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ARI

fête des Panathénées, ou les principaux citoyens étaient armés pour escorter la procession. Ce jour arrivé, ils se disposaient à exécuter leur projet ; mais voyant un des conjurés parler à Hippias, ils crurent qu’on lui dévoilait leur conjuration ; ils sortirent alors comme des furieux, et rencontrant Hipparque, ils fondirent sur lui et le tuèrent. Aristogiton parvint d’abord à s’échapper, mais il ne tarda pas être arrêté. Livré à la torture avant d’être mis à mort, et sommé de faire connaître ses complices, il nomma successivement les plus intimes amis d’Hippias, qui furent aussitôt mis à mort, après quoi le tyran lui demanda s’il n’y en avait plus : « Il n’y a plus que toi, lui répondit en souriant Aristogiton, qui soit digne de mort. » On raconte la même chose de Zénon d’Elée, ce qui peut faire douter de la vérité de cette anecdote, dont il n’est pas question dans Thucydide. On leur érigea des statues par la suite, et leur nom servait de signe de ralliement contre tous ceux qu’on soupçonnait de vouloir attenter à la liberté. C-r.


ARISTOGITON, fils de Cydimaque, orateur athénien, surnomme le Chien, à cause de son impudence, fut plusieurs fois condamné à l’amende comme calomniateur, et emprisonné faute de paiement de ses amendes ; il ne se rebuta cependant point, et continua le même métier, à la grande satisfaction du peuple d’Athènes, qui aimait beaucoup, comme l’on sait, a voir persécuter les hommes de mérite. Aristogiton fut lui-même en butte à différentes accusations, et nous avons contre lui deux discours sous le nom de Démosthène, un de Dinarque, et il en a été perdu un de Lycurgue. À la fin succomba, et fut condamné à mort. Étant entre les mains des Onze, sur le point de boire la ciguê, il fit demander Phocion pour lui parler ; et, comme les amis de ce dernier s’opposaient a ce qu’il se rendit à cette invitation, il leur dit : « Laissez-moi aller. Ou pourrais-je voir Aristogiton avec plus de plaisir ? » C-r.


ARISTOLAUS, peintre athénien, fils et disciple de Pausias ; il avait peint Épaminondas, Périclès et plusieurs autres grands hommes. On citait aussi de lui un tableau représentant le peuple athénien personnifié, sujet qui exerçait assez souvent le génie des artistes grecs. Pline donne la liste des ouvrages d’Arisrotaus, recommandables surtout par la correction du dessin. Il vivait environ 525 ans avant J.-C. L-S-e.


ARISTOMACHUS. Il y a eu, suivant Plutarque, deux tyrans de ce nom à Argos, tous les deux contemporains d’Aratus, qui chercha à faire tuer le premier pour rendre la liberté aux Argiens, chez qui il s’était retiré pendant son exil ; mais cette conspiration fut découverte. Aristomachus fut tué peu de temps après par ses esclaves, et Aristippe, protégé par Antigone Gonatas, se fit tyran à sa place. — Ce dernier eut pour successeur un autre Aristomachus, qui, se voyant privé de tout appui après la mort de Démétrius, roi de Macédoine, rendit lui-même la liberté aux Argiens, et les fit entrer dans la ligue achéenne, dont il devint stratège la suite. Polybe de son côté, ne semble reconnaître qu’un seul Aristomachus, qui était tyran d’Argos lorsqu’Aratus chercha à prendre cette ville par surprise. Ce général n’ayant pas réussi, Aristomachus fit périr dans les tourments les plus affreux quatre-vingts des principaux citoyens d’Argos qu’il soupçonnait d’intelligence avec Aratus. Il déposa par la suite son autorité, parce qu’il voyait qu’il n’était plus possible de la conserver, et il devint stratége des Achéens ; mais il saisit la première occasion qui se présenta pour les trahir, et fit entrer les Argiens dans le parti de Cléomènes. il fut fait prisonnier quelque temps après par Antigone et les Achéens, qui le noyèrent à Cenchrées. Phylarque, que Plutarque a suivi, prétendait qu’il avait été sacrifié à la jalousie d’Aratus ; mais Polybe justifie très-bien ce grand homme, et prouve qu’Aristomachus avait mérité son sort. C-r.


ARISTOMAQUE, philosophe péripatéticien, né à Soles en Cilicie, et disciple de Lycon, cultiva l’histoire naturelle, et s’occupa principalement des abeilles, sur lesquelles il fit des observations pendant cinquante-huit ans ; il avait écrit aussi sur l’agriculture. Pline le cite souvent. Son portrait nous a été conservé sur une cornaline, où il est représenté contemplant des ruches. On en trouve la gravure dans le premier volume de l’Iconographie de Visconti. C-r.


ARISTOMÈNES, Messénien, était né à Andante. Nicoméde, son père, descendait des anciens rois de Messène ; sa mère se nommait Nicotélie. Lorsqu’il vit le jour, la Messénie était depuis longtemps sous le joug des Lacédémoniens ; mais elle s’était peuplée d’une jeunesse nombreuse qui, impatiente du joug, n’attendait qu’un chef pour le secouer. Elle le trouva dans Aristomènes, qui réunissait les plus grandes qualités aux droits qu’il tenait de sa naissance. Comme il n’avait pas moins de prudence que de valeur, il commença par s’assurer des dispositions des peuples voisins, et, lorsqu’il les sut prêts a seconder les Messéniens, il leva l’étendard de la révolte. Les Lacedémoniens ayant envahi sur-le-champ la Messénie pour la faire rentrer dans le devoir, il leur livra, vers Déræ, un combat dont le succès fut incertain, mais où il fit de tels prodiges de valeur, qu’on voulut lui donner le titre de roi, qu’il refusa. Il harcela tellement les Lacédémoniens, que ceux-ci, réduits au désespoir, consultèrent l’oracle, qui leur dit de demander un chef aux Athéniens, et ceux-ci leur envoyèrent le poète Tyrtée. Cela n’empêcha pas que les Lacedémoniens ne fussent défaits vers le monument du Sanglier, et qu’ils n’éprouvassent plusieurs échecs particuliers. Ils eurent alors recours à la trahison, et parvinrent, à prix d’argent, à corrompre Aristocrate II, roi d’Arcadie, qui abandonna les Messéniens au moment d’une bataille générale, vers la Grande-Fosse, et fut la cause d’une déroute complète ; Aristomènes alors se fortifia sur le mont Ira avec ce qui lui restait de troupes, et se mit à faire des incursions, tant dans la Laconie, qu’il ravagea entièrement, que dans la portion de la Messénie qui était au pouvoir des Lacédémoniens ; il prit même et pilla Amycles, ville voisine de Sparte. À la fin cependant il fut lui-même fait prisonnier dans une de ces incursions, et les Lacédémoniens le précipitèrent dans le Céadas (on donnait ce nom à un précipice où l’on jetait ceux