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de copistes. Il se faisait toujours une lecture à sa table, où il conviait ceux dont les goûts se rapprochaient des siens. Il mettait à la poursuite d’une affaire dont il s’était chargé un zèle qui aurait fait croire que c’était la sienne propre. C’était ainsi qu’il gérait les affaires des deux Cicéron, de Caton, de Marius, d’Hortensius, etc. On peut juger de là que ce ne fut pas par paresse, mais par réflexion, qu’il s’éloigna des affaires publiques. Passionné pour tout ce qui tenait à l’antiquité, il donna des preuves de son savoir en ce genre dans son livre des Annales, ou plutôt, comme dit Cicéron, dans son Histoire universelle, qui renfermait un espace de sept cents. Il avait écrit les généalogies des plus illustres familles de Rome ; il s’essaya aussi dans la poésie et écrivit en grec les événements du consulat de Cicéron. Sans être sorti du rang de chevalier, il se trouvait allié par Agrippa, son gendre, à Auguste ; il en était l’ami, et avait avec lui un commerce de lettres très-suivi : il correspondait aussi d’une manière très-active avec Antoine. On sent combien il lui fallut de sagesse et de prudence pour conserver la bienveillance de deux pareils rivaux. C’est ainsi qu’Atticus arriva à sa 77e année, voyant toujours accroître sa considération et ses richesses. Sa bonté, qui le faisait aimer de tous, lui avait valu plusieurs héritages considérables. Il avait joui d’une santé si heureuse, que, pendant plus de trente ans, il n’avait pas eu besoin des secours de la médecine : il eut une maladie à laquelle les médecins et lui ne firent pas d’abord attention, croyant que c’était le tenesme. Après trois mois, sans autres souffrances que celles des remèdes, Atticus, sentant son mal augmenter et que la fièvre le gagnait, fit appeler Agrippa, son gendre, et quelques amis ; il leur dit qu’après avoir tenté, sans succès, pour sa guérison, tout ce qui était en son pouvoir, il ne voulait plus nourrir son mal ; qu’il les priait d’approuver sa résolution, du moins de ne pas inutilement la combattre. Après qu’il se fut abstenu deux jours de toute nourriture, la fièvre tomba tout à coup, et le mal devint plus supportable. Il ne persista pas moins dans son dessein, et mourut le cinquième jour de cette abstinence, l’an de Rome 721. Nous n’avons aucun de ses ouvrages, et pas même ses lettres. Il doit le nom d’Atticus à son séjour à Athènes, et sa réputation dans la postérité aux lettres de Cicéron, et à Cornelius Népos, qui a écrit sa vie.


ATTICUS était de l’une des principales familles d’Athènes ; car il descendait des Eacides ; mais les biens d’Hipparchus, son père, ayant été confisqués, sous prétexte d’une conspiration, il se trouvait dans un état voisin de l’indigence, lorsque la fortune vint à son secours d’une manière inespérée, en lui faisant trouver, dans une maison qu’il possédait auprès du théâtre, un trésor immense. Cette découverte lui inspira d’abord beaucoup plus de crainte que de joie ; et, voulant se mettre à l’abri des dénonciateurs, il écrivit à Nerva, alors empereur : « J’ai trouvé un trésor dans mon champ, que dois-je en faire ? — Use, lui répondit Nerva, de ce que tu as trouvé. Il répliqua que ce trésor passait de beaucoup la fortune à laquelle il pouvait prétendre. « Eh bien ! abuses-en, lui écrivit Nerva ; car il est à toi. » Devenu l’un des plus riches de l’empire, Atticus sut faire un noble usage de sa fortune. Hérode, son fils, ayant été nommé intendant des villes libres de l’Asie, voulut faire

construire à Troade des bains dont cette ville manquait, et l’empereur Adrien lui accorda, pour cela, 5 millions de drachmes (2 700 000 fr.) ; il en dépensa 7 millions (6 500 000 fr.). Les autres villes, craignant qu’on ne leur fit supporter cette dépense, s’en plaignirent à l’empereur, qui fit part de leurs plaintes à Atticus ; il répondit que c’était lui qui avait donné le surplus à son fils, qui en faisait présent à la ville. Il lui arriva plusieurs fois de sacrifier cent bœufs à Minerve en un seul jour, et de donner un repas à tous les citoyens d’Athènes. Enfin, par son testament, il leur légua à chacun une mine (90 fr.) par an, ce qui, en supposant qu’ils ne fussent que 6 000, faisait 540 000 fr. par an.

C-r

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ATTICUS. Voyez Hsaons.


ATTICUS, philosophe platonicien, florissait au 2e siècle de notre ère, sous l’empereur Marc-Aurèle. Il combattit les dogmes d’Aristote sur les corps célestes, sur la Providence, sur la dernière fin de l’homme, sur la quintessence des êtres, et s’attacha surtout à fixer une ligne de démarcation entre la philosophie péripatéticienne et celle de Platon. — On compte, dans l’antiquité, plusieurs autres Atticus, et entre autres, un rhéteur de Pergame, dont parle Strabon. K.


ATTICUS, né à Sébaste, ville d’Arménie, embrassa la vie religieuse, et vint ensuite à Constantinople, où il se déclara ouvertement contre St. Jean Chrysostome. Il fut même un de ceux qui, en 404, contribuèrent le plus à faire condamner ce grand homme à l’exil ; et comme les fidèles de Constantinople, par attachement pour leur pasteur, affectaient d’abandonner les églises de la ville, et de se répandre dans celles de la campagne, Atticus obtint contre eux, de l’empereur Arcade, des rescrits très-sévères. À la mort d’Arsace, successeur de St. Jean Chrysostome, il réussit à se faire élever sur le siège de Constantinople (406) ; mais bientôt son refus de placer sur les diptyques le nom de St. Jean Chrysostome le fit exclure par le pape Innocent Ier de toute communion avec l’Église, et il ne céda qu’en 418, vaincu par les exhortations de St. Alexandre, patriarche d’Antioche, et par les instances de l’empereur Théodose III, qui craignait un mouvement populaire dans Constantinople. Après sa réconciliation avec le saint-siège, Atticus ne s’appliqua plus qu’à gouverner paisiblement son Église, qu’à instruire et à édifier son troupeau. Il fit aussi oublier ses premiers torts par un attachement inviolable à l’orthodoxie. En 421, les pélagiens, qui se plaignaient d’être injustement persécutés à Rome et en Afrique, envoyèrent à Constantinople quelques-uns de leurs évêques, dans l’espoir de s’y faire un appui. Atticus, après les avoir entendus, leur opposa la foi constante et la doctrine de l’Église, et leur donna l’ordre de s’éloigner immédiatement. Ce patriarche mourut le 10 octobre