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la diplomatie il demanda et obtint une compagnie. Il était la Meaux en 1567, lorsque les protestants, ayant à leur tête le prince de Condé, tentèrent d’enlever Charles IX, et il protégea la retraite du roi sur Paris. Il assiste aussi à la bataille de St-Denis, et s’y distingua par son sang froid. Son attachement à la cause royale lui attire de mauvais traitements de la part des ligueurs, maîtres de Lyon ; ils l’enfermèrent le 14 février-1589 au château de Pierre-Cize ; mais il parvint à s’échapper au mois de juin suivant, à l’aide de cordons de soie que sa femme lui porta dans sa prison. Il se retira en Suisse, où on lui donna le commandement de 1,500 hommes, avec lesquels il joignit Henri IV, occupé au siége de Rouen. Après la trêve de 1595, il fut envoyé à Lyon, et contribua beaucoup à faire rentrer cette ville sous l’autorité du roi. Quelque temps après il retourna en Suisse, chargé d’une négociation, et se rendit ensuite à Turin, où il demeura plusieurs années avec le titre de résident de France. La nouvelle de la mort funeste de Henri IV le saisit tellement, qu’il tomba malade et mourut quelques jours après (1610) à St-Germain au Mont-d’or, près de Lyon. On conservait un Recueil de ses lettres à la bibliothèque de St-Germain des Prés..- Nicolas Grollier de Servière, son fils, né à Lyon en 1595, s’est acquis une très-grande réputation par son talent pour la mécanique. Il embrasse la profession des armes, fit toutes les campagnes d’Allemagne et d’Italie, perdit un œil au siège de Verceil, et reçut sept coups de feu dans autant de batailles. Son courage et son expérience lui avaient mérité l’estime de ses chefs, et il venait d’être promu à un grade supérieur, lorsqu’il demanda sa retraite au bout de quarante années de service. Étant en quartier d’hiver dans une petite ville d’Allemagne, il avait appris à tourner, et, depuis ce moment, il se délassait par la culture de cet art. De retour dans sa patrie, il exécuta une grande quantité de machines de son invention et en forma un cabinet si curieux, que Louis XIV, passant à Lyon, le visita et complimenta le possesseur. Grollier, doué d’un caractère gai, eut une vieillesse exempte d’infirmités, et mourut à Lyon en 16s6, à l’âge de 95 ans. Il s’était fait lui-même cette courte épitaphe : Ci-gil qui a vécu longtemps sans procès et sans médecin. Il avait eu, de son mariage avec Catherine de Fenouil, neuf enfants, entre autres Gaspard Grollier, grand prieur de Savigny, né à Lyon en 1646, et mort au mois de décembre 1716, qui avait hérité de son goût pour la mécanique, et qui le surpassa par son adresse sur le tour. Son cabinet, qui renfermait plus de pièces rares en ce genre, fut réuni à celui de son père. — Nicola Gaotusa, comte de Servières, neveu de Gaspard et petit-fils de Nicolas, né à Lyon en 1677, entra ù Page de dix neuf ans dans le régiment de Piémont, se signala par sa valeur à la bataille de Luzara, ou il fut blessé, et obtint en 1708 le grade de lieutenant-colonel. Il se maria peu de temps après, et acheta en 1708 la charge de commissaire provincial des guerres. Le duc d’Orléans, rëgent de France, le chargea de plusieurs commissions de confiance, entre autres d’accompagner le cardinal Alberoni, qui devait traverser le royaume pour se rendre en Italie, et Grolller s’en acquitta si bien, qu’il fut récompensé par une pension de trois mille francs. Il demanda sa retraite en 1726, mais il ne put l’obtenir qu’au bout de deux ans. Il s’appliqua dès lors avec beaucoup l’ardeur à la culture des lettres, qu’il avait toujours aimées, fut admis à l’Académie de Lyon, et contribua à l’etablissement de la Société des beaux-arts, dont il fut plusieurs fois directeur. Il mourut le 26 février 1745, à 67 ans, d’une maladie de poitrine, qui rendit très-douloureux les derniers moments de son existence. Il avait pour maxime qu’il faut préférer sa religion à son honneur, son honneur à sa vie, et sa vie à ses plaisirs. On a de lui : 1° Recueil d’ouvrages curieux de mathématiques et de mécanique. ou Description du cabinet de Nicolas Grollier de Serviére. Lyon, 1719, 1752, et Paris, 1751, in*-4°, fig. L’édition de 1751 est la plus recherchée. L’ouvrage est divisé en trois parties : la première comprend les objets simplement agréables ; la seconde, ceux qui à l’agrément joignent quelque utilité ; et la troisième, les machines uniquement utiles. Dans cette dernière partie on trouve des modèles de machines pour l’élévation des eaux, le dessèchement des marais, la construction des ponts et des usines, le passage des rivières, l’attaque ou la défense des places de guerre. 2" Mécanique abrégée des arts et metiers. Il y traite principalement des arts du serrurier, du ferblantier et du menuisier. Cet ouvrage est resté en manuscrit, ainsi que le suivant. 3° Moyen dont on fer ! servi d Halle en 1758 pour faire.router au rocher tombe dans la user et Feutres du port. Il. Chrlslln a fait l’Ii’loge de Sorcière : 1 l’Académie de Lyon. On peut consulter, pour plus de détails, le Catalogue des snamûcríl : de la Bibliothèque de Lyon. par ti. Delandine. Mais les différents passages relatifs à Grollier sont défigures par des fautes d’impression qui peuvent induire en erreur les lecteurs peu attentifs. W—s.


GROLMAN (Cnaauzs-Louis-Guttssuns ns), mlnistre d’État et jurisconsulte allemand, naquit le 25 juillet 1775 ù Giessen. Son père, sujet du landgrave de Hesse-Darmstadt, remplissait les fonctions de conseiller de régence intime, et destina de bonne heure son fils à la carrière administrative, mais il ne l’y vit point entrer aussi vite qu’il le désirait. Le jeune homme, après avoir achevé ses études avec éclat aux universités de Giessen et d’Erlangen, se détermine pour le professorat, se lit recevoir docteur en droit, et, en attendant une chaire académique, passa trois ans a donner des leçons particulières. Enfin il fut nommé en 1798 professeur extraordinaire de droit ù l’université de sa ville natale, et deux ans plus