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« trop favorable à la bonne volonté que j’ay eu d’y exciter les nations de la langue françoise, par ce traité que j’ay n’aguères mis en lumière, lequel je suis pourtant bien aise qu’il vous aggrée, estimant que vostre jugement lui pourra donner accez, et rendre ses documents plus utiles à plusieurs âmes. Vivez heureux en ce divin amour. monsieur, et continuez d’aimer vostre très-humble serviteur, François. E. de Geneve. 25 décembre 1616. Anessi. » 4° Anagrammata emblematica, sive figurœ verbis anagrammaticis

! ! et versión : illigalœ. acljunrti : qui bus dam

vnagnnlum epirlolís. etc., Lyon, 1675, in-4°. Ce volume, dont la dernière figure, gravée par N. Auroux, offre le portrait de ll. Gros à l’âge de quatre-vingt-huit ans, eut pour éditeur Michel Gros son fils, chevalier de l’ordre de St-Michel, qui, héritier du génie de son père pour la poésie latine et l’anagrammatographie, publia la même année un recueil du même genre sous ce titre :

Annagrammnata emblematica in aliquorum sanctorum laudem excogitata, carminibus prosaque adornata, Lugduni, sumptibus auctoris, apud quam inveniuntur in vico Sancti Bartholomœi. Ce livre, qui est aussi de format in—4°, est dédié au pape Clément X ; les portraits les plus remarquables qu’on y trouve sont ceux de St-Ignace de Loyola et de St-François de Sales. Le nom de ce dernier saint mis en latin a été ainsi anagrammatisé : Fias coruscans Elias. Nous ignorons si Michel Gros a publié d’autres ouvrages. Pernetti, dans ses Lyonnais dignes de mémoire, n’a consacré d’article qu’à René. Cet article presque insignifiant eût été sans doute moins écourté, si, comme nous avons quelque raison de le croire, cette famille ne se fut pas éteinte avec Michel Gros. Au reste, on trouvera sur ce sujet quelques détails, que nous avons cru pouvoir négliger, dans les Nouveaux mélanges de Breghot du Lut, p. 598 à 400.

A. P.


GROS (Pierre des), moraliste français du 15e siècle. Parmi les écrivains dont l’existence nous est révélée par le Catalogue, ou plutôt par l’excellente Histoire du manuscrit : de la bibliothèque royale. de M. Paulin Paris, nous avons distingué Pierre des Gros, dont un ouvrage manuscrit in folio maximo. intitulé fe Jardin des nobles. composé en 1464 et inscrit sous le n° 6853, contient, au milieu d’un fatras d’argumentations et de subtilités illisibles, des peintures de mœurs très piquantes, surtout sous la plume d’un religieux. Pierre des Gros, à ce que nous apprennent quelques détails du manuscrit, les seuls que nous ayons pu découvrir, était un frère mineur dont la vie s’écoula, sous Charles VII et Louis XI, vraisemblablement dans la monotone obscurité du cloitre. Son ouvrage, qu’il adresse à Yves du Fou, conseiller et chambellan des deux rois que nous venons de nommer, est sans doute plus curieux que sa vie, et le faire connaître, c’est rappeler ce qu’il y eut chez l’auteur de plus digne probablement de notre attention. Comme il est certain que cet ouvrage énorme et d’une diffusion effrayante ne sera jamais imprimé, M. P. Paris ne pouvait mieux faire que d’en donner une analyse étendue, dont nous allons tirer quelques extraits. Un poète de nos jours, Legouvé, n’a fait du Mérite des femmes qu’un très-mince volume ; Pierre des Gros, qui pourtant ne se pique point de galanterie, assure, lui, en commençant, que « qui vorrait faire un livre des louanges des femmes, le livre seroit long ; » ce qui ne l’empêche pas de s’étendre d’abord excessivement sur leurs défauts. Ce qu’il dit de la toilette et de la coquetterie des dames de son temps est d’un grand prix comme peinture de mœurs. Rien de plus piquant que la description qu’il fait de leurs coiffures à cheminées, qui s’élevaient (telles que nous les voyons dans les miniatures), chez les moins raisonnables, à proportion que la fumée des vanités humaines leur montait à la tête. Mais il ne s’en tient pas là : écoutez l’apostrophe qu’il leur adresse sur leurs poitrines découvertes : « Qu’esse de voir la char nue d’une femme et le « sein, sinon provocation P... Si se tu dis. je ne « le fais pas par erste entencion, je te réponds « que se tu ne le fais pour ceste entencion, toutefois ton euvre est telle. Se tu ne veulex « vendre vin, pourquoy meets-tu renseigne devant ton huys ou ta maison. » On croit entendre, dans sa rudesse austère et -tant soit peu cynique, Olivier Maillard, avec qui Pierre des Gros, son contemporain, a un autre trait de ressemblance : la liberté avec laquelle il ose parler de Louis XI. La longue citation que nous donne sur ce sujet ll. P. Paris fait voir que la vérité, même sous un tel despote, pouvait, à la faveur de la religion, aller jusqu’au tronc. Dans d’autres citations, que nous ne pouvons qu’indiquer, l’énergique et malin religieux laisse éclater toute sa haine contre les Anglais, nous parle de l’université, de Jeanne d’Arc, de la sainte ampoule, de Poriflamme, des fleurs de lis, des jeux de hasard, des bonnes femmes et de leurs qualités ; car il y revient, et il leur donne avec insistance le conseil, renouvelé depuis par l’auteur d’Émile, d’allaiter elles-mêmes leurs enfants, et, fussent-elles reines ou princesses, de ne jamais les confier à des nourrices mercenaires. Tous ces détails, souvent remarquables par l’expression, méritaient d’être conservés. Le nom de Pierre des Gros n’est pas le seul, au reste, comme on le verra, que M. P. Paris aura très-heureusement restitué

à notre histoire littéraire.

L-oy.


GROS (F.-Toussaint), poète provençal, né à Marseille en 1698. Il fit ses études au collège de l’Oratoire, et fut sur le point de prendre l’habit de chartreux à Villeneuve-lès-Avignon. Son éducation terminée, il revint à Marseille. — Gros essaye d’abord de composer des vers français. il échoua complétement. Ses poésies étaient froides, communes, embarrassées. Il les jeta au feu et fit bien. Plus tard, il se mit à versifier dans sa langue