeur d’orchestre, vacante par la mort de Telemann : il s’en acquitta avec succès, jusqu’à sa mort, arrivée le 14 décembre 1788. Ses compositions, pleines d’originalité et de science, sont fort goûtées par les Allemands, qui y admirent un caractère vraiment national ; il exécutait sur le piano avec un rare talent, et ce qu’il a écrit sur ce sujet est fort estimé : Essai sur la véritable manière de jouer du piano, avec des exemples et six sonates, deux parties in-4o[3], 1755-01 et 87. Il a composé un grand nombre de morceaux de musique, entre autres des Airs pour les cantiques sacrés de Gellert, Berlin, 1759 ; 5e édition, Leipsick, 1784. — 3° Jean-Christophe-Frédéric BACH, né en 1732, maître de chapelle de Guillaume, comte de la Lippe-Schaumbourg, passa sa vie entière à Buckebourg, où il mourut le 26 février 1795, après avoir joui de toute la faveur de ce prince, qui aimait et estimait avec raison son talent et son caractère. Une simplicité noble et ferme est le caractère des compositions de Jean Christophe-Frédéric Bach : il l’a déployé surtout dans sa musique d’église, où un sentiment profond et énergique brille sans charlatanerie, et qui renferme une grande richesse de motifs originaux ; il avait sur le piano un doigté excellent. Plusieurs de ses ouvrages, qui ont eu un grand succès lors de leur exécution, n’ont pas encore été publiés. Parmi ceux qui l’ont été, on remarque : 1° Cantiques sacrés de Mûnter, deux collections, Leipsick, 1775-74, in-4o ; 2° six Sonates pour clavecin, violon et basse, Riga, 1777 ; 5° trois grands Concertos pour le clavecin, Francfort-sur-le-Mein, in-fol., etc. — 4° Jean-Christian BACH, surnommé l’Anglais, né à Leipsick, en 1735, fit ses études en musique à Berlin, auprès de son frère Charles-Philippe-Emmanuel. Il s’y fit remarquer de bonne heure par plusieurs compositions pleines de grâce : s’étant lié avec des chanteuses italiennes, il alla, en 1754, à Milan, où il ne tarda pas à obtenir une place d’organiste dans une église. En 1759, il se rendit à Londres, où il fut nomme maître de chapelle de la reine, avec un traitement de 1,800 écus, fonction qu’il remplit avec succès jusqu’à sa mort, arrivée en 1782 : il avait été comblé des bienfaits de la cour. Tandis que ses autres frères se distinguaient surtout comme harmonistes, Jean-Christian charmait ses auditeurs par une mélo-

  1. Le 21 mars et non le 21 juin. Jean-Sébastien a été le plus célèbre des artistes de premier ordre qu’a produits, pendant près de deux cents ans, l’illustre famille des Bach ; mais, avant lui, ce nom avait déjà de la renommée. Le véritable chef de la famille fut Veit Bach, boulanger de Presbourg, qui avait embrassé la religion protestante, et fut forcé de quitter cette ville vers le milieu du 16e siècle. Il alla s’établir dans un village de Saxe-Gotha, où il se fit meunier. La, il employait ses moments de loisir à chanter en s’accompagnant de la guitare. Il communiqua le goût de la musique a ses deux fils ; Hans, l’aîné, unit à la profession de musicien l’état de tapissier, et continua d’habiter le village où s’était réfugié son père ; il laissa trois enfants males dont le second, né en 1613, obtint l’emploi de musicien de cour et de ville, fut un organiste distingué, et laissa plusieurs pièces pour son instrument conservées dans les Archives des Bach. Il mourut en 1661, laissant trois fils, dont le second, Jean-Ambroise, possédait aussi un talent remarquable comme organiste, et remplissait a Eisenach le même emploi que son père ; il fut le père de Jean-Sébastien. Les frères de Jean-Ambroise et leurs fils avaient également embrassé la profession musicale. J.-A. De L.
  2. Bach mourut a Leipsick, le 30 juillet 1730 ; il était aveugle depuis plus d’un an. Dix jours avant sa mort, il recouvra la vue, mais, peu d’heures après, fut frappé d’apoplexie suivie d’une fièvre inflammatoire qui le conduisit rapidement au tombeau. Peu de musiciens ont écrit autant que Bach ; mais, au temps où il vivait, on publiait en Allemagne fort peu de musique ; aussi n’a-t-on connu de son vivant qu’un petit nombre de ses productions. Depuis sa mort, quelques amis de l’art ont recueilli et fait connaître plusieurs chefs-d’œuvre de ce grand compositeur. L’œuvre de Bach se compose : 1° d’exercices de tout genre pour le clavecin, parmi lesquels on connaît surtout le recueil intitulé Die kunst der fuge (l’art de la fugue), qui fut son dernier ouvrage ; 2° d’une quantité innombrable de musique d’orgue ; 3° de pièces pour divers instruments ; 4° d’une infinité de morceaux d’église conçus souvent dans les plus grandes dimensions, par exemple avec deux orchestres et double ou triple chœur. Telle est, entre autres, la Passion d’après l’évangile de saint Matthieu, inconnue pendant un siècle entier, et dont la publication, faite il a dix ans, a excité l’admiration universelle. J.-A. De L.
  3. On trouve une notice des compositions imprimées et manuscrites d’Emmanuel Bach dans le Catalogue de sa collection de musique ancienne, de livres d’instruments et de portraits de musiciens, publiée a Hambourg en 1790. Cette collection fut vendue et dispersée. J.-A. M L.