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ANV

colère de Lorenzo, qui en avait tiré jcette cruelle vengeance, ce qui est peu probable. M-d j.


ANUND, roi de Suède, surnommé Braut, c’est-à-dire destructeur des forêts, hérita, dans le 7e siècle, des couronnes de Gothie et de Danemark, dontson père Inguar s’était rendu maître ; il prit aussitôt les armes pour venger la mort de ce prince, assassiné par des rebelles, et revint triomphant de cette expédition. Il fit ensuite jouir ses sujets de la paix et d’un gouvernement paternel. Dans un siècle où le Nord ne connaissait d’autre vertu qu’une bravoure aveugle et féroce, il se montra juste et généreux ; régna par lui-même, et publia les règlements les plus sages. On prétend qu’il fit ouvrir des routes, brûler une partie des immenses forêts qui couvraient la Suède, et qu’en distribuant des terres aux habitants les plus industrieux sans exiger de redevance, il parvint à faire fleurir l’agriculture. Anund périt dans un voyage, par la chute d’une masse de terre. Son fils Ingiald lui suecéda. B-p.


ANUND II (Jacob), roi de Suède, succéda, en 1024, a son père Olaüs, premier roi chrétien, et fut surnommé Kolbrener (charbonnier), parce qu’il fit une loi portant que celui qui ferait tort à son concitoyen serait condamné à voir brûler sa propre maison. Ce prince, après avoir donné aux lois de la vigueur, favorisa les progrès du christianisme dans ses États. Selon J. Gothus et Loccenius, il fut entraîné dans une guerre contre Canut le Riche, roi de Danemark et d’Angleterre, et périt dans une bataille en 1035. Son frère, Émund le Vieux, lui succéda. B-p.


ANVARI, poëte persan. Voyez Anwéry.


ANVILLE (Nicolas de la Rochefoucauld, duc d’), né au commencement du 18e siècle, entra de bonne heure dans la marine française, et s’y fit remarquer par ses talents et son zèle, encore plus que par son nom. Il avait conservé, dans un service pénible, ou la rudesse est trop souvent unie au courage, le goût des lettres et l’élégance des mœurs qui caractérisent son illustre maison. En 1745, le duc d’Anville fut envoyé dans les mers de l’Amérique septentrionale, avec une escadre de quatorze vaisseaux de ligne, pour essayer de reprendre Louisbourg, ou de ruiner la colonie anglaise d’Annapolis ; sa flotte fut dispersée par une violente tempête ; quelques-uns de ses vaisseaux périrent, d’autres tombèrent au pouvoir de l’ennemi, et le duc d’Anville, consumé par une maladie qui tenait peut-être également à la force de son âme et à la faiblesse de son corps, mourut, accablé de chagrins, sur le rivage barbare de Chibouctou, près de la place où les Anglais ont bâti depuis la ville d’Halifax, aujourd’hui capitale de la Nouvelle-Écosse. E-d.


ANVILLE (Jean-Baptiste Bourguigon d’), premier géographe du roi, pensionnaire de l’académie des inscriptions et belles-lettres, adjoint géographe de l’académie des sciences, de la société des antiquaires de Londres, de l’académie de Pétersbourg, et secrétaire ordinaire du duc d’Orléans, naquit à Paris, le 11 juillet 1697, de Hubert Bourguignon, et de Charlotte Vaugon. Une carte géographique tombée par hasard entre ses mains, lorsqu’il n’avait que douze ans, lui donna occasion de manifester son goût pour la géographie. Il employa depuis une partie du temps de ses classes, et même de ses récréations, à dessiner les pays et les contrées dont parlent les historiens latins. Ce goût ne tarda pas à se convertir en une espèce de passion. Dès lors toutes les études du jeune d’Anville furent dirigées vers la géographie ; il ne lisait plus les poêtes et les historiens grecs ou latins que dans l’intention de trouver la place que les villes dont ils ont parlé occupaient sur le globe, et il essayait de fixer les limites de ces vastes empires, dont il ne reste de traces que dans l’histoire. Il suivait sur ses cartes la marche des armées, à travers des contrées devenues désertes, et s’occupait à retrouver les champs de bataille où s’était autrefois décidé le sort du monde. Ses études, soutenues par un noble enthousiasme, et constamment dirigées vers le même but, lui avaient procuré de très-bonne heure d’immenses connaissances en géographie. Il se fit connaître, peu de temps après avoir fini le cours de ses classes, des savants les plus distingués ; avant l’âge de vingt-deux ans, il obtint le brevet de géographe du roi. C’est sans doute dans la conversation des hommes qui jouissaient alors de la plus grande réputation, qu’il puisa les premiers éléments de cette critique saine et judicieuse qui lui a fait assigner un rang si distingué à la tête des géographes. Il s’habitua à comparer les connaissances qu’il n’avait jusqu’alors que rassemblées ; il apprit à les classer, et finit par acquérir ce tact si délicat et si difficile à définir, qu’on l’a comparé à une espèce d’instinct ; mais vraisemblablement ce n’était chez d’Anville que le résultat des combinaisons d’un esprit extraordinairement juste, dont les idées bien ordonnées venaient en foule à l’appui d’une première conception, sans que la plus légère circonstance propre à la confirmer ou à la détruite pût lui échapper. Quoi qu’il en soit, de l’aveu de tous les géographes, d’Anville était doué, au plus haut degré, d’une finesse de tact surprenante, qui lui faisait presque toujours distinguer la vérité de l’erreur. Un des objets les plus importants dont il se soit occupé fut de déterminer la longueur des mesures itinéraires des anciens, et de les comparer avec celles des modernes. La sagacité avec laquelle il a su éclaircir un sujet si obscur et semé de tant de difficultés est ce qui lui fait le plus d’honneur ; et c’est à cette première connaissance, qui sert de base à toute la géographie ancienne, que d’Anville doit le plus grand nombre de ses autres succès. La partie de ses ouvrages qui comprend la géographie moderne contient tout ce qu’on savait sur les pays qu’il a décrits à l’époque où ses cartes ont été publiées ; mais nos connaissances se sont tellement accrues, que ces cartes sont inférieures à celles qui ont été faites depuis. C’est cependant dans cette partie, qui n’est presque plus consultée, que d’Anville a donné la preuve la moins contestable de la supériorité de son talent. Il parvint, par l’application des mesures anciennes qu’il avait établies, Il