lettrés (voy., pour d’autres Guichard, l’article Beaujeu).
GUICHARD, abbé de Pontigny, puis archevêque
de Lyon, fut d’abord moine de Cîteaux ; né au
commencement du 12e siècle, on ne sait rien de
sa famille ni du lieu de sa naissance. Il fut fait
abbé de Pontigny l’an 1150, à la place d’Hugues
de Macon, élu évêque d’Auxerre. Sa sainteté et le
crédit dont il jouissait à la cour du pape et à celle
du roi de France engagèrent St-Thomas de Cantorbéry
à venir se réfugier auprès de lui pendant
ses démêlés avec le roi d’Angleterre. En 1165, Guichard,
ayant été élu archevêque de Lyon après la
déposition de Drogon, qui avait adhéré au schisme
de l’antipape Victor, fut sacré le 8 août à Montpellier
parle pape Alexandre ; mais Drogon se
maintenant toujours dans Lyon malgré sa déposition,
il ne put entrer en possession de son siége
qu’au mois de novembre 1167. Ce qui a le plus illustré
son épiscopat, c’est l’accord qu’il fit l’an
1175 avec le comte de Forez, touchant le domaine
utile et honorifique de la ville de Lyon.
Depuis longtemps des prétentions respectives
avaient donné lieu à de fâcheuses contestations et
à des entreprises hostiles de la part des comtes de
Forez. Guy eut le bonheur d’en tarir la source par
l’abandon qu’il fit, avec le consentement de son
chapitre, de plusieurs terres et châteaux qu’il
possédait sur la rive droite du Rhône, en échange
des droits seigneuriaux que les comtes de Forez
exerçaient dans la ville de Lyon. « C’est cet acte, dit le P. Menestrier (Hist. consulaire, p. 282), qui établit MM. les chanoines de l’Église de Lyon aux mêmes droits, titres et prérogatives que l’avoient été les comtes de Forez ; c’est une acquisition qu’ils firent par l’échange de plusieurs de leurs terres et par onze cents marcs d’argent. Pour l’archevêque, il étoit auparavant plus que comte, puisqu’il étoit exargue et souverain. » Toutefois, comme l’a dit dom Brial, cela ne doit s’entendre que de la portion du diocèse qui faisait partie du royaume de Bourgogne, et par concession des empereurs. L’an 1174, Guichard se rendit à Clairvaux pour assister à la dédicace de
l’église du monastère, et relever en sa qualité de légat du pape le corps de St-Bernard, qui avait été récemment canonisé. L’année précise de la mort de Guichard n’est marquée nulle part ; cependant Poullin de Lumina et l’abbé du Tems n’ont pas hésité à la mettre au 28 juillet 1180. Il voulut, dit-on, être enterré à Riotiers en Dombes, mais il est certain qu’il le fut à Pontigny, avec cette courte épitaphe :
Hic jacet Dominus Guichardus,
Archiepiscopus Lugdunensis,
Secundua abbas hujus monasterii.
Les lettres qui nous restent de Guichard ont été analysées par dom Brial dans le tome 14 de l’Hist. litt. de la France, et c’est à l’aide de sa notice que nous avons rédigé cet article.
GUICHARD (Claude)[1], antiquaire, né à St-Rambert en Bugey, vers le milieu du 16e siècle, fit ses études avec succès à l’université de Turin, et y ayant pris ses degrés en droit, fut pourvu des charges de secrétaire d’État, maître des requêtes et grand référendaire. Son ardeur pour l’étude et son érudition lui méritèrent la bienveillance de Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie,
qui le nomma son historiographe. Il mourut à Turin le 15 mai 1607, et y fut inhumé au cimetière St-Jean, avec une épitaphe que Guichenon trouve hardie et dont le sens est qu’en ne doit se confier qu’en Dieu seul. Il avait fondé dans sa patrie un collége sous le titre du St-Esprit. C’était, dit Guichenon, un homme très-docte, grand poète français et latin, et fort intelligent aux affaires d’État. Alphonse d’Elbène lui a dédié son livre : De familia Hugonis Capeli origine. On a de Guichard ; 1o Funérailles et diverses manières d’ensevelir des Romains, Grecs et autres nations, tant anciennes que modernes. Lyon, 1581, in-4o. Cet ouvrage est rare et assez recherché des curieux. Jacques Gouthières en parle avec éloge dans son traité De jure manium (lib. 1, cap. 15). Il est orné de petites estampes sur bois très-jolies. On lit au bas de celle qui représente l’Apothéose de l’empereur : (p. 179) le nom de Cancun, graveur, qui mériterait d’être plus connu. 2o Agréables nouvelles à tous bons catholiques de la conversion du duché de Chablais, Chambéry, 1598 ; 3o l’Alphabet moral, en vers français : il est dédié à Louis XIII, encore Dauphin, et c’est vraisemblablement le même ouvrage qui a reparu sous ce titre singulier : La Fleur de la poésie morale de ce temps, consacrée à la fleur des rois, le roi des fleurs de lys. Lyon, 1614, in-8o. « Ceux, dit Guicheron, qui mirent la main sur ses papiers, à son décès, nous ont privés de ses œuvres, et il ne nous en est resté qu’une traduction fort fidèle de Tite-Live, qu’il avait entreprise par ordre du duc de Savoie. » Guichard parle lui-même de cette traduction, dans l’épître dédicatoire de ses Funérailles, comme d’un ouvrage terminé depuis quelques années ; mais c’est par erreur que quelques biographes en ont annoncé la publication, et il est probable que le manuscrit en est perdu. Il avait fait encore en vers français les Éloges des comtes et ducs de Savoie ; qui n’ont point été publiés.
GUICHARD (Étienne), grammairien savant, mais
systématique, enseignait les langues étrangères
et la philosophie à Paris au commencement du
17e siècle. On a de lui : Harmonie étymologique des
langues, où se démontre que toute : les langue : sont
descendue : de hébraïque. Paris, 1606, in-8o de
près de 1,000 pages ; ibid., 1610, 1618 ou 1619,
même format. Ces deux éditions sont également
recherchées. L’ouvrage est curieux et prouve une
érudition peu commune. l’auteur convient que
les langues modernes sont fumées du grec et du
- ↑ Il était seigneur d’Arandas, d’Argit et de Teney.