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divers sujets touchant à l’art. À sa manière, il travailla avec autant de zèle que d’activité au progrès de l’école anglaise et à l’amélioration du goût populaire, Dans sa conversation comme dans ses écrits, il était aussi chaudement éloquent dans l’éloge des belles œuvres de l’art qu’il était âpre à censurer les défauts. Dès 1817 il avait établi à sa résidence de Lisson-Grove, une école de peinture qui eut quelque succès. En 1840, il donna un cours de six leçons sur la peinture, dans l’université d’Oxford. Ses leçons furent publiées peu avant sa mort. Comme professeur théorique et pratique, Haydon montra une connaissance complète de son sujet, qu’il savait habilement mettre à la portée des autres. Sa science du dessin et du corps humain était très-grande ; son talent consista dans la reproduction des réalités. Il peignait ce qu’il voyait, fermement et avec vérité. Les sujets d’histoire et d’imagination ne furent point le côté éminent de son talent ; il le crut cependant, parce qu’il brûlait de faire de grandes choses et de travailler sur une vaste échelle. Quelle que puisse être la part de ses fautes dans les infortunes qui l’accablèrent, son dévouement à sa profession, ses efforts pour le progrès de l’art, méritaient d’être mieux appréciés et mieux récompensés. Remarquable par son courage, son énergie, son active industrie, et aussi tempérant dans les habitudes de la vie qu’il était ardent dans la discussion de ses opinions, il devait succomber après une lutte de quarante ans bravement soutenue contre ›l’adversité et les vicissitudes de la fortune ; poussé au désespoir après avoir vu échouer tous ses efforts pour acquérir une existence honorable et une réputation qu’il méritait à tous égards, il reçut le coup mortel en apprenant que la commission royale avait dédaigneusement rejeté les cartons qu’il avait présentés au concours de peinture pour la chambre des lords. Le 22 juin 1846, la fille d’Haydon revenait de Bristol où elle avait été accompagner sa mère ; en entrant dans l’atelier de son père, elle le trouva étendu sans vie sur le parquet. Le corps était placé en face d’un tableau commencé : Alfred le Grand et le premier jury d’Angleterre. Ses cheveux blancs étaient rougis de sang ; près de lui étaient deux rasoirs, l’un dans son étui, l’autre à demi-ouvert et teint de sang. On trouva aussi un petit pistolet de poche récemment déchargé. Haydon portait à la gorge une large blessure, et son crâne était percé d’une balle. Cependant tout dans la chambre était rangé dans l’ordre le plus minutieux. À ses côtés se trouvait le portrait de sa femme, à laquelle il était tendrement attaché. Sur une table voisine il avait placé le journal de sa vie, qu’il avait écrit avec beaucoup de soin jusqu’à ses dernières années. Il était ouvert à la dernière page qui contenait ces paroles : « Juin, 22, que Dieu me pardonne, amen. — Finis.- B. R. Haydon. « Ne m’enchaînez pas plus longtemps dans ce rude monde.— Fin du 26°volume. » Des paquets de lettres adressées à quelques personnes, un état de situation, et quelques autres documents intitulés : Les dernières pensées. d’Haydon, à dix heures et demie du matin. 22 juin 1816, se trouvaient sur la même table, près de la montre du mort et d’une Bible ouverte. Haydon laissait sans ressources une veuve et une fille dont le sort fut assuré par la munificence de la reine Victoria et les secours qui furent prodigués à cette famille infortunée par plusieurs membres éminents de l’aristocratie anglaise. Mistress Haydon a publié à Londres en 1847, in-8°, Autobiographie et journal de B. It. Haydon, peintre l’histoire (en anglais) ; et, en 1855, ll. Tom Taylor a donné l’Autobiographie d’Haydon continué : jusqu’au moment de sa mort, d’après son propre journal (en anglais), Londres, 1855, 3 vol. in-8°. On trouvé dans le Gentleman's Magazine de 1846, sur Haydon, un article assez détaillé dont nous nous sommes servis pour la rédaction de cette notice.

E. D—s.


HAYE (Guill. Nic. de La). Voyez DELAHAYE.

— HAYER (Jean-Nicolas-Hubert), religieux récollet, né à Sarrelouis, le 15 juin 1708, se distingua dans son ordre par sa science et par d’utiles travaux. Il y professa pendant plusieurs années la théologie avec succès. Il vivait dans le temps où la philosophie moderne inondait la France et même toute l’Europe d’écrits anti-religieux.Hayer fut du nombre des écrivains qui entreprirent de s’opposer à ce torrent ; et il se signala dans cette lutte en combattant les principes funestes qu’on cherchait à accréditer. Ses principaux ouvrages sont : 1° La religion vengée, ou Réfutation des erreurs impies, par une société de gens de lettres, Paris, 1757, et années suivantes jusqu’en 1761, 21 vol. in-12. Son principal collaborateur était Soret, avocat. 2° La spiritualité et l’immortalité de l’âme. ibid., 1757, 5 vol. in›12. e Traité, dit un critique, écrit d’un style pur et facile, appuyé de réflexions solides, de comparaisons justes et de réflexions lumineuses. » Il est regardé comme un des bons ouvrages faits sur cette matière, et le meilleur de ceux d’Hayer. 3° La règle de foi chargée des calomnies des protestants, Paris, 1761, 3 vol. in-12 ; 4° L’Apostolicité du ministère de l’église romaine, ibid., nos. in-12 ; 5° Traité de l’existence de Dieu, ibid., 1769, in-12 ; 6° l’Utilité temporelle de la religion chrétienne. ibid., 1771, in-12 ; 7° la Charlatanerie des incrédules, 1780, in-12 ; 8° le Pyrrhonisme de l’église romaine, ou Lettres du R. H. B. D. R. A. P. J à M***, avec les réponses. Amsterdam, 1757, in-8°. Ce sont des lettres au sujet de quelques démêlés du père Hayer avec Boullier, protestant, que celui-ci fit imprimer, accompagnées de ses réponses, sous ce titre singulier. Le père Hayer mourut à Paris,

le 14 juillet 1780, avec la réputation d’un religieux zélé et qui joignait à des lumières un grand amour du travail.

L-y.


HAYER DU PERRON (Pierre). Voyez Duperron et Lehayer.