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d’Esculape, avec les transfuges romains, et en sortit bientôt pour se jeter aux pieds du vainqueur. Sa femme, qui l’aperçut en cet état, se para de ses plus riches habits, vomit contre son mari des imprécations, mit le feu au temple, se jeta dans les flammes avec ses deux enfants, et périt avec neuf cents transfuges que le général romain avait exceptés du pardon. Appien est le seul auteur qui assure qu’Asdrubal se tua lui-même pour se soustraire à la honte d’être mené à la suite du vainqueur et d’orner son triomphe. B-p.


ASDRUBAL, petit-fils de Masinissa, roi des Numides, fut associe au précédent, pour commander les troupes qui défendaient Carthage contre les Romains, et mit le feu à leur flotte, dont la plus grande partie fut réduite en cendres ; mais, accusé ensuite d’être d’intelligence avec les ennemis, et de vouloir livrer la ville à son oncle Gulussa, roi des Numides, les partisans de son collègue Asdrubal excitèrent le peuple contre lui, et le firent massacrer dans la place publique, l’an 147 avant J.-C. B-p.


ASEDY-THOUCY, l’un des plus anciens poëtes persans, contemporain du sultan Mahmoud le Gasnevide, fut le maître du célèbre Ferdoucy et de presque tous les poètes qui parurent alors en Khoraçan. On lui avait proposé plusieurs fois de mettre en vers le Schah-Nameh (voy. Ferdoucy) ; mais il s’en était excuse sur son âge et sa faiblesse, et il engageait Ferdoucy à s’en charger, lorsque celui-ci, après avoir longtemps erré, revint enfin à Thous. Sentant approcher sa fin, il témoigna à Asedy la crainte que personne ne pût achever le Schah-Nameh, dont il ne restait plus qu’une très-petite partie à mettre en vers. Asedy lui promit que, s’il lui survivait, il terminerait ce beau poëme épique. Il s’en occupa, en effet, dès ce moment, et ne tarda pas à en présenter près de quatre mille vers à Ferdoucy, qui les loua beaucoup. Asedy avait pris l’ouvrage au moment où les Arabes entrèrent sur le territoire persan, et il l’avait terminé. Quel qu’ait été son talent, il est resté inférieur à son élève, et il est facile de reconnaître où finit la versification de Ferdoucy. Asedy excellait dans les petites pièces de vers nommées Mounazereh, ou comparaisons. On en trouve une sur le Jour et la Nuit, dans la Biographie des poëtes persans de Daulet-Schah. J-tv.


ASELLI (Gaspard), médecin, né à Crémone, dans le 16e siècle, fut professeur d’anatomie à Pavie, et se fit un nom dans cette science par la découverte des vaisseaux lactés. Il la dut tout à fait au hasard, c’est-à-dire qu’elle fut le résultat de dissections faites dans un autre but. N’en connaissant pas même l’ensemble, il adopta sur ces vaisseaux beaucoup d’erreurs, telles que de regarder le foie comme leur point de réunion. Cependant ce n’est pas moins à Aselli que remonte cette découverte physiologique importante, qu’il présenta toujours d’ailleurs avec la plus grande modestie. De plus, il prépara la découverte des vaisseaux absorbants, ou au moins la rendit dès lors assurée. En effet, jusqu’à lui, on avait cru que l’absorption se faisait par les veines ; mais des qu’on eut reconnu que la partie nutritive des aliments était puisée au milieu de la masse alimentaire, et portée dans le torrent de la circulation par un ordre particulier de vaisseaux, on soupçonne que l’absorption n’était pas plus exercée ailleurs par les veines. L’éveil fut donné à l’observation, et la découverte des vaisseaux chiliferes par Aselli mit ainsi sur la voie de celle de tout le système absorbant. La dissertation de Venis lacteis, cum figuris elegantissimis, dans laquelle il développe sa découverte, imprimée d’abord à Milan, 1627, in-~i°, puis à Bale, 1628, in-4o, à Leyde, 1540, in-4o, et parmi les traités de Spigel, in-fol., Leyde, 1645, fut probablement un ouvrage posthume, car il parait qu’Aselli mourut en 1626 à Milan. C. et A-n.


ASFELD (Bidal, chevalier d’), s’est illustré par la défense de Bonn, en 1689. Après avoir bloqué cette place pendant deux mois, l’électeur de Bavière, que l’armée du duc de Lorraine venait de joindre, se détermina à faire le siége dans les formes. L’intérieur de la place n’était qu’un monceau de ruines. D’Asfeld en avait fait sortir les femmes, les vieillards et les enfants. Sans abri pour la garnison, il se défendit encore pendant deux mois. L’ennemi fit brèche à l’enceinte. La garnison n’avait plus de munitions, et depuis longtemps elle était réduite à manger les chevaux. D’Asfeld offre de capituler, exigeant que sa troupe sortit libre avec ses armes. Le duc de Lorraine veut tout accorder ; l’électeur s’y refuse, et se montre inflexible aux représentations du duc, qui lui déclare que, puisqu’il veut que la garnison soit prisonnière, c’est a lui de la prendre. Le prince furieux choisit l’élite des Bavarois, monte à l’assaut, est repoussé, revient à la charge, rallié ses soldats, et parvient enfin sur la brèche : mais il est encore vaincu et arrêté par d’Asfeld. Le spectacle de 2,000 Bavarois précipités du haut des murs ne fait qu’augmenter la fureur du prince. Il veut recommencer ; mais ses troupes refusent d’obéir, et il est forcé de souscrire aux conditions exigées par d’Aslfeld. On vit alors sortir par la brèche huit à neuf cents hommes presque nus, exténués de faim et de fatigue, et l’on s’étonna d’abord de ne voir sue leurs visages que des marques de douleur ; mais on en sut bientôt la cause, en voyant d’Asfeld, blessé d’un coup mortel dans le dernier assaut, porté sur un brancard par ses grenadiers, ayant à ses côtes les officiers de son état major. L’électeur détourna ses regards. Le duc de Lorraine et les autres généraux entourèrent le brave et malheureux d’Asfeld, qui survécut peu à sa gloire et, aux marques d’estime qu’il reçut de ses ennemis. D-m-t.


ASFELD (Claude-François-Bidal d’), maréchal de France, de la même famille que le précédent, était fils du baron d’Asfeld, ministre de Suède auprès des cours de France, d’Italie et l’Espagne anobli par la reine Christine pour les services qu’il lui avait rendus. Le chevalier d’Asfeld son fils, ne le 2 juillet 1667, embrassa la carrière militaire, devint mestre de camp d’un régiment de dragons ; fut fait brigadier des armées du roi en 1694, maréchal de camp en 1702, et reçut le grade de lieutenant géné-