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et son épouse. Il finit par tomber entre les mains d’olympien, qui le fit mourir, l’an 315 avant J.-C. (Voy. Cléodæus.) C-r.


ARRIA, femme de Cæcina Pætus, Romain consulaire, qui, s’étant trouve engagé dans la révolte malheureuse de Camillus Scribonianus, en Illyrie, contre l’empereur Claude, fut arrêté pour être conduit à Rome par mer. Arria fit les plus vives instances pour qu’on la souffrit auprès de Pætus, qu’elle voulait continuer de servir ; ne pouvant obtenir cette faveur, elle loua une barque de pêcheur, et suivit le vaisseau. Arrivée à Rome, elle se rendit au palais de l’empereur, où, rencontrant la femme de Scribonianus, qui dénonçait ses complices, elle lui fit, devant Claude même, un crime de vivre encore, après avoir vu tuer son mari dans ses bras. Ces paroles, et d’autres semblables, donnèrent à penser qu’elle était résolue à mourir. Sa famille la fit garder quelque temps pour l’empêcher de s’ôter la vie. Elle, pour faire voir qu’elle en trouverait toujours le moyen, se précipite la tête contre un mur, et tomba demi-morte du coup. Lorsqu’elle eut perdu tout espoir de sauver son mari, qui n’avait pas de lui-même le courage de se donner la mort, elle prit un poignard devant lui, se l’enfonça dans le sein, et, le retirant, elle le lui présenta, en disant froidement : Pæte, non dolet ; « Pætus, cela ne fait point de mal. » Pætus se donna la mort, à l’exemple de sa femme. Q-R-y.


ARRIAGA (Roderic de), jésuite, né à Logrono, en Castille, en 1592, enseigna la philosophie à Valladolid, et la théologie à Salamanque, se rendit ensuite à Prague, en Bohème, où il professa pendant treize ans la théologie. Il fut pendant vingt et un ans préfet général des études, et pendant douze ans chancelier de l’université de Prague. Les jésuites de Bohème l’envoyèrent trois fois à Rome pour assister aux assemblées de leur ordre. Il fut très-estimé non-seulement par Urbain VIII et Innocent X, mais encore par l’empereur Ferdinand. Il mourut à Prague, en 1667. On a de lui un Cours de Philosophie, 1 vol. in-fol., 1632, et un Cours de Théologie, en 8 vol. in-fol., Anvers, 1645-1655. Il travaillait au 9e volume lorsqu’il mourut. Ou dit qu’il savait mieux réfuter les opinions des autres que prouver les siennes. Bayle traité assez longuement du mérite de ce jésuite. « C’est dommage, dit-il, qu’un esprit si net et si pénétrant n’ait pas eu plus d’ouverture sur les véritables principes ; il eût pu les pousser très-loin. » — Deux autres Arriaga ont figure dans la littérature espagnole. L’un (Gonzalve), dominicain, né à Burgos, mort en 1657, recteur du collège de St- Thomas publia, en espagnol, la vie de St. Thomas d’Aquin, et celle de Jean de Zazcano ; l’autre (Paul-Joseph), jésuite, né à Vergura, alla au Pérou, où il fut préfet du collège de Lima. Il périt dans un naufrage, en 1622. Il a laissé les ouvrages suivants : 1° Rhetor Christianus ; 2° Directorium spiritule ; 3° de Extirpatione idololalriæ, et de mediis ad conversionem Indorum aptissimis, ouvrage imprimé au Pérou en 1621 ; 4° Exercitia spiritualia. D-g.


ARRIBAS (Paul-Antoine), ministre d"Espagne, né en 1771. S’étant distingué dans le cours de ses études, il obtint à l’âge de dix-neuf ans, au concours, la chaire de physique à l’université de Valladolid. Il y professa ensuite le droit, et les talents qu’il développa lui firent accorder par le conseil de Castille une dispense d’âge pour être reçu avocat, distinction dont on a peu d’exemples en Espagne. Il exerça cette profession près de la chancellerie de Valladolid. À trente-trois ans, il fut nommé par le roi Charles IV procureur général près la cour des alcades del Corte. En 1808, il embrassa la cause du roi Joseph Bonaparte, et fut nommé membre de son conseil d’État, ensuite ministre de la police générale et de la justice. Obligé de quitter l’Espagne après le retour de Ferdinand VII en 1814, il vint habiter le village de Colombe aux environs de Paris, où il acquit une petite propriété ; il y mourut en 1828. G-y.


ARRIEN (Flavius), né à Nicomédie, dans la Bithynie, fut disciple d’Epictète, ce qui ne l’empêcha pas de se livrer à la profession des armes, dans laquelle il se distingua bientôt de manière à attirer sur lui les regards de l’empereur Adrien, qui le fit citoyen romain, et lui donna le gouvernement de la Coppadoce, qu’il défendit contre les Alains, l’an 134 après J.-C. Adrien le récompensa par la dignité consulaire et le titre de sénateur ; on le fit aussi, dans sa patrie, grand prêtre de Cérès et de Proserpine. Philosophe, historien, géographe distingué, il possédait en même temps les connaissances et les talents d’un bon administrateur et d’un chef d’armée. Ses éminentes qualités lui méritèrent l’amitié des hommes les plus illustres de son temps. Lucien ne le nomme qu’avec respect, et Pline le jeune lui a consacré sept de ses lettres. On dit qu’Arrien se proposa Xénophon pour modèle. En effet, Xénophon avait rédigé les Dicts de Socrate ; Arrien écrivit ceux d’Epictète. Xénophon avait publie sept livres de expédition de Cyrus qui fonda la grandeur des Perses ; Arrien composa sept livres sur l’expédition d’Alexandre qui détruisit l’empire des Perses. Les Helléniques de Xénophon donnèrent, dit-on, naissance aux Bithyniques, aux Alaniques d’Arrien Xénophon avait traité de la chasse et de la tactique ; Arrien traita de la tactique et la chasse : copiste à la fois du style et du caractère de Xénophon, Arrien se montra aussi jaloux de la réputation de bon général que de celle de bon écrivain. En lisant ces deux auteurs avec attention, on trouve que Xénophon est plus naïf, et Arrien plus sec. On sent que l’un fut disciple de Socrate, et l’autre d’Epictète., Les ouvrages d’Arrien perdus pour nous sont des Discours familiers d’Epictète, en 12 livres ; de la Vie et de la Mort d’Epictète ; les Guerres contre les Parthes, en 17 livres ; la vie de Tilliborus, brigand célèbre ; dix livres des Événements qui suivirent la mort d’Alexandre : on en trouve un abrégé dans Photius ; les Gestes de Timoleon ; de l’affranchissement de Syracuse par Dion ; les Bithyniques ou Origine et Histoire de la Bithynie, en 8 livres : cet ouvrage n’est connu que par le témoignage de Photius. Il reste des ouvrages d’Arrien :1° le Manuel d’Èpictète et les Dis-