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ASA

son temps, à 23° 34′, et détermina l’apogée du soleil par quatre cent deux observations. Les fameuses Tables alphonsines, publiées par ordre d’Alphonse le Savant, roi de Castille, sont en partie tirées des ouvrages d’Abraham Arzachel. On ignore l’année de la naissance et celle de la mort de cet astronome, qui professa la religion juive. Montuela dit que ses tables existent en manuscrit, dans plusieurs bibliothèques, avec une introduction qui en explique l’usage. C-s-a.


ARZAN, pontife païen, en Arménie, au commencement du 4e siècle, était en grande vénération dans cette contrée ; il exerçait un pouvoir souverain dans la province de Daron. Les bourgs de Horan, de Govars, de Meghdy et d’Achdichad formaient l’apanage de sa maison. Il avait sa résidence à Richab, et prenait le titre fastueux d’enfant du soleil, gardien des temples des dieux Kissané et Thémetz. Lorsque St. Grégoire l’illuminateur établit le christianisme en Arménie, Arzan fit de vains efforts pour s’y opposer. St. Grégoire, au retour d’un voyage à Césarée de Cappadoce, eut le dessein de passer par cette province, afin de convertir ses habitants et de détruire les idoles. Les officiers et les seigneurs du pays, qui l’accompagnaient par l’ordre du roi Tiridate, rassemblèrent une armée de 7,000 hommes. Arzan, averti des préparatifs qu’on faisait contre lui, forma à la hâte une armée de 6,000 combattants, et vint à la rencontre de son ennemi, aux environs de Govars. St. Grégoire se retira alors dans la forteresse d’Olgan, avec plusieurs personnes de sa suite, et entre autres Glap-Zenop, qui a laissé l’histoire de cet événement. La bataille se donna bientôt au pied d’une montagne. Arzan, quoique dans un âge avancé, se battit en désespéré. Il poussa l’ennemi à plusieurs reprises avec une impétuosité extraordinaire, et il excitait ses soldats a le suivre, en criant à haute voix : « Il vaut mieux se battre pour mourir en héros, que de vivre pour voir nos temples détruits et nos dieux outragés. » Et, s’adressant aux chrétiens : « O renégats des dieux de la patrie, leur criait-il, sachez que c’est le glorieux Kissini qui se bat contre vous ! » Arzan, malgré ses efforts, voyant ses forces diminuer, s’élança dans le centre de l’armée chrétienne, pour appeler le prince d’Anghegshdam, qui le commandait, à un combat singulier. Les deux chefs s’élancèrent aussitôt l’un contre l’autre, et, après quelque résistance, le pontife Arzan fut tué d’un coup sur la tête, l’an 302 de J.-C. — Un autre Arzan, qui florissait dans le 5e siècle, traduisit en arménien les œuvres de St. Athanase et a laissé manuscrit : 1° Traité contre le pyrisme, ou la religion du feu ; 2° Discours sur l’ascension de Jésus-Christ ; 3° Homélie sur l’apôtre St. Paul. Z.


ASA, roi de Juda, succéda à son père Abia, vers l’an 955 avant J.-C. Les premières années de son règne furent marquées par la destruction des autels élevés aux idoles, par le rétablissement du culte du Seigneur, et par la paix dont Dieu récompensa son zèle. Il en profita pour réparer et fortifier les villes de Juda, qui avaient beaucoup souffert des guerres de son prédécesseur. Il obligea sa grand-mère, qui s’était faite prêtresse de Priape, de renoncer à ce culte abominable, déposa dans le temple toutes les richesses que son père avait rapportées de son expédition contre Jéroboam, roi d’Israël. En la quinzième année de son règne, les Madianites, ou Chuséens, qui habitaient l’Arabie déserte, ayant fait marcher contre lui, dit l’Écriture, une armée d’un million d’hommes et de trois cents chariots, il les défit, a la tête de 580,000 hommes. Il eut le même succès contre Zara, roi d’Ethiopie, sur lequel il fit un immense butin. Asa avait négligé de détruire les hauts lieux ; il est vrai qu’on n’y adorait que le Seigneur ; mais depuis que Dieu avait concentré tout son culte dans le temple de Jérusalem, celui qu’on pouvait lui rendre en tout autre endroit était devenu illégitime. À cette première faute il ajouta celle d’acheter avec l’argent du temple et du trésor royal le secours de Bénadab, roi de Syrie, contre Baasa, roi d’Israël, qui lui avait déclaré la guerre, et de faire mettre en prison le prophète Ananus, chargé de lui reprocher, de la part de Dieu, d’avoir imploré des secours étrangers, au lieu de mettre toute sa confiance dans le Seigneur, qui lui avait été constamment favorable dans ses autres guerres. Sur la fin de ses jours, Asa, attaqué d’une grave maladie, eut recours aux médecins, sans s’adresser à Dieu par la prière. Cette maladie le conduisit au tombeau, après un règne de 43 ans. Il eut son fils Josaphat pour successeur. T-d.


ASAD ou AÇAD-KAN, l’un des souverains éphémères de la Perse, dans le dernier siècle, appartenait à une tribu d’Afghans, et naquit dans les environs de Caboul, vers 1715. Il entra au service de Nadir-Schah avec le corps de troupes que sa nation offrit à ce conquérant, lorsqu’il revenait de l’Inde, en 1739. Jeune alors et simple cavalier, Asad se fit bientôt remarquer ; il obtint de l’avancement, et commandait un corps de 1,000 hommes dans la province d’Erivan, lorsque Nadir fut assassiné (17-47). Les révolutions qui éclatèrent par suite de cet événement développèrent l’ambition d’Asad et lui offriront les moyens de la satisfaire. Il se mit d’abord au service de Teymouras II et de son fils Héraclius, princes de Géorgie, qui profitaient aussi des circonstances pour affranchir leur pays du joug qu’il subissait depuis deux siècles et demi sous la domination persane. Asad ne tarda pas à quitter ses nouveaux maîtres ; et voulant, à leur exemple, travailler pour son propre compte, il se joignit aux Lesghis, peuples caucasiens qui, à la faveur du désordre, pillaient et ravageaient impunément les États musulmans et chrétiens. En 1751, il assiégea Érivan, dont le gouverneur n’implora pas en vain le secours d’Héraclius. Forcé de s’éloigner, Asad se jeta sur l’Adzerbaïdjan, en chassa les troupes géorgiennes, s’empara de Tauris, et conclut avec Héraclius, à la fin de 1752, un traité de paix par lequel il fut convenu que les rives de l’Araxe seraient la limite de leurs États respectifs. Maître, par ce traité, de tout l’Adzerbaïdjan, Asad, après avoir recruté son