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sumer que cette erreur, qui s’est introduite dans les ouvrages les plus estimables, vient de l’habitude des Italiens de désigner les artistes par leur nom patronymique, et qu’en parlant de leur grand sculpteur Tiziano, ils se sont insensiblement accoutumés a le regarder comme un parent de leur grand peintre Titien. Si ce n’est pour les éléments du dessin, Aspetti n’eut d’autre maître que son génie dans l’art qui devait l’immortaliser. Admirable dans ses compositions, il ne l’est pas moins par son habileté à traiter toutes les parties de la fonte. Ses ouvrages se distinguent surtout par cette hardiesse, par cette fierté dont il avait su prendre le goût dans l’étude des chefs-d’œuvre de Michel-Ange, qu’il aurait peut-être égalé, s’il n’eût pas vécu dans un temps de décadence où la simplicité n’est plus regardée que comme une marque de faiblesse et d’impuissance. C’est au ciseau d’Aspetti que la ville de Padoue doit le majestueux autel de St-Antoine, la statue du saint, celles de St. Louis et de St. Bonaventure, les quatre anges qui soutiennent les candélabres, et enfin les belles portes de cette église. Appelé par le sénat à Venise, il y décora la façade de St-Marc des statues de St. Pierre et de St. Paul. Sur la fin de sa vie. Aspetti se retira à Pise, où il ouvrit une école de sculpture. Il y mourut en 1607, âgé de 42 ans. On y voit son tombeau dans le cloitre de Ste-Marie del Carmine. W-s.


ASPREMONT (d’), vicomte d’orthe, gouverneur de Bayonne sous le règne de Charles IX, à l’époque de la St-Barthélemy, fut un des hommes courageux et vraiment fidèles qui osèrent désobéir aux ordres de la cour, lorsqu’ils n’auraient pu la servir que par des assassinats. « J’ai trouvé, écrivait-il au prince, parmi les habitants et les gens de guerre, des hommes dévoués à Votre Majesté, mais pas un bourreau. Ainsi, eux et moi nous vous supplions de n’employer nos bras et nos vies qu’en choses possibles, quelque hasardeuses qu’elles soient. » (Voy. le Hennuyer.) D-t.


AASPREMONT (François de la Mothe Villebert, vicomte d’), entré au service la même année que Vauban, se voua comme lui à la guerre des siéges, et quitta une compagnie des gardes pour être ingénieur. On le vit successivement soumettre Bordeaux, Bourg et Libourne (1653), assiéger Stenay, Landrecy, Condé, St-Guislain, et secourir Arras (1655). Il reçut une blessure au siége de Condé, trois à celui de Valenciennes, et une à celui de Gravelines. Plus heureux à la bataille des Dunes, aux siéges de Dunkerque, de Tournay et de Douai (1667), aux travaux d’Ath, qu’il dirigeait, il s’exposa impunément à tous les dangers. En 1672, il conduit les attaques de plusieurs places, sert aux siéges d’Orsay, de Rheinberg, de Nimégue, et s’empare des forts de l’île de Bommel. Après avoir inspecté les travaux du Dauphiné et de la Provence, rédigé un projet d’agrandissement pour la place et le port de Toulon, d’Aspremont, fait maréchal de camp, est envoyé en Espagne (en 1677). À la bataille d’Esponilles, la gauche des ennemis s’était emparée d’une hauteur qui dominait la droite de l’armée française, d’Aspremont les attaque l’épée à la main, et les chasse au delà du ruisseau qui séparait les deux camps. Le champ de bataille reste aux Français ; mais la disette des vivres les oblige de revenir en Roussillon. Trois fois les ennemis tombent sur l’arriére-garde, et trois fois d’Aspremont les charge et les repousse. Ils menacent un autre corps, d’Aspremont vole à son secours, les devance, taille en pièces le régiment d’Aragon, les dragons espagnols, et fait prisonnier le marquis de Fuentes. Ce furent ses derniers exploits. À peine l’armée repassait les monts, qu’il reçut l’ordre d’aller à Toulon tracer les agrandissements projetés. Épuisé de fatigués, il tomba malade, et mourut le 27 juin 1678. D-m-t.


ASSAHARADDON, nommé Assar-Addinus dans Ptolomée, et Osnapar dans Esdras, le plus jeune des enfants de Seunacherib, lui succéda dans le royaume de Babylone, l’an 680 avant J.-C. La quatrième année de son régné, il reconquit ce que son père avait perdu de l’Assyrie et de la Palestine, et réunit sur sa tête les deux royaumes de Babylone et de Ninive qui avaient été démembrés. Étant ensuite entré dans le royaume d’Israël, il emmena en captivité tout ce qui s’y trouvait encore des dix tribus, qu’il remplaça par des colonies des pays situés au delà de l’Euphrate. Ainsi fut accomplie la prédiction d’Isaïe, faite la première année du règne d’Achaz : Encore soixante-cinq ans, et Ephraïm cessera d’être un peuple. Effectivement, tous ceux qui furent déportés prirent les mœurs et suivirent les superstitions des peuples parmi lesquels ils vécurent, se confondirent avec eux, perdirent leur nom, leur langage, tout, jusqu’au souvenir de leur origine, de sorte qu’il ne resta plus de trace des dix tribus dans l’histoire ; car les Samaritains d’aujourd’hui descendent des colonies étrangères qu’Assaharaddon avait envoyées à Samarie. Après cette première expédition, ses généraux envahirent le royaume de Juda, défirent le roi Manassé, le réduisirent en captivité avec son peuple, et il le remplaça par des colonies, comme il avait fait dans le royaume d’Israël. Ces colonies étant tourmentées par des lions, parce qu’elles n’adoraient point le vrai Dieu, il y envoya un prêtre israélite, afin qu’il leur enseignât le culte du Dieu d’Israël ; mais ces peuplades associèrent le culte du Seigneur à celui de leurs divinités, et ce culte, ainsi corrompu, fut la source de l’aversion des Juifs pour les Samaritains. Assaharaddon mourut l’an 668 avant J.›C., après avoir régné avec gloire 13 ans sur les Babyloniens et 39 ans sur les Assyriens. Ce prince a donné lieu à divers systèmes parmi les savants. Les uns veulent qu’il soit le même qu’Asserad du livre de Judith ; les autres le prennent pour Astyages, bisaïeul maternel de Cyrus. Ceux-ci le confondent avec Artaxercès Ochus ; ceux-la avec Artaxercès Mnémon ; quelques-uns avec Darius le Mede. T-d.


ASSARINO (Lucas), historien et romancier, naquit en 1607 à Séville, où son père, marchand génois, avait fixé sa résidence dans l’intérêt de son commerce. Amené jeune en Italie, il trouva dans quelques nobles Génois, entre autres dans les Spi-