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ARI

et ils y firent cette version célèbre, dont faisaient usage dans leurs synagogues les Juifs établis en Égypte, qui ignoraient, en général, la langue hébraïque ; et elle est encore la seule que reconnaissent les Églises grecques. Pour rendre la chose plus merveilleuse, on ajouta, par la suite, que ces soixante-douze interprètes, enfermés dans des cellules particulières, traduisirent chacun la Bible en entier, et que, lorsqu’on compara ces traductions, on trouva qu’ils s’étaient rencontrés, nom-seulement pour le sens, mais encore pour les expressions. Il est reconnu maintenant que toute cette histoire a été imaginée par quelque Juif d’Alexandrie, qui a voulu relever le mérite de cette version, que les Juifs de la Palestine étaient bien éloignés d’approuver, puisqu’ils la regardaient comme une profanation pour l’expiation de laquelle ils instituèrent, dit-on, un deuil annuel. Cependant l’ouvrage que nous avons sous le nom d’Aristée est ancien, car Philon le juif et Josèphe le citent. Il a été imprimé plusieurs fois séparément : la meilleure édition est celle qui a paru en grec et en latin, Oxonii, 1692, in-8o. On le trouve aussi, avec une réfutation très-savante, dans l’ouvrage intitulé : Humfr. Hodii de Bibliorum textibus originalibus libri 4, Oxonii, 1705, in-fol., et, à la suite de la dissertation de van Dale, de septuaginta Interpretibus super Aristeam, Amstelodami, 1705, in-4o. On croit maintenant que la version dite des Septante a été faite par parties, et à différentes époques, par des Juifs d’Alexandrie. celle du Pentateuque est la plus ancienne, et peut bien remonter au règne de Ptolémée Philadelphe. Les autres livres ont été traduits un peu plus tard, mais longtemps avant la conquête de l’Égypte par les Romains. Cette traduction est la première dont les chrétiens se soient servis, et c’est d’après elle que les apôtres citent l’Ancien Testament. Elle a été imprimée un grand nombre de fois ; les meilleures éditions sont : celles qui furent données, 1° par les ordres de Sixte-Quint, d’après un manuscrit très-ancien du Vatican, Rome, 1587, in-fol., réimprimée avec le Novum Testamentum gr. lat., studio Jo. Morini, Parisiis, 1628, in-fol., 3 vol. ; 2° par Lambert Bos, d’après le manuscrit du Vatican, avec des variantes, Franeckerœ, 1709, in-4o, 2 vol. ; 3° par Grabe, d’après le manuscrit d’Alexandrie, qui se trouve dans la bibliothèque du roi d’Angleterre, Oxonii, 1707 et suivantes, in-fol., 2 vol., réimprimée à Zurich (Tigurii), par les soins de Breitinger, 1730, in-4o, 4 vol. ; 4° par David Millius, Trajecti ad Rhenum, 1725, in - 8°, 2 vol. Holmes, savant anglais, avait entrepris d’en donner une, avec les variantes de tous les manuscrits : il en a paru un spécimen contenant la Genèse, Oxonii, 1798, in-fol. Nous ignorons si cet ouvrage a été continué. Le Livre de Daniel, qui se trouve dans toutes les éditions des Septante, n’était point de la même traduction que le reste ; celle des Septante a été imprimée pour la première fois à Rome, 1772, in-fol., et réimprimée avec les notes de Ségaar, Trajecti ad Rhenum, 1775, in-8o. C-r.


ARISTENÈTE auteur grec, du 4e siècle après J.-C., né à Nicée, mourut dans le tremblement de terre de Nicomédie, en 358. Il fut l’ami de Libanius. On présume qu’il est l’auteur des lettres connues sous son nom. Ces lettres furent imprimées pour la première fois par les soins de Sambucus, Anvers, 1566, in-4o. Josias Mercier en donna, en 1595, une nouvelle édition, avec une version latine et des notes, réimprimée en 1600, 1610, 1639. La meilleure édition est celle qui a été donnée par Frédéric Abresch, Zwoll, 1749, in-8o. On trouve à la suite Lectionum Aristœnetarum libri duo. On doit y joindre : Virorum aliquot eruditorum in Aristœneti Epistolas Conjecturæ, Amsterdam, 1752, in-8o. Il a paru à Vienne, en 1803, une édition toute grecque d’Aristenète, avec une lettre qui n’avait jamais été imprimée. Il existe plusieurs traductions françaises des Lettres d’Aristenète. Cyre-Foucault en donna une des 1597. Lesage publia la sienne en 1695, in-8o : elle a été réimprimée à Lille, dans le format in-18, et insérée dans le Manuel des Boudoirs. Cette traduction est bien moins exacte que celle de Cyra-Foucault. Moreau, procureur du roi au Châtelet, donna, en 1752, une nouvelle traduction, ou plutôt imitation d’une partie des Lettres d’Aristenète. M. Félix Nogaret a publié, en 1797, 2 vol. in-18, L’Aristenète français. C’est une espèce d’imitation des Lettres d’Aristenète. M. Boissonade a traduit en entier cet auteur, et son travail n’a pas encore vu le jour. « Des critique : tres-éclairés, dit le moderne traducteur, ont parlé du style des Lettres d’Aristenète avec beaucoup d’éloges ; mais il faut convenir qu’il manque trop souvent de goût et de naturel, qu’il est presque toujours déclamatoire, et que cet ouvrage n’a vraiment de mérite que celui de son antiquité, et des peintures toujours précieuses des mœurs de la Grèce ancienne. » Ces lettres sont du genre romanesque ; leur objet est l’amour ; elles n’appartiennent au genre épistolaire que par la forme. A. B-t.


ARISTIDE, fils de Lysimaque, de la tribu Antiochide, était de l’une des principales familles d’Athènes. Il se distingua de bonne heure par une probité sévère, ce qui lui valut le surnom de juste. Il était polémarque, ou capitaine de sa tribu, lorsque les Athéniens combattirent les Perses à Marathon. Chacun de ces polémarques avait à son tour le commandement de l’armée pour un jour seulement, ce qui empêchait qu’on ne pût mettre de la suite dans les opérations militaires ; Aristide, sentant le vice de cette institution, céda son jour à Miltiades, celui d’entre eux qui avait le plus de talent, et engagea les autres polémarques à en faire de même ; et ce fut principalement a cette mesure qu’on dut le gain de la bataille de Marathon. Après le combat, il resta avec sa tribu pour garder les prisonniers et les dépouilles des Perses, tandis que les neuf autres retournèrent en hâte à la ville, dans la crainte que les Perses ne tentassent un débarquement. Il fut archonte l’année suivante. La considération dont il jouissait excita la jalousie de Thémistocle, qui cherchait à s’avancer aux dépens de tout ce qu’il y avait de plus distingué à Athènes : il n’osa pas l’attaquer