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mais il ne possédait pas le talent d’écrire. La sécheresse de son style repousse le lecteur, et on a de la peine à tirer parti de ses pénibles et savantes recherches. Cet infatigable historien mourut le 10 mai 1767. Nous indiquerons seulement ici quelques-uns de ses ouvrages, tous publiés en latin ou en allemand : 1° Tractatio juridica de virgine præ vidua ducenda, Iéna, 1712, in-4° ; Lemgo, 1780, in-4° ; 2° Comm. ad L. 19 C. de donat. ante nuptias. Francfort et Leipsick, 1741, in-4° ; 3° Schediasma de amoris illecebris, Iéna, 1715, in-8° ; 4° Tractatio de uxore romana, cum ea, quæ in manum convenit, farre, coemtione et usu, tunc illa, quæ uxor tantummodo habebatur, Hanovre, 1727, in-4°, avec gravures ; 5° Disceptationes forenses, cum observat. 1. De judiciis curiæ in terris Brunsvic. 2. De judiciis provincialibus, etc., Leipsick, 1737, in-4° ; 6° Origines et antiquitates Hanuoverenses, ou Dissertation détaillée de l’origine et des antiquités de la ville d’Hanovre, Gœttingue, 1740, in-4°, avec gravures ; 7° Origines Pyrmontanæ et Swalenbergicæ, ibid., 1740, in-4°. L’auteur explique dans cette dissertation les antiquités de Pyrmont et des environs. 8° Explication du droit civil et féodal de la Saxe et de la Souabe par les antiquités germaniques, Hanovre, 1746, in-4°, 1760 gravures ; 9° Notice historique de la ville d’Hanovre et des antiquités dans la principauté de Calenberg, Gœttingue, 1748, in-4° ; 10° Tract. de uxore theotisca, ibid., 1748, in-4° ; 11° Observationes rerum et antiquitatum germanicarum et romanarum, ou Observations tirées des lois et antiquités fontaines et germaniques, avec une préface et une dissertation sur lancienne langue saxonne (lingua Hengisti), qui, avec le prince Hengist, a passé de la Saxe dans la Grande-Bretagne. Halle, 1765, in-4°, avec gravures. Cet ouvrage atteste la vaste érudition de Grupen ; on le regarde comme le plus important dé ceux qu’il a composés. 12° Origines Germaniæ, ou l’Antique Germanie sous les Romains, les Francs et les Saxons. Lemgo, 1764-1768, 5 vol. in-4°, avec cartes et planches ; 15° Formula veterum confessionum cum versionibus et illustrationibus, et capitulare Ludovicii Pii, versionis Trevirensis Theotiscæ, cum notis et glossis. Hanovre, 17157, in-4°. Ce savant antiquaire est aussi l’éditeur du Sachsenspiegel hollandais. Hanovre, 1765, in-4° (voy. Esko). Il l’a fait réimprimer sur le texte de l’édition faite par Gouda en 1479 et devenue très-rare aujourd’hui. Il l’a enrichi d’une préface qui renferme une Notice biographique sur Buell, auteur d’un glossaire sur le droit saxon et d’une Lettre de Meeman sur les éditions hollandaises du Sachsenspiegel. Parmi les manuscrits trouvés dans la succession littéraire de Grupen on distingue : Corpus juris feadalis Longobardici, ex codicibus mss. et édit. Moguntina anni 1-177 cum notis et dissertationibus ; Corpus juris Saxonici provincialis feudalis et Weichbildici, cum jure Alemannico, ex codicibus præstantissimis Jungiano et Oldenburgico, en 5 volumes, avec gravures, ouvrage dont les matériaux, légués à la cour d’appel de Zelle, forment 30 volumes in-fol. ; Dissertation sur les ouvrages qui traitent du droit saxon. en quatorze chapitres ; Origines Hildesienses. etc.

B-h-d


GRUTER (Jean), en latin Janus Gruterus, mais dont le véritable nom était Gruytere, naquit à Anvers le 5 décembre 1560. Son père en était bourgmestre : il fut exilé pour cause de religion, et se retira en Angleterre, patrie de sa femme. Cette femme, dont le nom nous a été conservé (elle s’appelait Catherine Tishem), était instruite, savante même. Elle parlait plusieurs langues vivantes ; elle possédait le latin, et même le grec, au point qu’elle lisait Galien dans le texte. « Il n’y a peut-être pas un médecin sur mille qui en puisse faire autant. » Cette réflexion est d’un panégyriste de Gruter, il ne la ferait sûrement pas aujourd’hui. Cette dame fut le premier maître de son fils. Gruter continua ses études à l’université de Cambridge, et à dix-neuf ans, ayant quitté l’Angleterre, il vint les achever dans l’université de Leyde. Vers l’âge de vingt ans, il commença à se faire connaître par des essais poétiques. Bientôt des ouvrages plus solides étendirent sa réputation : différentes universités se l’attachèrent successivement. Il professa à Rostock, à Wittenberg, à Heidelberg, et c’est dans cette dernière ville qu’il fit sa résidence habituelle ; il eut même longtemps la garde de la bibliothèque palatine, dont les manuscrits, transportés à Rome en 1622, ont depuis été rendus à leur premier séjour. Gruter fut appelé en Danemarck et en France, et refusa. L’université de Padoue lui fit des offres avantageuses ; mais il lui aurait fallu renoncer à l’exercice public de la religion protestante, et il aima mieux rester en Allemagne. Cette circonstance prouve qu’on l’a injustement accusé d’irréligion, et qu’il ne faut pas croire Paréus, qui lui a reproché d’être athée et de faire plus de cas d’une seule pensée de Pétrone ou d’Apulée que de tous les préceptes de Jésus-Christ. Bayle cite une autre preuve des sentiments religieux de Gruter. « Ce prétendu athée, dit-il, répondait à ceux qui lui proposaient cette alternative, Il faut sortir du pays ou changer de religion : J’aime mieux le premier que le dernier ; si je ne puis passer mes jours dans une ville, je les passerai aux champs ou dans les bois : Dieu m’y fournira quelques herbes ou quelques racines qui entretiendront le peu de vie qui me reste. » Bayle renvoie au panégyrique de Gruter par Venator. Mais il s’est trompé. Ce n’est pas à Gruter, mais à Sched, son vieux et fidèle serviteur, que Venator attribue cette réponse. Gruter était très-laborieux, très-avide de produire, et il y a peu de savants à qui les lettres latines aient autant d’obligation. Nous parcourrons rapidement ses principaux ouvrages.

Nous disions plus haut qu’il avait débuté par des poésies latines. Elles parurent en 1587, sous le titre de Pericula. On remarque dans les vers de Gruter plus de science que de verve. Ses Élégies