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quants encouraient jusqu’ã la relégation, et dans ce cas pouvaient voir tout leur avenir compromis pour des méfaits dus à Pentrainement et à l’exaltation du premier âge. Ces dispositions et d’autres semblables, et surtout la fermeté avec laquelle Grolman eut soin de les faire exécuter, ne le rendirent pas agréable à la jeune population des écoles ; mais elles lui firent honneur aux yeux des hommes d’État, et furent en grande partie l’origlue de sa fortune politique. Huit années pourtant séparent les deux événements. lïabord il fallut que le grand drame européen que l’Allemagne contemplait avec des passions si vives et si contraires se dénouat ; et quand une fois la suprématie française eut été renversée, bien que le système gouvernemental du monarque déchu fût aussi monarchique qu’il est possible de l’imaginer, il fallut un peu de temps à Grolman pour faire oublier qu’il avait eu des propensions françaises. C’est sans doute afln de hàter cette mise au néant que, quoique ayant passé la plus grande partie de 1815 à continuer son Commentaire du Code Napoléon. Grolman s’abstint d’en publier un quatrième volume. Il déμloya aussi beaucoup de zèle à s’armer en 1814, lors de l’organisation de la landwehr, et fut nommé chef de bataillon dans cette milice nationale. Il perdit, au moins pour la science, beaucoup de temps en parades et en ordres du jour, qui probablement ne le convainquirent point de Pexeellence de l’institution, s’il faut en juger par ce qu’il fit presque immédiatement après qu’il fut au pouvoir. La même année parut le dernier ouvrage qu’il ait publié, l’E.¢- : ai

tsr les testament : olographes et mystiques. l’université

de Giessen était alors sans chancelier depuis la mort de Koch, en 1804. La vacance cessa enfin en’1815, au profit de Grolman et au grand désappointement de deux collègues qui avaient pour

eux le droit d’ancienneté. Il n’en quitta pas moins Gieasen l’année suivante. (1816). Son souverain venait encore de l’appeler à Darmstadt comme membre d’une commission de codification. Les conférences du docte congrès ne furent pas plus fructueuses que celles qui, en 1806 et en 1808, avaient été consacrées les unes au plan de code pénal, les autres aux modifications nécessaires pour approprier le régime des codes de Napoléon à trois petits États de la confédération du Rhin. Trois ans et demi ne purent faire poindre un titre hors des limhes de la discussion, sl t’ou en excepte une loi ou déclaration du 1er décembre 1817, laquelle posait le principe de la séparation de la justice et de l’administration, principe qui quatre ans plus tard reçut son application dans la réel. Si les réunions des commissaires ne produisirent rien pour le public, elles ne demeurèrent point stériles pour Grolman. Son ton, ses manières de cour réunis à sa fermeté, à ses prinolpesd’unité et de régularité gouvernementale, et enfin aux preuves qu’il en avait données dans une sphère subalterne pendant les deux années de son I

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rectorat, frappèrent et le grand-duc et son ministre dirigeant, le baron de Lichtenberg. Un décret du 31 juillet 1819 nomma Grolman conseiller intime, membre du cabinet, et sous ce titre il devint le second du septuagénaire baron dont, quelques mois après, la mort lui laissa le titre en même temps que les fonctions de ministre d’État. Le grand-duché de Hesse-Darmstadt était alors travaillé d’une irritation contre le gouvernement, et les griefs effectivement ne manquaient pas. De tous le plus aisé à saisir, c’était le chiffre toujours croissant des charges que la fiscalité faisait peser sur le pays. Les plaintes mêmes avaient dégénéré en rébellion dans un cercle de la province de Starkenbourg. Grolman débuta en mettant un terme à ces velléités de révolte par des mesures énergiques : il envoya des troupes dans les communes insurgées, traduisit les chefs de complot devant les tribunaux, et fit payer aux localités la solde des troupes et les dépenses qu’avait nécessitées l’occupation. En même temps, sachant que les récalcitrants avaient eu vraiment sujet de se plaindre, et voulant éviter à l’avenir de semblables conflits, il prépara une réorganisation de l’impot, et bientôt parut une loi qui déterminait les obligations tant des contribuables que des receveurs de l’impot, fixait la forme et les circonstances de plaintes ou pétitions à présenter au pouvoir, et assurait l’indulgence à celui qui prouverait son incapacité de payer. Il compléta ces importantes modifications l’année suivante en instituant une commission permanente chargée d’inspecter la justice et le gouvernement dans les provinces de Starkenbourg et de la Hesse supérieure. Ce n’était pas assez pour calmer des mécontentements de vieille date et ramener des esprits décidément méfiants et hostiles. De toutes parts pleuvaient des demandes, nous dirions presque des sommations au grand-duc, d’établir, ainsi qu’il l’avait promis jadis au congrès de Vienne, qui du reste l’en tenait parfaitement quitte, le gouvernement représentatif dans ses Etats. Les Darmstadtiens voyaient alors dans le régime constitutionnel un remède à tous les maux. Grolman, d’accord avec son souverain, résolut de donner au public cette satisfaction. Le 17 septembre 1819, une proclamation et déclaration annonça aux sujets du grand-duc que Son Altesse Sérénissime n’avait jamais varié dans son désir d’introduire le gouvernement constitutionnel dans ses possessions ; que ce plan ne pouvait se réaliser avant le terme par elle-même fixé 1 l’avance ; mais qu’une fois ce terme venu elle ne refuserait pas de faire honneur à sa parole. Il ajouta que ceux qui dorénavant présenteraient ou provoqueraient des demandes analogues il celles qui fournissaient au gouvernement l’occasion de cet avis au public en seraient punis comme perturbateurs et séditieux. Peu de temps après fut licenciée la landwehr. Bien que l’ordonnance sortit des bureaux du ministère de la guerre, c’est