de la Roche et à Cabanis. Le médecin Roussel (Notice sur madame Helvétius), la représente comme douée d’un beau naturel, qui n’empruntait rien à l’étude, et d’une bonté que ne dirigeait pas la réflexion. Obéissant aux impulsions subites de son âme, elle donnait sans mesure. Ses soins journaliers s’étendaient sur une foule d’animaux, chiens, chats, poules, serins, etc., etc. Un des Conseils à ma fille, par M. Bouilly, est intitulé Les oiseaux de madame Helvétius. ( Voy. CABANIS et CHAMPFORT.)
St-s—N.
HELVÉTIUS (Jean), fils d’un négociant d’Amsterdam, qu’on croit avoir appartenu à la même famille que les précédents, dut le goût des lettres à sa première éducation et à l’exemple paternel. On assure qu’à l’âge de quatorze ans il s’était déjà familiarisé avec Démosthène. Ayant achevé ses études, il voyages en Angleterre et en France. Après la’mort de son père, il fut victime d’une confiance mal placée, et perdit la presque totalité de son patrimoine : la principale chose qu’il avait sauvée, sa bibliothèque, fut encore menacée depuis d’un semblable malheur. Des amis lui procurèrent une place, qui, bien qu’au-dessous de son mérite, le mettait désormais à l’abri des dangers qu’il avait courus. La culture des sciences et des lettres fit toutes les délices de sa vie. Il aimait passionnément la liberté, et il se plaisait à la chanter. Il faut le compter parmi les bons poëtes latins de son temps. Dans l’élégie, Properce est bien plutôt son modèle qu’Ovide ou Tibulle. Dans l’ode il ne pouvait imiter qu’Horace. Ses idées étaient grandes, ses expressions et ses images hardies : quelquefois chez lui l’élévation nuit à la clarté. Comme jadis les titres de prophète et de poëte étaient synonymes, on ne fut pas très-étonné de quelques prédictions sur le sort de la Hollande et sur la révolution américaine qu’offraient les vers d’Helvétins. Doué d’une profonde sensibilité, il faillit ne pas survivre à la mort d’un de ses amis (van Hinlopen), qu’il célébra avec l’accent de la plus vive douleur. Petit et d’une complexion assez valétudinaire, il avait une voix. de Stentor, qui, réunie à une action pleine de feu, donnait à ses vers, quand il les déclamait, une force et une expression peu communes. Les sciences mathématiques et naturelles ne lui étaient rien moins qu’étrangères. Il est mort dans un age peu avancé. Son ami, Laurent van Santen a publié à Leyde, en 1782, Helvetii poemata, in-8° ; ils sont partagés en elegiaca et lyrica. Son lm-Britamxicmn, antérieurement imprimé, en fait partie. Il a encore paru, depuis, deux cahiers d’Aneedo¢a Helvetiana. Le recueil de van Santen, intitulé Deliciœ poeticœ. présente trois pièces d’Helvétius. Les éditions de classiques, publiées par des amis d’Helvétius (tels que Pierre Burman le second, Laurent van Santen, Jérome de Bosch), oflrent de judicieuses corrections qu’il leur avait communiquées sur divers auteurs.
M―ON.
HELVICUS (Christophe), célèbre philologue s allemand, né à Sprindlingen près de Francfort, le 26 décembre 1581, fit ses études à Ifarbourg, d’une manière si brillante qu’il fut reçu bachelier à quatorze ans. Il possédait déjà le latin, le grec et l’hébreu, et parlait ces trois langues avec une égale facilité. À quinze ans il avait composé un grand nombre de vers grecs (1) et jouissait de la réputation d’un savant ; aussi Klefeker lui a-t-il donné une place dans la Biblioth. eruditor. proeocùm. Il est certain que, sans son extrême jennesse, il aurait été retenu dès lors pour la première chaire vacante ; mais on n’était point encore dans l’usage de nommer de si jeunes professeurs. Il ne se présenta qu’à dix-neuf ans pour prendre le grade de maître ès arts ; il avait employé son temps à étudier la médecine et la théologie, et à se familiariser de plus en plus avec les beautés des auteurs anciens. En 1605, le landgrave de Hesse ·le chargea d’enseigner le grec et l’hébreu au collège qu’il venait de fonder è Giessen, et qui reçut, l’année suivante, le titre d’université. En 1610, il fut nommé à la chaire de théologie : ses talents étendirent sa réputation, et on lui offrit des emplois plus considérables ; mais il les refusa tous par attachement pour ses élèves. Il fut comblé des bontés du landgrave, et reçut des marques d’estime de plusieurs autres princes. Il mourut è Giessen, le 10 septembre 1617, âgé de 35 ans. Son collègue Winchelman prononçs son oraison funèbre, qu’il lit imprimer, avec d’autres pièces à sa louange, sous le titre de Cypa : meawriali :.· ce recueil s eu une nouvelle édition en 1650. Helvicus était d’un caractère très-aimable ; il fut chéri de ses confrères, et n’eut jamais aucune de ces querelles littéraires alors si fréquentes entre les savants. Il préparait plusieurs ouvrages qu’une mort prématurée l’empêcha de terminer ; et il en a publié quelques autres dont Paul Freher a donné une liste exacte dans son Theamm. On se contentera de citer : 1° une Grammaire générale. Bayle souhaitait de pouvoir la comparer avec celle de Port-Royal. 2°* Des Abrégé : de grammaires latine, grecque, hébraïque, chaldalque, syrisque, et des Lexiques grec et latin. Ces ouvrages, composés d’après un système particulier à l’auteur, n’eurent que peu de succès. 5¤ Tbealnm ehronologieuas, sire chronologie systems nerim, 1609, in-fol. Ces tables ont été très-estimées. Jean Steuber en donna imc nouvelle édition en 1618 ; et I. Balt. Schuppius, gendre d’llelvicus, une troisième en 1659. Elles avaient déjà été reproduites en Angleterre, avec des additions d’Ellis, et elles l’ont été plusieurs fois depuis. Tann. Lefèvre y a relevé quelques erreurs, et Lenglet reproche à Helvicus d’avoir
(1) Koenig, Bib !. oct. et isoua, cite parmi les ouvrages en langue greeâue que Qelvieua avait composés alors, une traducttonenvers esDtsltq¤mdeCaton, àtreize ans ; 1’ob1e, comédi• en vers, i quinze ans ; etun Diseolfs |ll1’llÉ¢N¤ltod¤ Bt-En prit, à dtx-sept sus.