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de revoir la traduction de Zonare par Jérôme Wolf. Son travail passa au P. Combelis, et ensuite à Ducange, qui en a fait usage dans la belle édition qu’il a publiée de cet historien, ibid., 1685. On trouve dans le traité de Léon Allatius De Ecclesiæ occídentalis atque orientalis perpetua consensione, un écrit du P. Goar, intitulé Attestatio de communione oríentalíum sub specie unica. Enfin il a laissé en manuscrit des traductions latines de la Collectio elementaris omnium maris et divinis canonibus contentorum, par Mathieu Blastare, et de l’Histoire du Synode de Florence, par Sylvestre Syropulo. Ces deux ouvrages existaient au couvent des Dominicains de la rue St-Honoré, d’où ils auront sans doute été transportés a la bibliothèque de Paris. On peut consulter les Scriptor urdínis prædicator, du P. Échard, t. 2, p. 574 ; les Mémoires de Niceron, t. 19, et l’Histoire des hommes illustres des Dominicains par le P. Touron, t. 5, p. 489.

W-s.

GOBEL (Jean-Baptiste-Joseph), évêque de Lydda et suffragant de Bâle, puis évêque constitutionnel de Paris, naquit à Thann, dans la haute Alsace, le 1er septembre 1727. Il fut élevé à Rome au collège germanique, où il se distingua par son travail et par sa conduite. L’évêque de Porentrui se l’attacha et le nomma chanoine de son chapitre. Ses principes erronés commencèrent alors à se développer ; les hommes clairvoyants aperçurent en lui une ambition démesurée, et l’orgueil qui l’entraîna plus tard à l’apostasie. Le 27 janvier 1772 il fut fait évêque de Lydda, in partibus infidelium, et suffragant de l’évêque de Bâle, pour la partie française de sol diocèse. Il résidait en France en cette qualité ; et en 1789 il fut nommé député du clergé de Belfort aux états généraux. Lors de la prestation du serment à la constitution civile du clergé, il y opposa d’abord quelques restrictions, qu’il se hâta de rétracter sur la dénonciation d’un de ses collègues. On l’en récompensa en le nommant à la fois à trois des nouveaux évechés, savoir à ceux du Haut-Rhin, de la Haute-Marne et de Paris. Il opta pour ce dernier siège ; et le 25 février 1791, il fut un des deux prélats assistant au sacre des premiers évêques constitutionnels. On dit qu’il s’adressa successivement, pour avoir l’institution canonique, à l’archevêque de Sens et à l’évêque d’Orléans, qui la refusèrent quoiqu’ils se fussent attachés au nouvel ordre de choses. Le tribunal du district de Paris le renvoya par-devant l’évêque d’Autun, et le nouveau métropolitain fut installé en cette qualité le 27 mars 1791. On répandit dans le temps une lettre du prince évêque de Bale, qui donnait une idée peu avantageuse du caractère de Gobel. Les évêques constitutionnels faisaient tous paraître, à cette époque, des mandements en prenant possession de leurs siéges. Gobel, dans une lettre pastorale du 21 avril 1791, s’efforça de prouver la légitimité de sa mission ; et le 18 septembre suivant i publia un long mandement sur la fin de la session de l’assemblée constituante et sur l’acceptation de l’acte constitutionnel par le roi. Nous ne connaissons pas de lui d’autre écrit de ce genre. Ce faible évêque flottait encore entre sa conscience et la peur : il écrivait au pape et n’avait pas la force de suivre les conseils qu’il paraissait solliciter. MM. Noël et de Laplace disent dans leurs Éphémérides qu’en 1792 Gobel se présenta chez le marquis Spinola, ambassadeur de Genes en France, et le pria de demander pour lui au pape une somme de cent mille écus, promettant de rétracter son serment. Le marquis déclina cette étrange commission, et Gobel se laissa entraîner au torrent. Lié avec d’ardents révolutionnaires, il ne parut plus occupé qu’à servir leurs vues, et mérita les reproches des constitutionnels qui étaient encore attachés à la religion. On se plaignait qu’il tolérât les plus honteux scandales, qu’il laissât par exemple en place un curé de la capitale qui avait publié un écrit irréligieux du ton le plus déclamatoire et le plus insultant. On était indigné qu’il permit à des prêtres mariés de continuer les fonctions sacerdotales. Gobel fit plus : le jour de la fête de l’Ascension en 1795, il installa, comme curé de St-Augustin ou des Petits-Pères, un prétre marié nommé Aubert, dont la femme assistait à la cérémonie. Deux curés, Beaulieu et Brugières, réclamèrent contre ce scandale ; leur évêque leur en réservait d’autres. Enfoncé dans le jacobinisme, il ne fréquentait plus que Chaumette, Hébert, Anacharsis Glootz et autres fougueux démagogues. Ce furent, dit-on, Anacharsis Clootz et Pereira qui l’entrainèrent à la Convention le 7 novembre 1793. Il y parut accompagné de treize de ses vicaires. Voici comment son discours est rapporté dans le Moniteur : « Aujourd’hui que la « révolution marche à grands pas vers une fin heureuse... Aujourd’hui qu’il ne doit plus y avoir d’autre culte public et national que celui de la liberté et de la sainte égalité, puisque le souverain le veut ainsi ; conséquent à mes principes, je me soumets à sa volonté, et je viens vous déclarer ici hautement, que dès aujourd’hui je renonce à exercer mes fonctions de ministre du culte catholique. En conséquence nous vous remettons tous nos titres. » Le président le félicita de sacrifier ces hochets gothiques de la superstition et d’abjurer l’erreur. On rendit de grands honneurs à Gobel, qui déposa sa croix et son anneau, et s’affubla du bonnet rouge. Ce fut le signal des apostasies et des profanations qui remplirent cette séance et les suivantes. Gobel survécut peu à sa honte : dominé par d’indignes amis, il passait ses journées dans les clubs et dans le tumulte des factions lorsqu’il tomba dans la disgrâce de Robespierre. Il fut arrêté avec Chaumette, le comédien Grammont et d’autres révolutionnaires. Son procès, qui commença le 8 avril 1794, attesta encore sa faiblesse dans ce dernier moment, où, prévoyant qu’il ne pourrait échapper au supplice, il aurait dû s’efforcer au moins de