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1° François Aubert, l médecin du roi à Marseille, né à Ollioules, le 21 juillet 1692, mort en 1782. Philanthrope sincère, il légua son bien pour fonder un hôpital et une place de médecin des pauvres. 2° François Aubert, né à Dormans, petite ville de Champagne, le 28 septembre 1695, fut longtemps à la tête des hôpitaux de Châlons-sur-Marne. On a de lui : 1° Discours sur les maladies des bestiaux ; 2° Consultations médicinales sur la maladie noire, 1715, in-1° ; 5° Réponse aux écrits de M. Navier, touchant le péritoine, 1751, in-1°. — 3° Jacques Aubert, docteur en philosophie et en médecine, du 16e siècle, né à Vendôme, et mort à Lausanne en 1586. Ses ouvrages sont : 1° Libellus de peste, Lausanne, 1571, in-8° ; 2° des Natures et Complexions des hommes, etc., ibid., 1571, in-8° ; Paris,1572, in-16 ; 5° deux écrits contre l’alchimie : de metallorum et Ortu Causis, brevis et dilucida Explicatio, Lyon, 1575, in-8° ; Duæ apologeticæ Responsiones ad Josephum Quercetanum, ibid., 1576, in-8° ; 1° Progymnasmata in Joannis Fernelii librum, de abditis rerum naturalium causis, Bâle, 1579, in-8° ;5° Institutiones physicæ instar commentariorum in libros Physicæ Aristotelis, Lyon, 1584, in-8° ; 6° Semeiotice, sive ratio dignoscendarum sedium male affectarum et affectuum præter naturam, Lausanne, 1587, in-8° ; Lyon, 1596, in-8°. Ce dernier ne parut qu’après la mort de l’auteur.

C. et A-N.


AUBERT-DUBAYET (Jean-Baptiste Annibal.), membre de l’assemblée législative, général de division, ministre de la guerre et ambassadeur à Constantinople, né à la Louisiane, le 29 août 1759, fut amené en France dès sa jeunesse, embrassa l’état militaire, et servit en Amérique sous Rochambeau et Lafayette, en qualité de sous-lieutenant au régiment de Bourbonnais. En 1788, il était capitaine de cavalerie à Metz, et il publia une brochure violente contre la rapacité des juifs et le danger de les faire participer aux emplois publics[1]. Aubert-Dubayet avait alors beaucoup d’éloignement pour les idées nouvelles ; ce ne fut que plus tard, et en excitant son ambition, qu’on parvint à l’engager dans le parti révolutionnaire, auquel il demeura fidèle par la suite. En septembre 1791, il fut élu président du collège électoral de l’Isère, puis député à l’assemblée législative, et l’ensemble de ses opinions et de ses votes prouve une modération assez rare chez un homme de son âge et de son caractère : il se trouva même plusieurs fois en opposition directe avec ceux de ses collègues qui ne voulaient que le renversement de la monarchie et le désordre. Ainsi, lorsqu’il occupa le fauteuil, en juillet 1792, il maintint la parole avec beaucoup de fermeté aux orateurs du gouvernement, et le 9 du mois suivant, après avoir loué, par une concession adroite, le patriotisme des fédérés, il conclut à ce qu’on les obligeât de partir immédiatement pour le camp de Soissons, où il offrait de se mettre à leur tête. La session terminée, Aubert-Dubayet rentra en effet dans la carrière militaire, et fut bientôt nommé général de brigade. Chargé par Custine, en 1793, de défendre Mayence, il se vit arrêté aussitôt après la reddition de cette place, malgré le talent et l’énergie qu’il y avait déployés, et il ne dut son élargissement qu’aux efforts réunis de Merlin de Thionville et de Thuriot. La convention se trouvait alors entourée de dangers : elle avait soulevé contre elle, par sa tyrannie et ses excès, presque tous les départements de l’ouest et du midi ; Toulon était au pouvoir des Anglais, et les alliés pouvaient d’un moment à l’autre s’ouvrir un chemin jusqu’à Paris. (Voy. Kilmaine.) Ce fut dans ces conjonctures difficiles qu’on dirigea Aubert-Dubayet sur la Vendée, avec la garnison de Mayence. Il remporta d’abord quelques avantages ; mais à la fin de septembre, il essuya près de Clisson un échec terrible, et ne put regagner Mortagne qu’en abandonnant ses bagages et toute son artillerie. Sa conduite fut attaquée de nouveau dans la convention, et son arrestation décrétée. Mais le 9 thermidor le rendit à la liberté, malgré Bourdon de l’Oise, qui persistait à rejeter sur Aubert la perte de Mayence, et Montant, qui l’accusait de royalisme. Renvoyé, bientôt après, dans la Vendée, il contribua à pacifier ce malheureux pays ; cependant, lors de la signature des préliminaires, il affecta beaucoup d’arrogance, et provoqua même Cormartin a un combat singulier. En 1795, Aubert-Dubayet fut élevé au grade de général de division, reçut le commandement de l’armée des côtes de Cherbourg, et rétablit les communications entre le Mans, la Flèche et Angers. Ses rapports, comme ceux de tous les chefs républicains envoyés dans l’ouest, annonçaient toujours l’anéantissement des rebelles. Au mois de novembre de la même année, le gouvernement directorial l’appela au ministère de la guerre ; mais il échangea bientôt ce poste contre celui d’ambassadeur près la Porte ottomane (février 1796). Il prit congé du directoire le 30 mars, et s’embarqua pour Constantinople, où il arriva vers la fin de septembre. Sa suite, très-nombreuse, était composée en grande partie d’officiers destinés à entrer au service de la Porte ; il s’y trouvait entre autres une compagnie d’artillerie à cheval que le Grand Seigneur réforma quelque temps aprés. Aubert-Dubayet demanda à faire son entrée dans Constantinople comme les ambassadeurs de Russie, avec pompe, et salué par tous les canons du port, ce qui lui fut refusé : du reste, il obtint tous les privilèges attachés à son titre. Le sultan lui donna une première audience le 17 janvier 1797 ; et dans le discours qu’Aubert adressa à ce prince, il le félicita d’être resté l’ami du peuple français ; puis, au nom de la république, il demanda l’éloignement de tous les émigrés qui se trouvaient sur le territoire ottoman. Aubert-Duhayet mourut à Constantinople, le 17 décembre 1797, à l’âge de 58 ans, des suites d’une fièvre maligne. On a dit qu’il aimait beaucoup trop parler de lui-même : cette faiblesse n’ôte rien aux talents dont il fit preuve comme militaire et comme diplomate. Il ne faut pas oublier non plus qu’il se montra constamment modéré dans ses opi-

  1. Le Cri du citoyen contre les juifs; Paris,1788, in-8°.