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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE
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GOADBY (Robert), imprimeur et libraire anglais très-instruit, naquit à Sherborne, dans le Dorsetshire, en 1721 ; il se distingua par la manière dont il exerçait son état et par ses connaissances profondes dans les langues savantes. Il mourut à Sherborne le 12 août 1778. Parmi les ouvrages écrits en anglais, dont Goadby est l’auteur, son Explication de l’Ecriture sainte, en 3 gros volumes in-folio, mérite une mention particulière. Avant la publication de ce travail, aucun commentaire anglais des livres saints n’avait osé attaquer de front les systèmes des trithéistes et des calvinistes : aussi ces sectaires en furent-ils très-alarmés ; ni leurs menaces ni leurs invectives ne purent empêcher Goadby d’en continuer l’impression ; mais il manifesta son amour pour la vérité en recueillant avec un grand soin, dans les éditions postérieures, toutes les remarques qui pouvaient servir à rectifier quelques erreurs qui lui étaient échappées. Il composa ensuite et imprima un Extrait de la Bible, sous le titre d’Intructeur ou Manuel des chrétiens. Cet ouvrage, fortement recommandé par l’évêque Sherlock, fut très-bien accueilli du public ; mais l’auteur, par le mauvais état de sa santé, ne put l’achever : il en a publié seulement l’ancien

Testament. Goadby donna en 1777, au sujet de l’exécution du docteur Dodd, un petit écrit dans lequel il prouva que les crimes commis par un ecclésiastique doivent être punis plus sévèrement que les autres. Dans le journal hebdomadaire intitulé le Mercure de Sherborn, dont il fut l’éditeur, il se montra constamment un défenseur ardent de la liberté politique et religieuse. Partageant l’opinion du célèbre Hume, que « la liberté de la presse et la liberté nationale augmentent ou diminuent ensemble, » il n’hésita jamais à défendre énergiquement la constitution de son pays contre les attaques du parti opposé.

GOAR (Jacques), savant dominicain, né à Paris en 1601, fit ses premières études avec beaucoup de succès, prit l’habit religieux en 1619, et après avoir terminé ses cours de philosophie et de théologie, fut chargé d’enseigner ces deux sciences dans différentes maisons de son ordre. L’application qu’il avait donnée à la langue grecque, lui inspira le désir de visiter l’Orient, où il espérait découvrir des restes précieux d’antiquité, échappés aux autres voyageurs. Il partit en 1651 ; et ayant été nommé prieur du couvent de St-Sébastien dans l’Île de Chio, il y passa huit années uniquement occupé de satisfaire sa curiosité par tous les moyens qui étaient en son pouvoir. Sa récolte en manuscrits anciens ne fut pas aussi abondante qu’il se l’était promis ; mais en revanche il amassa une grande quantité de matériaux sur la croyance et les coutumes des Grecs modernes. De retour à Rome en 1640, on voulut l’y retenir en le nommant prieur du couvent de St-Sixte ; mais le désir de revoir sa patrie l’emporta sur les avantages que lui offrait un plus long séjour dans la capitale du monde chrétien, et il revint à Paris en 1642. Dès l’année suivante, les intérêts de son ordre l’obligèrent encore d’aller à Rome ; ce voyage fut court, puisqu’on le voit déjà à Paris en 1644 travailler à son Eucologe. Elu en 1652 vicaire général de l’ordre, les soins qu’exigeait cet emploi ne le détournèrent pas de ses études accoutumées ; mais il ne put résister à tant de fatigues. Sa santé s’altéra, et une fièvre lente le conduisit au tombeau le 25 septembre 1655, à l’âge de 52 ans. Le P. Goar était lié d’une étroite amitié avec Léon Allatius, Ducange et plusieurs autres savants distingués. On a de lui : Euchologion sive Rituale Græcorum, complectens ritus et ordines divinæ liturgiæ, officiorum sacramentorum, consecrationum, benediclionum, funerum, orationum, etc., juxta usum orientalis Ecclesiæ, Paris, 1647, in-fol. Cet ouvrage, fort recherché, même des protestants, dit Richard Simon, est devenu rare, quoique réimprimé à Venise en 1750. Il suffirait seul à la réputation de son auteur, dont il prouve la vaste érudition et l’infatigable patience. On y trouve un grand nombre de pièces inédites, tirées de la bibliothèque du roi, de celle du Vatican et et de plusieurs autres dépôts d’Italie et d’Allemagne. Le P. Goar a été l’un des plus laborieux collaborateurs du précieux recueil connu sous le nom d’Histoire byzantine. On lui doit les éditions de George Cédrenus et de Jean Scylitzes, Paris, imprimerie royale, 1647 ; de Godin Curopalates, ibid., 1648 ; et du Syncelle, ibid., 1652 ; la traduction latine et une partie des notes qui accompagnent l’édition de Théophanes, ibid., 1655, publiée par le P. Combefis ; il s’était occupé