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d’orchestre, deux Sonates à quatre mains et un concerto pour le violon. En 1787, il se rendit à Turin, où il demeura neuf ans, et fut bien accueilli par tout ce que cette capitale avait de plus distingué. Il y composa dix cantates qui lui ont acquis une brillante réputation. En 1796, il accompagne à Venise le marquis Gherardini, dernier ambassadeur de la république près la cour de Sardaigne, et il y resta jusqu’en 1799, époque à laquelle il alla s’établir à Milan. Lors du mariage de Napoléon avec Marie-Louise, il vint à Paris, et composa pour cette solennité plusieurs morceaux remarquables. Dégoûté du monde, il se retira en 1813 dans sa patrie, et y mourut le 28 mai 1832. On lui doit les ouvrages suivants, qui sont tous en italien : 1° Principes élémentaires de musique, ouvrage traduit sous le titre de Grammaire musicale, ou Théorie des principes de musique, par demandes et par réponses, Lyon, 1819, in-8o ; 2° l’Élève au clavecin, Milan, in-8o ; 3° Premiers éléments du chant ; 4° Éléments de contre-basse ; 5° Traité d’harmoine et d’accompagnement ; 6° Dialogues sur le traité d’harmonie. G-G-y.


ASKEW ou ASCUE (Anne), fille de sir William Askew de Kersay, dans le comté de Lincoln, née en 1521, fut élevée avec beaucoup de soin dans la religion catholique, et montra, des sa plus glande jeunesse, un goût particulier pour les études théologiques. La réformation agitait alors tous les esprits. Elle fut curieuse d’examiner par elle-même les questions qui divisaient les catholiques et les protestants. Cet examen éleva dans son esprit des doutes sur la doctrine qu’elle avait professée jusque-là, et elle finit par adopter les principes des réformateurs. Elle avait épousé un gentilhomme du voisinage qu’elle n’aimait pas, et qui, zélé catholique, fut indigné de voir une jeune femme oser, d’après ses propres lumières, rejeter la religion de ses pères. Il la chassa de chez lui. Anne prit le parti d’aller à Londres solliciter une sentence de séparation, espérant trouver de l’appui dans les personnes puissantes attachées au protestantisme. Elle fut en effet accueillie très-favorablement par les femmes les plus considérables de la cour et par la reine elle-même. Sa conduite d’ailleurs fut à l’abri de tout reproche. Mais son mari, excité par des prêtres fanatiques, la dénonça à Henri VIII comme dogmatisant sur le sujet de la présence réelle. Henri, aussi capricieux dans ses opinions que cruel dans son gouvernement, faisait, dans le même temps, pendre les partisans du pape, et brûler ceux de Luther. Il fit arrêter Anne Askew, et chargea le chancelier, le lord maire et quelques évêques de l’examiner sur sa croyance, relativement à la transsubstantiation et aux messes dites pour les âmes des morts. Elle exposa ses opinions avec franchise et fermeté ; le lord maire lui demanda « si elle ne croyait pas qu’un prêtre pût faire d’une hostie le corps de Jésus-Christ ? » Elle répondit : « J’ai lu que Dieu avait fait l’homme ; mais je n’ai jamais lu que l’homme puisse faire Dieu, et je ne crois pas que vous le lisiez jamais nulle part. » Le lord maire reprit : « Si un rat mangeait l’hostie, après qu’elle a été consacrée, qu’arriverait-il au rat ? — Je ne puis vous le dire, milord, répondit Anne. — Eh bien, répliqua le lord maire, je dis que le rat serait damné. — Pauvre rat ! » dit-elle en souriant. Le chancelier l’ayant menacée d’être brûlée vive, elle observa qu’après avoir étudié les saintes Écritures, elle n’avait pu y découvrir que le Christ ou ses apôtres eussent jamais mis à mort une créature humaine. Le chancelier lui reprocha durement de citer l’Écriture, en disant que St. Paul avait défendu aux femmes de parler de la parole de Dieu. Elle répondit avec modestie que St. Paul leur avait défendu simplement d’enseigner publiquement dans les congrégations. Les détails de cette conférence, écrits par elle-même, ont été publiés après sa mort. Anne fut mise en prison, et privée de toute communication avec ses amis. On employa toutes sortes de moyens pour l’engager à rétracter ses opinions ; mais rien ne put vaincre sa fermeté. Le roi ordonna qu’elle fût conduite de Newgate a la Tour de Londres, et qu’on l’interrogeât sur les personnes de la cour avec qui elle était en correspondance, en lui déclarant que si elle refusait les communications qu’on lui demandait, elle serait mise à la torture. Cette menace ne put lui arracher aucun aveu. Son sexe, sa beauté, son esprit et son noble courage avaient fini par attendrir presque tous ceux qui étaient témoins des persécutions qu’on lui faisait essuyer. Le chancelier Wriothesely, inaccessible à tout sentiment d’humanité, ordonna au lieutenant de la Tour d’appliquer Anne à la torture ; mais celui-ci s’y refusa obstinément. On assure que le chancelier, par un zèle aussi servile que féroce, se dépouilla de sa robe pour faire lui-même l’office de bourreau, et fit subir à la malheureuse Anne les plus horribles tourments, sans obtenir d’elle aucun symptôme de faiblesse. Cependant la violence des douleurs lui fit perdre connaissance, et, lorsqu’elle eut repris ses sens, elle retrouva tout son courage. On lui offrit de nouveau sa grâce, à condition qu’elle désavouerait ses principes ; de nouveau elle refusa la vie à ce prix, et se résigna au supplice barbare qu’on lui annonçait. La torture avait disloqué tous ses membres ; elle ne pouvait faire aucun mouvement ; on la transporta dans un fauteuil au lieu de son supplice. Attachée au poteau où elle allait être livrée aux flammes, on lui apporta une lettre du chancelier, qui l’exhortait encore à racheter sa vie par une rétractation de ses erreurs. En détournant les yeux du papier qu’on venait lui faire lire, elle dit avec calme et simplicité : « Je ne suis pas venue ici pour renier mon seigneur et mon maître. » Elle vit mettre le feu au fatal bûcher sans paraître troublée, et reçut la mort en recommandant son âme à la miséricorde divine. Anne Askew mourut le 16 juillet 1566, dans la 25e année de son âge. On a publié après sa mort, indépendamment de la relation de son procès et de ses souffrances, des prières et quelques écrits de dévotion qu’elle avait composés dans sa prison. S-d.


ASKEW (Antoine), médecin anglais, résidant à Hampstead, où il mourut le 27 février 1773, a été moins utile à son art qu’à la littérature ancienne, à