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1771, les Deux Solitaires ; les Trois Rivaux ; Pierrin et Pierrette ; Riquet à la houpe. — pantomimes : 1770, le Chat botté. 1771, le Villageois clairvoyant ; Alceste, ou la Force de l’amour et de l’amitié. 1772, l’astrologue ; le Mariage assorti. 1773, Alcimatendre, parodie d’Alicmadure ; le Meunier gaulois, parodie d’Iphigénie ; la Fête de Colette ; le Braconnier, en 2 actes. 1774, l’Oiseau chéri ; la Bonne femme, parodie d’Alceste. 1775, le Braconnier anglais ; la Belle au bois dormant. 1776, les Audiences de Cythére, sujet qu’il avait déjà traité en comédie. 1777, les deux petits Arlequins ; le Vice puni, ou le nouveau Festin de Pierre, en 3 actes. 1778, les Fourberies de Sganarelle, en 5 actes ; Arlequin gros lot ; l’Intrépide, remis au théâtre en 1786 sous ce titre : le Brave homme, ou les Naufragés (il s’agit du brave Boussard de Dieppe) ; la Complainte des Barmécides, parodie de la tragédie de Laharpe. Le succès étonnant de cette pantomime est constaté dans la Correspondance de Grimm. 1781, Pierre de Provence et la belle Maguelone. 1782, les Deux n’en font qu’un. 1783, Malbrough s’en va-t-en guerre ; Péronnette, parodie du siége de Péronne ; les Noces de Thetis et de Pelée[1] ; le Maréchal des logis. 1785, les Quatre Fils Aymon. 1786, le Vétéran, ou le Bûcheron déserteur ; Rosinette, parodie de l’opéra de Rosette ; l’Héroïne américaine, sujet tiré de l’Histoire philosophique de l’abbé Raynal. 1787, la mort du capitaine Cook. 1788, le baron de Trenck, ou le Prisonnier prussien. On attribue à Arnould l’Almanach des petits spectacles de Paris, 1779 et années suivantes, 9 vol. in-16, sans doute parce qu’il y est fréquemment loué, et que Nicolet, directeur d’un théâtre rival, s’y trouve fort maltraité. Cette collection est devenue assez rare. — Nicolas-François Arnould, né à Auteuil en 1795 et mort en 1830, est auteur de trois opéras reçus au théâtre, mais qui n’ont pas été joués, savoir : Pygmalion, Crostiati et Atala, A-t. et W-s.


ARNOULD (Sophie), actrice de l’Opéra, à Paris, débuta le 15 décembre 1757, et dut à une voix touchante, à une sensibilité vraie, l’avantage d’être reçue dès l’année suivante : elle joua les premiers rôles jusqu’en 1778, époque de sa retraite, et se distingua surtout dans celui de Thélaïre, de Castor et Pollux ; dans ceux d’Éphise, de Dardanus et d’Iphigénie en Aulide. On assure que dans un voyage que Garrick fit à Paris, ce comédien donna les plus grands éloges à mademoiselle Arnould ; Dorat l’a célébrée dans son poème de la Déclamation. On cite une foule de bons mots de cette actrice, mais la plupart sont d’un cynisme qui les exclut de cet ouvrage. Malgré le mordant de ses saillies, elle n’eut point d’ennemis et laissa de justes regrets à ceux qui l’avaient connue. Une dame, qui n’était que jolie, se plaignait d’être obsédée par la foule de ses amants : « Eh ! ma chère, lui dit mademoiselle Arnould, il vous est si facile de les éloigner : vous n’avez qu’à parler. » À une époque où un homme de qualité, fort riche, était son amant en titre, il la surprit en tête a tête avec un chevalier de Malte et voulut se fâcher, quoiqu’il fût lui-même très-connu par sa légèreté et son inconstance. « Votre procédé est injuste, dit mademoiselle Arnould, monsieur accomplit son vœu de chevalier de Malte : il fait la guerre aux infidèles. » Une cantatrice assez médiocre, et qui avait un organe rauque et commun, fut un jour très-mal accueillie dans le rôle de Clytemnestre : « C’est étonnant, dit mademoiselle Arnould, elle a cependant la voix du peuple. » Ayant acheté, dans les premières années de la révolution, pour en faire sa maison de campagne, le petit presbytère de Luzarche, elle fit mettre sur la porte d’entrée : Ite, missa est. Ces saillies prouvent plus d’esprit que de respect pour les convenances. Nous terminerons par un mot qui, du moins, n’a pas le défaut qu’on peut reprocher aux autres. Elle dit à quelqu’un qui lui montrait une boîte sur laquelle la flatterie avait accolé au portrait de Sully celui du ministre Choiseul : « C’est la recette et la dépense. » Mademoiselle Arnould était née à Paris, le 14 février 1744, dans la chambre où l’amiral Coligni avait été massacré. Elle est morte en 1803. Elle a fourni aux auteurs du Vaudeville le sujet d’une petite pièce. On a publié en 1813 : Arnoldiana, ou Sophie Arnould devant ses contemporains, ouvrage écrit d’un style lourd et plein de gravelures. P-x.


ARNOULD (Ambroise-Marie), tribun et conseiller d’État, naquit à Dijon vers 1750, fit ses études dans cette ville, et vint de bonne heure à Paris, où il s’occupa de finances et d’économie politique. Il embrassa avec modération les principes de la révolution, et publia en 1791 un ouvrage remarquable, sous ce titre : de la Balance du commerce et des Relations commerciales extérieures de la France, dans toutes les parties du globe ; seconde édition, Paris, 1795, 2 vol. in-8o, avec un atlas. Arnould obtint à cette époque au ministère un emploi de chef du bureau du commerce, qu’il perdit en 1794, lorsque toute espèce de commerce eut cessé. Après le 9 thermidor, il se montra fort opposé à la convention nationale ; et quand les Parisiens se révoltèrent contre cette assemblée, le 13 vendémiaire an 4 (octobre 1795), il fut un de leurs chefs. Obligé de fuir après le triomphe de la convention, il se livra dans sa retraite à de nouveaux travaux, et fit paraître un mémoire sur le système monétaire métallique, une instruction pour les rentiers, et un ouvrage plus important intitulé : Système maritime politique des Européens pendant le 18e siècle, 1 vol. in-8o (1797). Ces écrits lui firent une réputation ; il fut nommé en 1798, par le département de la Seine, membre du conseil des anciens, et consacra alors tout son temps à des rapports sur le commerce, les finances et l’administration. En 1799, il fut nommé député au conseil des cinq-cents et continua à s’y occuper des mêmes objets. Il concourut de tout son pouvoir

  1. À l’occasion de cette pièce, un des admirateurs d’Arnould lui adressa une épître, insérée dans la 7e partie de l’Almanach des petits spectacles, et qui commence ainsi :

    Arnould, laisse crier l’envie,

    De nos petits auteurs méprise les propose ;

    Tu le sais, de tout temps les sots

    Furent les rivaux du génie.