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voisines de l’Helvétie, il favorisa l’introduction dans les vingt-deux républiques de l’élément aristocratique, et concourut à limiter l’hospitalité suisse pour les cas où des réfugiés politiques y voudraient avoir recours. Comme mandataire de la Prusse en particulier, il essaya de rattacher plus spécialement à son maître les cantons protestants. La position de Neufchâtel, en même temps possession prussienne et canton suisse, facilitait ces efforts. Mais au fond, languissant dans une sphère trop étroite pour ses ailes, il tonnait contre la politique couarde, disait-il, et desastreuse des cabinets. La révolution ministérielle qui porta au pouvoir en Prusse des hommes moins hostiles aux idées libérales que les triomphateurs de 1814 et 1815 fut un coup terrible pour Gruner. Il tomba en disgrâce. Le bruit courut qu’il était arrêté et que l’on avait saisi ses papiers (1819). Il venait alors de perdre son fils. Il était toujours malade ; et l’amer désenchantement de toutes choses, l’indignation contre la tolérance accordée au libéralisme, le minaient sourdement. Il quitta Berne au commencement de l’hiver de 1819, et se rendit à Wiesbaden, où il acheva de mourir le 8 février 1820. Voici les ouvrages qu’on a de Gruner : 1° Essai sur les peines, avec un appendice contenant des notions (traduit de l’anglais) sur la législation pénale et sur les prisons de la Pensylvanie, Gœttingue, 1799 ; 2° Histoire authentique, et appuyée sur procès-verbaux, de la supercherie d’une jeune fille de l’évêché d’Osnabrück, qui a voulu se faire passer comme ayant vécu depuis un an et plus sans boire ni manger. Berlin, 1800 ; 5° Voyage de paix et d’espérance (Wallfahrt zur Ruhe und Hoffnung), Francfort-sur-le-Mein, 1805 ; 4° Essai sur l’organisation des établissements de sûreté conformément au droit et à la nature des choses (avec une description des prisons et des maisons de correction de la Westphalie), Francfort-sur-le-Mein, 1802.

P—ot.


GRUNINGER (Jean REINHARD, dit), imprimeur à Strasbourg au 15e siècle, prit le nom sous lequel il est connu du bourg où il naquit dans le duché de Wurtemberg. Pr. Marchand (dans son Dictionnaire) donne la liste de quarante-quatre ouvrages sortis des presses de Gruninger, de 1484 à 1527. Sur la plupart, l’imprimeur n’a mis que les noms de Jean Gruninger ; sur quelques-uns (six) il a signé Jean Reinhard alias Gruninger ou cognomento Gruninger. De là quelques personnes ont cru et dit qu’il y avait eu deux imprimeurs de ce nom, contemporains et concitoyens. Ce qui a donné lieu à Prosper Marchand de parler de Gruninger, c’est une faute d’impression du Bibliothecæ Hohendorfianæ catalogus, où l’on donne la date de 1465 à la Biblia aurea Veteris et Novi Testamenti, imprimée par Gruninger, in-4°. Marchand pensa d’abord qu’il y avait renversement du troisième chiffre et qu’il fallait lire 1495. C’est en effet la date de 1495 qu’on lit à la page 136 du Supplément à Maittaire, inséré par J.-H. Leschius à la suite de sa dissertation De origine et incrementis typographiæ Lipsiensis. Mais c’est encore une faute. La Biblia aurea de Gruninger porte la date fautive de M. CCCC.LXVI, au lieu de 1496, qui est la véritable. Au reste, ce n’est pas la seule erreur de ce genre qu’ait commise Gruninger. Il existe un livre allemand sorti de ses presses, intitulé Von dem cirurgicus, et portant la date de 1597 (au lieu de 1497), in-4°. Il est bon de remarquer qu’il existe beaucoup de livres du 15e siècle dont la date est fautive. Il suffira de citer : Reformatorium vitæ morumque clericorum, Bâle, 1444 (lisez 1494), in-8° ; Tondalus vysioen, Anvers, 1472 (lisez 1482), in-4° ; Decor puellarum. Venise, N. Jenson, 1461 (lisez 1471) ; Fratris Joannis ad fratres suos Cartusienses de humilitate interiori, Venise, N. Jenson, 1400 (lisez 1500) ; Joannis ad suos Cartusienses prope Paduane de charitate Dei. Venise, N. Jenson, 1580 (lisez 1480) ; Fr. Mataratii de componendis versibus opusculum, Venise, E. Ratdolt, 1468 (lisez 1478), in-fol. ; Cosmographia Ptolemæi, Bologne, D. de Lapia, 1462 (lisez 1482, et peut-être même 1492) ; Expositio S. Jeronimi in Symbolum apostolorum, Oxford, 1468 (lisez 1478), in-4° ; Pii II papæ epistolæ. Cologne, 1468 (lisez 1478), in-fol. ; Libellus de modo confitendi, Anvers, 1400 (lisez 1490 ou 1500), in-8° ; Sixti IV epistola ad J. Mocenicum, Venetormn ducem. Rome, 1472 (lisez 1482), in-4° ; Speculum conscientiæ. Spire, 1446 (lisez 1496), in-4°, etc. (voy. aussi Gower). Parmi les éditions de Gruninger, il en est deux surtout qui sont encore recherchées avec raison : 1° Terentius cum directorio vocabulorum et sententiarum et artis comicæ glossa inlerlineari, et commentariis D. J. Ascensii, 1496, in-foi., « édition rare, dit M. Brunet, et remarquable à cause des nombreuses gravures en bois très-singulières qu’elle contient ; » réimprimée en 1499, in-folio, avec les mêmes gravures. 2° Horatii Flacci Uenusini poete lirici opera, 1498, in-fol. « Cette édition précieuse, publiée par Jacques Locher, peut, dit encore M. Brunet, être mise au rang des éditions Princeps, n’ayant point été faite sur des textes imprimés, mais sur des manuscrits trouvés en Allemagne, etc. »

A. B-t.


GRUPEN (Chrétien-Ulric), laborieux historien allemand, né à Harburg en 1692, étudia le droit aux universités de Rostock et d’léna, où il se distingua par une assiduité extraordinaire dans ses études. Il fut successivement à Hanovre avocat, syndic, bourgmestre et conseiller du consistoire. Ces occupations lui laissèrent assez de loisir pour composer un grand nombre d’ouvrages. Il consacra ses recherches surtout à une époque peu connue de l’histoire, celle du moyen âge. Grupen a publié trente-cinq ouvrages et a laissé encore beaucoup de manuscrits. Il légua ces derniers ainsi que sa riche bibliothèque à la cour d’appel à Zelle. Grupen s’exprimait très-bien en parlant,