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employait, dit-on, des sommes excessives d’une manière ridicule. Il faisait servir sur sa table, des pois mêlés à des grains d’or, des lentilles avec des petites pierres de la même couleur; des fèves, avec de l’ambre; du riz, avec des perles fines, et forçait à manger de ces mets, ses convives, gens de basse condition, qui payaient chèrement un pareil honneur. Un jour, il remplissait la salle du festin de tant de fleurs, que ses hôtes périssaient étouffés ; une fois il y fit apporter une quantité prodigieuse de serpents; souvent il y introduisait des lions, des ours apprivoisés, mais dont la vue subite suffisait pour glacer des spectateurs non prévenus. Il faisait asseoir ses convives sur des peaux gonflées de vent, et qui étant vidées tout à coup, les laissaient par terre en désordre. Il se plaisait principalement à confondre l’ordre des saisons et des jours. Il fit élever une montagne de neige dans ses jardins pendant l’été; il affectait de ne paraitre en public que le soir, recevait les compliments de ses courtisans à l’entrée de la nuit, et ne les renvoyait qu’au matin. Enfin, et cette idée est consolante pour l’humanité, il parait qu’Héliogabale fut plutôt un fou puissant qu’un odieux scélérat. Sa vie a été écrite par Æl. Lampride. Ant. Guevara en a donné une autre avec plus de détails ; elle a été traduite ou plutôt imitée en français par Allègre. On peut consulter aussi: Héliogabale ou Esquisse morale de le dissolution romains sous les empereurs (par M. P. Chaussard). Paris, Dentu, 1802, in-8°. Les médailles de ce prince sont rares [1]; et plusieurs ont été le sujet des dissertations de l’abbé de Belley, d’Alex. George Caponi, de Philippe de Torre, évêque d’Adria, de Virg. Valsecchl, etc. W—s..


HELISENNE. Voyez CRENNE.


HELL (Maximilien), jésuite allemand, habile astronome, né le 15 mai 1720 à Schemnitz en Hongrie, se montra de bonne heure passionné pour l’étude de l’astronomie et de la physique. Durant les années 1745 et 1746, il suppléa dans ses observations le P. Jos. François, astronome de l’observatoire des jésuites à Vienne; et il prit aussi un grand soin du musée de physique expérimentale qui venait d’être créé dans cette capitale. Hell accepta, la même année, une place d’instituteur à l’école de Leutschau en Hongrie ; mais il la quitta l’année suivante et revint à Vienne, où il étudia la théologie, et donna en même temps des leçons de mathématiques à plusieurs jeunes gentilshommes. Il reçut les ordres en 1751, et après avoir achevé la troisième année de son noviciat, il obtint le degré de docteur, et fut nommé professeur de mathématiques à l’école de Clausenburg en Transylvanie. Quatre années après, le P. Hell fut appelé à Vienne ; il y occupa, pendant trente-six ans, la place d’astronome et de conservateur de l’observatoire qu’on y avait construit d’après ses dispositions; il fut également chargé d’enseigner la mécanique; mais il ne donna que pendant une année des leçons de cette science. Dès 1757 il publia tous les ans sans interruption, jusqu’en 1786, des éphémérides qui forment un recueil estimé par les astronomes. Le comte de Bachoff, envoyé de Danemarck à Vienne, pressa le P. Hell d’accepter une commission pour observer en Laponie le passage de Vénus sur le disque du soleil. Il partit effectivement le 28 avril 1768, et ne fut de retour à Vienne que le 12 août 1770. Il faudrait avoir hiverné à 70° 23’de latitude pour savoir combien de souffrances entraine un semblable voyage. On jugera de la multitude d'observations qui furent le fruit de cette expédition, lorsqu’on verra dans le Journal des savants de 1771, p. 499, que le P. Hell annonçait sur ce voyage trois volumes in-fol., dont le premier devait paraitre à la fin de 1772, et le dernier en 1774 ; mais ils n’ont point paru. Dans ces régions boréales si peu fréquentées et si peu connues; tout est intéressant ; et le P. Hell avait tout étudié : la géographie, l’histoire, le langage, les arts, la religion, la physique, l’aimant, l’histoire naturelle, les marées, les vents, les météores, la chaleur et le froid, le baromètre, la hauteur des montagnes et la pente des fleuves, tout avait exercé l’attention de cet habile observateur ; et il annonçait des découvertes, ou du moins des choses toutes neuves sur chacun de ces objets. Il avait vu des rapports entre la langue des Lapons et celle de la Hongrie et de la Chine ; il assurait avoir trouvé une loi dans les variations du baromètre, etc. Mais Triesnecker, habile astronome de Vienne, ne put obtenir d’en voir même les manuscrits ; les héritiers lui refusèrent cette satisfaction. L'observation du P. Hell fut le résultat principal de ce voyage ; elle réussit complètement: elle fut annoncée par le canon du château de Wardoehus comme un événement important, et elle s’est trouvée en effet une des cinq observations complètes faites à de grandes distances, et où l’éloignement de Vénus changeant le plus la durée du passage, nous a fait connaître la véritable distance du soleil et de toutes les planètes à la terre ; époque remarquable dans l’histoire de l’astronomie, à laquelle se trouvera lié à juste titre le nom du P. Hell, dont le voyage fut aussi

  1. On a des médailles de ce prince en or, en argent et en bronze : les premières sont les plus rares. Il y prend le nom de Marcus-Aurellus-Antoninus ; ce qui les fait souvent confondre avec celles de Caracalla qui portent ordinairement la même legende. Eckhel (Doct. num. vet,) indique plusieurs signes auxquels on peut les distinguer; mais la pratique des médailles est bien supérieure à la meilleure théorie: l’habitude de voir et de confronter ces monuments est, selon nous, le guide le plus sûr. La ressemblance des médailles d’Elagabale avec celles d’Alexandre-Sévère, son cousin et son successeur, peut servir à les faire reconnaître; d’autant plus que la confusion des premières avec celles de Caracalla vient bien plus de la similitude des légendes du cote de la tête, que de quelque ressemblance dans les traits.... Elagabale est surtout remarquable par la proéminence des lèvres. Les noms de Varius, de Bassianus et d'Avitus, qu’on lui donne quelquefois, ne se trouvent point sur ses médailles: Soœmias sa mère, était femme de Sextus-Varius-Marcellus. Quelques historiens prétendent qu’Elagabale était fils de ce dernier ; mais que Mœsa son aïeule, fit, à la mort de Macria, répandre le bruit qu’il était fils de Caracalla pour le présenter aux soldats comme un rejeton de la famille des Antonina. T- N