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toutes leurs communications directes avec les autres pays. Toutefois cette réunion ne devint préjudiciable aux habitants d’Anhalt que lorsqu’au commencement de 1818 la Prusse établit une ligne de douane à ses extrêmes frontières, et assujettit le commerce des pays enclavés aux mêmes droits et prohibitions que celui des parties intégrantes du royaume. Plus tard, il est vrai, le gouvernement de Prusse offrit à Ferdinand de lui restituer annuellement les droits perçus sur les habitants d’Anhalt ; mais le duc repoussa un pareil accommodement, et protesta solennellement contre toute espèce de protection. Il soutint toutes les discussions qui en résultèrent, et qui durèrent près de huit ans, avec autant d’énergie que de dignité, et sans jamais invoquer (quelque puisant appui qu’ils présentassent à sa cause) aucun de ces principes de droit public qui, de nos jours, allument si facilement les passions de la multitude. Cette conduite délicate fut à la fin couronnée d’un plein succès, et, en 1826, le roi de Prusse déclara et garantit, par un acte signe de sa main et envoyé au duc, l’indépendance pleine et entière des principautés d’Anhalt, ainsi que celle des autres enclaves. En 1820, Ferdinand se rendit à Vienne, où il défendit avec beaucoup de zèle les intérêts commerciaux de ses sujets. Il obtint l’insertion, dans l’acte complémentaire de la confédération germanique, d’un article qui assurait à tous les États d’Allemagne la libre navigation des fleuves, et notamment celle de l’Elbe, dont la principauté d’Anhalt est riveraine. La santé de son épouse ayant reçu, en 1821, une atteinte sérieuse, le duc l’accompagna aux eaux de Carlsbad et d’Embs, et plus tard il visita avec elle les contrées rhénanes et la France. Arrivés à Paris en 1821, les deux époux embrassèrent le catholicisme romain le 24 octobre. Cette conversion, qui fut tenue secrète jusqu’à ce que le duc, à son retour à Coethen, l’annonçât lui-même par une proclamation en date du 13 janvier 1826, ne produisit aucune sensation, ni en France ni même en Allemagne, ou pourtant un pareil acte de la part du comte de Stolberg (voy. ce nom) avait donné lieu à une violente polémique qui dura plus de vingt années. Le changement de culte du prince Ferdinand n’ôta rien à son affection pour ses sujets protestants, qu’il continua à gouverner avec le même zèle et la même sagesse qu’auparavant. Il mena pendant le reste de ses jours une vie fort retirée, et mourut le 25 août 1830, à l’âge de 61 ans, sans laisser de postérité. Ce prince réunissait à un esprit fin et souple un caractère plein d’énergie et des manières douces et prévenantes. Il était d’une taille moyenne, d’une constitution robuste, et sa figure noble et ouverte exprimait la franchise et la loyauté. Les petits États qu’il gouverna lui sont redevables de grands bienfaits. Il fit dessécher et livra à la culture de vastes marais, introduisit l’usage d’instruments aratoires perfectionnés, et créa plusieurs établissements d’utilité publique. C’est lui qui le premier importa en Silésie la fabrication du zinc, branche d’industrie qui a pris un grand développement dans cette province. M-a.


ANIANUS, astronome et poète, vivait dans le 15e siècle, et composa, en vers hexamètres léonins, un poème astronomique intitulé : Compulus manualis magistri Aniani, divisé en 4 parties, et qui a euplusieurs éditions, dont la plus ancienne est de Strasbourg, 1488. Il en existe deux de Paris, l’une sans date, l’autre de 1526. À cette dernière est joint un commentaire de Jacques Marsus, Dauphinois, avec un calendrier, et plusieurs tables dressées par Nicolas Bonaspes, au bas de chacun des mois de ce calendrier. Anianus est auteur des vers techniques si connus, sur les signes du zodiaque :

Sunt Aries, Taurus, Gemini, Cancer, Leo, Virgo,
Libraque, Scorpius, Arcitenens, Caper, Amphora, Pisces.

J-n.


ANIANUS ou ANIEN, diacre de Celède, en Italie, ville détruite depuis longtemps et dont on ignore la situation, était pélagien, et vivait à la même époque que St. Jérôme et St. Augustin. Attaché à Pélage, il composa une défense de cet hérésiarque contre les Dialogues de St. Jérôme. Ce fut aussi dans ce dessein qu’il traduisit en latin les Homelies de St. Chrysostome sur St. Matthieu. On ne lui attribue ordinairement que la traduction des huit premières ; « mais, dit Richard Simon, en lisant un exemplaire manuscrit de la bibliothèque du roi, j’ai reconnu que celle des suivantes est également de lui. » Dans son épître dédicatoire à Oronce, évêque pélagien, il affecte de confondre la doctrine de St. Augustin sur la grâce et la prédestination avec celle des manichéens. Anianus traduisit encore les sept homélies de St. Chrysostome à la louange de St. Paul, qu’il dédia à Evangelus, évêque de sa secte, et où il donne des marques d’animosité contre St. Augustin. Son but, dans toutes ses traductions, était d’opposer le saint archevêque de Constantinople au grand évêque d’Hippone sur les matières de la grâce, qui divisaient les pélagiens et les catholiques. Considéré comme simple interprète et non comme théologien, dit Richard Simon, Anien est plus exact que les anciens traducteurs latins de St. Chrysostome : il s’exprime d’une manière noble, sans presque s’éloigner des propres mots de l’original. On ne peut l’accuser, ce me semble, ajoute le même critique, d’infidélité, et d’avoir altéré le sens de son original pour l’accommoder à ses préjugés. S’il est tombé dans quelques fautes, cela lui est commun avec la plupart des traducteurs. D’ailleurs. celles qu’on pourrait lui reprocher viennent de la diversité des manuscrits grecs ; aussi s’est-on contenté de retoucher quelques endroits de ses versions. Huet le place au rang des plus habiles traducteurs. tant pour la simplicité et la pureté de ses expressions que pour l’exactitude. Casaubon l’appelle un très-élégant interprète. Les bénédictins ont réimprimé sa traduction dans leur édition des œuvres de St. Chrysostome. T-d.


ANIBERT (Louis-Matthieu), né à Trinquetaille-lez-Arles le 12 octobre 1742, mort le 15 mars 1782, apprit d’abord la musique. Son maître, qui était Italien, lui inspira le désir d’étudier sa langue. Anibert s’adonna ensuite à la poésie, et composa, en 1770, un poème heroï-comique où l’on trouve, dit l’abbé Paul, d’excellents morceaux, mais