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ché d’Urbin, célèbre poëte et médecin, florissait à Rome sous les pontificats de Léon X et de Clément VII. Paul Jove, qui fut son ami, lui a accordé une place dans ses éloges. Il rapporte qu’Arsilli, obligé de pratiquer la médecine, ne laissait pas néanmoins de produire chaque jour quelques compositions poétiques. Honnête homme et attaché a sa liberté, ce poëte peu courtisan n’eut pas le bonheur de plaire au pape et a sa cour ; il s’en tint toujours éloigné, et on ne le rechercha pas. Après avoir exercé la médecine pendant l’espace de trente ans, Arsilli mourut d’une hydropisie, dans la 76e année de son âge. On a de lui un poème élégiaque intitulé : de Poetis urbanis, qu’il adressa à Paul Jove, et dans lequel il parle de tous les poètes de son temps qui florissaient à Rome ; il est imprimé dans un recueil de poésies latines de plusieurs auteurs, sous le titre de Coryciana, Rome, 1524, in-4o, et a été réimprimé par Tiraboschi, à la fin du t. 7, part. 3, de sa Storia della Letteratura italiana, 1re édition de Modena, in-4o. Paul Jove et Giraldi attribuent aussi à Arsilli une traduction des prologues d’Hippocrate en vers latins, mais elle n’a pas été imprimée. G-é.


ARSINGE, fille de Ptolémée, fils de Lagus, roi d’Égypte, et de Bérénice, épousa Lysimaque, roi de Thrace, qui était déjà avancé en âge, et avait plusieurs enfants. Elle devint jalouse d’Agathoclès, l’aîné des fils de ce prince, qui était marié à Lysandra, fille du même Ptolémée et d’Eurydice ; d’autres disent qu’elle conçut une violente passion pour lui, et qu’il ne voulut pas la satisfaire ; quoi qu’il en soit, elle parvint a le perdre dans l’esprit de son père, qui le fit mourir. Quelque temps après, Lysimaque partit pour l’Asie, laissant Arsinoé dans la Macédoine, avec Lysimaque et Philippe, deux fils qu’il avait eus d’elle ; ce prince ayant été tué dans une expédition, Ptolémée Céraunus s’empara de la Macédoine : mais il ne put pas prendre Cassandrée, ou Arsinoé s’était renfermée avec ses enfants. Alors il lui fit proposer de l’épouser ; elle eut beaucoup de peine à s’y décider ; cependant, à la fin, elle y consentit, et voulut bien même le recevoir dans la ville de Cassandrée ; mais à peine y fut-il entré, qu’il lit massacrer ses deux fils, et l’exila elle-même dans l’île de Samothrace, d’où elle sortit bientôt pour épouser Ptolémée Philadelphe, son frère de père et mère ; et, quoiqu’elle fût beaucoup plus âgée que lui, elle lui inspira une telle passion, qu’après sa mort, il donna son nom à un des nomes de l’Égypte ; il lui fit faire une statue de quatre coudées de haut, d’une seule pierre qui ressemblait à la topaze, et il lui consacra une enceinte où il fit placer un obélisque. Il voulait lui ériger un temple dont la voûte aurait été en aimant, pour que la statue, qu’il aurait fait exécuter en fer, restât suspendue en l’air. Ptolémée n’avait point eu d’enfants d’Arsinoé, mais il lui fit adopter ceux qu’il avait eus de sa première femme, Arsinoé, fille de Lysimaque. Voy. l’art. suivant. C-r.


ARSINOÉ, fille de Lysimaque, roi de Thrace, épousa Ptolémée Philadelphe, dont elle eut trois enfants, Ptolémée, Lysimaque et Bérénice. Son époux ayant cru qu’elle avait conspiré contre lui, l’exila à Coptos, dans la Thébaïde ; elle trouva le moyen de s’en échapper, et se rendit auprès de Magas, frère de mère de Ptolémée, et roi de Cyrène, qui l’épousa, et adopta Bérénice sa fille, qu’elle avait emmenée. Ptolémée et Magas, pour mettre fin à la guerre qu’ils se faisaient depuis très-longtemps, convinrent que Ptolémée, fils de Ptolémée Philadelphe et d’Arsinoé, mais qu’il avait fait adopter par Arsinoé sa sœur et sa seconde femme, épouserait Bérénice. Magas mourut sur ces entrefaites, Arasinoé, sa veuve, voulant rompre un mariage auquel elle n’avait pas consenti, fit venir de la Macédoine Démétrius, fils de Démétrius Poliorcetes, pour lui faire épouser sa fille, et, lorsqu’il fut arrivé, elle le prit pour son amant, et lui abandonna toute son autorité. Comme il en abusait, il se forma contre lui une conspiration, à la tête de laquelle était Bérénice elle-même. On le tua dans la chambre même d’Arsinoé, et entre ses bras ; mais on ne lui fit à elle aucun mal. C’est ainsi que j’ai cru devoir concilier Callimaque et Justin, qui disent, le premier, que Bérénice était fille d’Arsinoé et de Ptolémée, le second, qu’elle était fille d’Arsinoé et de Magas. (Voy. Apamé et Bérenice.) C-r.


ARSINOÉ, fille de Ptolémée Evergéte et de Bérénice, épousa Ptolémée Philopator, son frère ; elle se trouva avec lui au combat de Raphia, contre Antiochus, et ne contribua pas peu au succès de cette journée. Ptolémée, par la suite, étant devenu amoureux d’Agathoclée, se laissa entièrement subjuguer par cette femme et par ses frères, qui obtinrent de lui Perdre de faire mourir Arsinoé, et ils chargèrent un certain Philammon de lui ôter la vie. C-r.


ARTABAN, frère de Darius. Voyez Darius.


ARTABAN, capitaine des gardes de Xerces. Voyez Xercès.


ARTABAN IV, roi des Parthes, était frère de Volgèse III. Excite par quelques nobles mécontents, il lui disputa la couronne. Après la mort de ce prince, il lui succéda sans opposition, quoique Tiridate eût un droit plus légitime, en qualité d’aîné Comme il était en paix avec l’empire romain, il ne se tint pas assez sur ses gardes quand Sévère ravagea les territoires voisins, et, dans une incursion des troupes romaines, il manqua d’être fait prisonnier. Caracalla le mit dans un danger encore plus grand, par un des actes de perfidie les plus odieux dont l’histoire fasse mention. Sous prétexte d’assurer entre les deux nations une paix durable, il demanda en mariage la fille d’Artaban, et, quoique d’abord le roi des Parthes eût rejeté cette proposition, on finit par obtenir son consentement. Le général romain fit en conséquence marcher son armée dans le pays des Partbes, et fut reçu partout en ami. Lorsqu’il approcha de la capitale, Artaban vint a sa rencontre avec un brillant cortége et des démonstrations de joie ; mais tandis que les Parthes ne songeaient qu’a se livrer aux plaisirs, Caracalla donna le signal à ses troupes, qui se jetèrent l’épée à la main sur ces hommes désarmés, en firent périr le plus grand