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mourut en son château de la Palice, en Bourbonnais, le 2 décembre 1652, âgé de 63 ans. — Bernard de la Guiche, comte de Saint-Géran, de la Palice et de Jaligny, était petit-fils du maréchal. Soustrait au moment de sa naissance, en 1641, il eut un procès fameux à soutenir pour recouvrer son état, qui lui fut rendu par arrêts du parlement de 1665 et 1666, Il mourut en 1696, ne laissant qu’une fille religieuse. Il était lieutenant général, chevalier des ordres du roi, et avait été envoyé en ambassade auprès des cours de Florence, Londres et Brandebourg. C’est le Saint-Géran dont il est question dans les lettres de madame de Sévigné et dans Saint-Simon. En lui a fini la branche de la Guiche Saint-Géran ; mais la famille de Philibert de la Guiche existe encore dans une branche collatérale issue de Pierre. Fontette attribue à un membre de cette famille (le marquis de la Guiche), des Notes sur les antiquités de la ville de Mâcon et du Mâconnais, avec un Extrait des mémoires historiques sur les états du Mâconnais, in-folio de 53 pages, dont le manuscrit porte la date de 1746.

L-p-e.


GUICHEN (Luc-Urbain du Bouexic, comte de), né en Bretagne l’an 1712, se voua de bonne heure au service maritime. Reçu garde de la marine en 1750, il passa successivement par tous les grades : ayant été fait capitaine de vaisseau en 1756, il obtint l’année suivante le commandement de la frégate l’Atalante, et se distingua par la prise de quatre corsaires et neuf bâtiments marchands. Nommé chef d’escadre en 1778, et la guerre s’étant déclarée, M. de Guichen fut employé dans la flotte du comte d’Orvilliers. Il se trouva le 27 juillet au combat qui se donna à la hauteur d’Ouessant entre la flotte française et celle de l’amiral Keppel. M. Duchaffaut ayant été blessé dans le combat, M. de Guichen, qui montait la Ville de Paris, fut chargé du commandement d’une des trois divisions de l’armée, quand elle remit à la voile de Brest, dans le mois d’août suivant. Lors de la réunion de la flotte espagnole avec la flotte française en 1779, il continua de commander l’une des trois grandes divisions de l’armée, à bord de la Ville de Paris. Il obtint cette année le grade de lieutenant général et le commandement de la marine de Brest. L’année suivante, M. de Guichen partit de ce port à la tête d’une escadre pour escorter un convoi considérable de navires marchands destiné pour les îles de l’Amérique. Arrivé à la Martinique en mars, il en fit voile le 15 avril avec vingt-deux vaisseaux de ligne et cinq frégates ou cutters. M. de Bouillé était embarqué sur l’escadre, avec 5 000 hommes de troupes, pour tenter une expédition sur quelques-unes des îles anglaises : mais les renforts arrivés dans ces îles empêchèrent que cette expédition n’eût lieu. Le 17, la flotte française ayant

rencontré celle des Anglais, commandée par l’amiral Rodney, il s’engagea entre les deux armées, sous le vent de la Dominique, un combat très-vif, dans lequel les Français obtinrent tout l’avantage. Le 15 mai suivant, il y eut un second combat entre les deux escadres, et enfin un troisième le 19. Ce dernier combat fut très-sanglant : le comte de Guichen y déploya une tactique savante ; l’amiral Rodney fut forcé d’abandonner le champ de bataille, après avoir perdu un vaisseau de soixante-quatorze canons, le Cornwall, qui coula bas avec tout son équipage. L’amiral français, après avoir réuni tous les bâtiments de commerce des îles françaises, les convoya jusque dans les ports d’Europe, où ils arrivèrent heureusement. En 1781, M. de Guichen, ayant été chargé d’escorter un immense convoi de bâtiments chargés de troupes, de munitions et de marchandises, destinés pour l’Inde et les îles de l’Amérique, fit voile de Brest le 10 décembre, ayant sous ses ordres dix-neuf vaisseaux de ligne. L’amiral anglais Kempenfeld, sorti des ports d’Angleterre le 2 du même mois avec treize vaisseaux, pour tenter quelque entreprise sur les convois prêts à faire voile îles ports de France, sut profiter habilement d’une brume qui, accompagnée d’un coup de vent, avait mis du désordre dans la flotte française, et s’empara de quinze bâtiments chargés de troupes. M. de Guichen, s’étant porté avec célérité pour combattre l’amiral anglais, ne put parvenir à l’atteindre, celui-ci, en raison de son infériorité, n’ayant pas jugé à propos d’engager le combat. Quoique le gros temps eût contribué à ce petit échec, néanmoins on blâma le général français de n’avoir pas placé son escorte au vent de son convoi, position qui lui aurait été beaucoup plus avantageuse pour le protéger. La flotte de Brest fut, pendant toute la campagne de 1782, commandée par M. de Guichen : elle fut réunie à celle d’Espagne aux ordres de Cordova, et occupée à croiser du cap Finistère au cap St-Vincent, afin de protéger le siégé de Gibraltar et d’intercepter les convois ennemis, opération qui n’eut pas un grand succès. La paix ayant été signée au mois de janvier suivant, M. de Guichen fut obligé de quitter une carrière qu’il avait honorée par beaucoup de talent et de valeur. Le roi l’avait nommé commandeur de l’ordre de St-Louis en 1778, grand-croix en 1781, et par une grâce insigne, le fit chevalier de l’ordre du St-Esprit en 1784. Il termina ses jours en 1790.

P—e.


GUICHENON (Samuel), historien, né à Mâcon en 1607, était fils d’un chirurgien protestant. Après avoir achevé ses études, il visita l’Italie, et pendant son séjour dans ce pays, ou peu après son retour en France, il abjura le calvinisme et revint à la religion de ses ancêtres. Philibert Collet et quelques autres écrivains rapportent qu’il y fut déterminé par un rêve dans lequel il crut voir St-François d’Assise qui l’exhortait à rentrer dans le sein de l’Église. Quelque temps après il reçut ses degrés en droit et commença d’exercer la profession d’avocat à Bourg en Bresse. Il épousa