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tain Anabus, roi d’un peuple de la Libye, à faire des incursions dans le pays de Cyrène, et comme la guerre et la tyrannie ne s’accordaient point, elle offrit d’aller négocier la paix. S’étant rendue vers Anabus, elle fit ses conditions avec lui, et, de retour vers Léandre, l’engagea à se rendre sans armes auprès d’Anabus, pour ratifier, disait-elle, le traité. À peine y fut-il arrivé qu’Anabus le fit arrêter, et le livra aux Cyrénéens, qui le firent mourir. Ils offrirent le gouvernement à Arétaphile, qui le refusa, leur donna des lois sages, de bonnes institutions, et alla finir ses jours dans la retraite. C-r.


ARETAS. Nom de plusieurs rois de l’Arabie Pétrée, que la faiblesse des rois de Syrie enhardit à faire des incursions dans la Cælésyrie. Le premier qui nous soit connu est celui qui battit Jason, chef des Hébreux, vers l’un 170 avant J.-C. — Un autre Attéras s’empara de la Cælésyrie, vers l’un 84 avant J.-C., prit le titre de roi de Damas, et fit frapper des monnaies en son nom. Il alla au secours d’Hyrcan contre Aristobule, son frère ; mais pendant ce temps, Scaurus, l’un des lieutenants de Pompée, reprit Damas. Il paraît cependant que Pompée lui rendit cette ville, et que ses descendants y régnèrent ; car St. Paul, dans sa seconde Épître aux Corinthiens, chap. 2, parle d’un Arétas, roi de Damas, qui voulut le faire arrêter, vers l’an 55 de J.-C. C-r.


ARÉTÉE de Cappadoce (Aretæus, Ἀρεταίος, que quelques-uns écrivent Arethée), médecin grec qui, par sa fidélité à suivre la méthode d’expérience et d’observation tracée par Hippocrate, mérite d’être mis au nombre des classiques en médecine. On ne sait en quel temps il a vécu ; Wigan, un de ses éditeurs et commentateurs, prétend que c’est sous le règne de Néron ; cependant Galien, qui a parlé de tous les auteurs antérieurs à lui, n’en fait pas mention, et certes il n’en aurait pas omis un d’un mérite aussi éminent qu’Arétée. Goulin penche à croire qu’il est le même qu’Athénée, chef de la secte des pneumatiques ; il appuie son assertion sur de légères altérations de mots, accident qui doit arriver dans la langue grecque plus qu’en aucune autre langue. Quoi qu’il en soit de l’histoire personnelle d’Arétée, le petit nombre d’ouvrages qu’on attribue à cet auteur, et qui nous retracent les beaux temps et les principes sûrs de la médecine grecque et hippocratique, nous sont parvenus, mais avec beaucoup de lacunes ; quelques chapitres même manquent en entier. Ils sont divisés en huit livres, deux sur les causes des maladies aiguës, deux sur celles des maladies chroniques, deux sur la description des maladies aiguës, et deux sur celle des maladies chroniques. Rien de plus exact que le tableau qu’y fait Arétée des maladies ; rien de plus rationnel que la manière avec laquelle il en établit le diagnostic et en règle le traitement, puisé autant dans l’hygiène que dans la pharmacie. On croit relire Hippocrate ; c’est la même méthode d’observation, même précision dans les détails, même étendue de vues dans leur généralisation, même style sentencieux et pittoresque pour leur expression. S’il ne saisit pas avec moins de sagacité qu’Hippocrate les divers mouvements de la nature dans le cours d’une maladie, s’il n’en note pas avec moins d’exactitude la succession, il sait de même aussi allier le mérite d’observateur passif à celui de médecin agissant, qui, selon les cas, se propose d’influer sur les divers mouvements des maladies ; et c’est à lui qu’on doit le premier emploi de ce dérivatif et excitant puissant, les cantharides en vésicatoire, que jusqu’alors on n’avait fait prendre qu’à l’intérieur. Arétée fait précéder l’histoire de chaque maladie de l’indication anatomique de l’organe qui en est le siége ; et quelque imparfaite que soit cette anatomie, à cause des nombreux obstacles opposés à l’étude de cette science chez les anciens, cela n’en démontre pas moins la sage méthode que suivait Arétée ; et même encore, sous ce rapport, mérite-t-il d’être consulté, comme présentant le tableau fidèle de l’état de cette science à cette époque. En somme, cet ouvrage doit être mis sur la même ligne que ceux du père de la médecine. Il a eu de nombreuses éditions ; la première, en latin, parut en 1552, in-4o, à Venise, par les soins de Junius Paulus Crassus, professeur de Padoue ; il y manque les 2, 3, 5, 6 et 7e chapitres du 2e livre de la curation des maladies chroniques. En 1554, J. Goupyl, de la faculté de Paris, en donna une en grec, à Paris, in-8o, où ces 5 chapitres étaient rétablis. Ces deux premières éditions se réimprimèrent plusieurs fois avec de légères additions. En 1605, il en parut une grecque et latine, in-fol., par George Henisch, avec d’assez mauvais commentaires de ce dernier. En 1723, J. Wigan en donna une grecque et latine, bien plus soignée, à Oxford, in-fol. ; il la fit sur deux manuscrits grecs, dont l’origine pure lui était garantie sans avoir pu se procurer les éditions de Henisch et de Turnébe. Elle n’empêcha pas cependant Boerhaave d’en donner une autre, aussi grecque et latine, à Amsterdam, 1735, in-fol., et cette dernière doit être préférée, parce que l’éditeur profita des recherches de Wigan ; Boerhaave y a suivi le texte grec de Goupyl, la version latine de Crassus, et y a ajouté de bons commentaires faits par Petit, médecin de Paris, et que le célèbre critique anglais Mattaire avait déjà fait imprimer séparément des 1726. Henri Estienne, réunissant dans un seul ouvrage, intitulé Medicæ artis Principes, tout ce que les anciens avaient de recommandable en médecine, n’avait eu garde d’omettre Arétée, et, dés 1567, la version latine de ce médecin grec, par Crassus, avait été insérée dans cette intéressante et utile collection. Enfin, Haller, donnant une nouvelle édition de ces Medicæ artis Principes, en 1772, retoucha encore le bel Arétée qui compose le 5e vol. de cette édition in-8o ; mais Haller, dans ce travail, fut inférieur à lui-même, et l’édition de Boerhaave, quoique antérieure à la sienne, mérite encore aujourd’hui la préférence. Enfin Lefebvre de Villebrune en avait fait une traduction française, mais qui n’a pas encore été imprimée. C. et A-n.


ARETIN (Léonard), ou Léonard d’Arezzo. Voyez Bruni.


ARETIN (François). Voyez Accolti.


ARETIN (Bernard), surnommé l’Unico Aretino. Voyez Accolti.