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ordre de passer au fil de l’épée tout ce qui se présenterait pour la défendre, et elle fut même massacrée à la porte de son palais, sans la moindre opposition. (877 avant J.-C.). Cet événement, fut marqué par la destruction des autels de Baal, qu’elle avait relevés, par le renouvellement de l’alliance avec le Seigneur, dont elle avait brisé les liens ; il est surtout devenu célèbre par la belle tragédie de Racine, le chef-d’œuvre du théâtre français. T-d.


ATHALIN (Claude-François), né à Cemboing, en Franche-Comté, le 10 mars 1701, professeur en médecine a l’université de Besançon, membre de l’académie de cette ville, où il est mort le 15 mai 1782, a publié : 1° une Lettre à un médecin, au sujet d’une observation rare et intéressante sur des accidents funestes survenus seulement au bout de cinquante-quatre jours, en suite d’un coup reçu à la tête, qui n’avait occasionné aucun accident primitif, Besancon, 1746, in-8o ; 2° des éléments d’anatomie, sous ce titre : Institutiones anatomicæs per placita et responsa, Vesuntione, 1756, in-8o. W-s.


ATHA-MÉLIK DJOUWAYNY (Ala-Eddyn), historien persan, était originaire du Khoraçan. Son bisaïeul avait mérité par ses talents la faveur de Taltach, sultan du Khovaresm ; et son père, d’abord attaché au sultan Manberny, avait été revêtu de fonctions importantes par les Mogols. Plusieurs circonstances, rapportées dans ses ouvrages, peuvent faire placer sa naissance à l’an 624 ou 625 de l’hégire (1227-8 de J.-C). Il occupa, dés sa jeunesse, plusieurs emplois importants, et mérita, par ses talents, la bienveillance d’Arghoun, gouverneur du Khoraçan. Cet émir s’en fit accompagner en 649, lorsqu’il se rendit a la diète générale tenue pour l’élection de Mangou-Kan. Ce fut là qu’Atha-Mélik, pressé par ses amis, forma le projet d’écrire l’histoire de ce prince. En 654, il resta auprès du sultan Holagou, et fut chargé, conjointement avec deux autres officiers, du gouvernement du Khoraçan, de l’Irak et du Mazendéran. Il usa de la faveur que lui accordait Holagou pour faire rétablir la ville de Djénouchan, détruite par les Mogols. Après la prise du château d’Alamont, résidence de ces Ismaeliens, si fameux dans nos croisades sous le nom d’assassins, il se transporta dans ce lieu pour examiner la bibliothèque que ces sectaires y avaient rassemblés : il mit à part les Corans et les livres précieux, puis livra aux flammes tous ceux qui étaient contraires aux dogmes du pur islamisme. Atha-Mélik accompagna Holagou dans son expédition contre le calife Mostassem, et obtint le gouvernement de Bagdad, lorsque Holagou s’en fut rendu maître. Chems-Eddyn, son frère, non moins grand homme d’État, obtint la dignité de vizir. Abaka-Kan, fils et successeur d’Holagou, confirma ces deux frères dans leur dignité. Cependant la faveur dont ils jouissaient avait excité la jalousie ; et Atha-Mélik, sans le secours de Chems-Eddyn, aurait été sacrifié par ses ennemis ; mais il les confondit, retourna à son gouvernement, et, par la sagesse de son administration, les améliorations qu’il fit à Bagdad et à son territoire, il rendit à cette ville son ancienne splendeur ; ce qui n’empêcha pas que, peu de temps après, il ne fût accusé de spoliation et d’intelligence avec les ennemis de l’État, et condamné à payer 300 toumans ; ne pouvant acquitter cette somme, il fut mis dans une prison, et y resta jusqu’à l’arrivée d’Abaca-Kan. Il y rentra peu de temps après pour une autre amende qu’il ne fut pas en état de payer, fut battu, promené ignominieusement dans Bagdad, et enfin transporté à Hamadan, où on le tint prisonnier. Abaca étant mort. Ahmed, son fils et son successeur, rendit à Atha-Mélik la liberté et le gouvernement de Bagdad. Chems-Eddyn, son frère, fut revêtu de la dignité de vizir. Mais, en 681, Arghoun, qui avait levé l’étendard de la révolte, vint à Bagdad, et déclara qu’il voulait exiger d’Atha-Mélik les sommes dont il était redevable. Cette nouvelle accabla tellement Atha-Mélik, qu’il mourut, peu de jours après, à la suite d’un violent mal de tête, le 4 de dzoul-hedjah 681 (6 mars 1283 de J.-C). L’ouvrage le plus considérable de cet homme célèbre est une histoire des princes du Khovarism et des Mogols, intitulée : Djehan Kuchay (la Conquête du monde). La bibliothèque royale en possède un exemplaire, certainement incomplet, puisqu’il finit à l’expédition d’Holagou contre les Ismaéliens. Atha-Mélik Djouwayny était estimé comme poète. Parmi les vers qui nous ont été conservés, on remarque un distique dont voici la traduction : « Mes malheurs, malgré les peines et les angoisses qu’ils m’ont fait souffrir, méritent ma reconnaissance ; car c’est à eux que je dois d’avoir su distinguer mon ami de mon ennemi. » J-n.


ATHANAGI. Voyez Atanagi.


ATHANAGILDE, roi des Visigoths en Espagne, se fit d’abord remarquer parmi les grands du royaume, et fut proclamé par les habitants de l’Andalousie, qui avaient pris les armes contre le roi Agila. Voulant se ménager un appui et des secours étrangers, il appela d’Italie les troupes de Justinien, auquel il céda toutes les places sur la Méditerranée, depuis Valence jusqu’à Gibraltar : c’était ouvrir de nouveau aux Romains la conquête de l’Espagne. L’empereur y fit passer une armée sous la conduite du patrice Libérius, l’éléve de Bélisaire. Athanagilde joignit ses troupes a celles de Justinien, défit Agila prés de Séville, et, débarrassé de ce rival, que ses propres partisans massacrèrent, il fut reconnu roi de toute l’Espagne ; il mit aussitôt Libérius en possession des places qu’il avait promise à Justinien ; mais ce général s’étendit bien au delà. Plusieurs villes considérables, ennemies du gouvernement et de la religion des Visigoths, qui professaient l’arianisme, se livrèrent d’elles-mêmes aux Romains. L’Espagne entière aurait échappé à Athanagilde, sans la faiblesse de Justinien et la révolte de Narsés en Italie. Cependant la guerre éclata en Espagne, entre les Visigoths et les Romains, sans qu’Athanagilde, malgré quelques succès, pût chasser entièrement d’anciens auxiliaires, devenus ses ennemis les plus acharnés. Ce prince fixa son séjour à Toléde, qui devint la capitale de l’empire des Goths ; il se soutint par une sage administration et par des alliances, en mariant Galsuinde, l’aînée de ses filles, à